Chapitre 190 : De retour dans le monde réel

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 Une fois le portail traversé, Syara et Elyazra se retrouvèrent directement entourées par leurs amis qui étaient restés dans leur monde. Elles purent voir leur soulagement se dessiner sur leur visage. Vu qu'elles étaient restées presque deux heures à l'intérieur, ils avaient dû finir par s'inquiéter de ne pas les voir revenir.

— Alors ? Tout s'est bien passé ? questionna Shay.

Pour toute réponse, la violoniste lui tendit les partitions et accompagna ce geste d'un large sourire. Le dragon déroula le parchemin et le parcourut rapidement, puis l'enroula de nouveau avant de le rendre à la beast.

— Bien joué, félicita-t-il.

— Alors c'était vrai, s'ébahit l'ancien professeur de Syara après avoir regardé par-dessus l'épaule du dragon. Les partitions perdues existent.

— Et ne sont, pour la plupart, plus perdues, compléta Rael. Combien nous en reste-t-il à trouver ?

— Une seule, répondit le dragon. Mais pour le moment, allons fêter cette victoire. Monsieur le directeur connaît apparemment un endroit où nous pourrions boire quelques verres.

— Si vous voulez bien me suivre, compléta-t-il avec un large sourire et une posture montrant la sortie.

— Attendez ! s'exclama alors Syara avant que quiconque n'ait pu faire un pas. Phi se trouve encore à l'intérieur, il faut l'attendre !

— Elle était avec toi ? s'étonna Telak.

— Et n'est pas revenue ? demanda à son tour l'elfe.

— Fos lui a proposé quelque chose et a dit que ça ne prendrait pas trop de temps, répondit Elyazra.

Malgré l'insistance de Telak, le démon n'obtint aucune réponse quant à ce quelque chose et se résigna à attendre le retour de la fée pour avoir ses réponses. Les minutes s'égrainèrent et finirent par largement dépasser les dix minutes annoncées par l'ancien porteur du violon.

Une certaine inquiétude commençait à gagner Syara, mais elle s'efforçait de ne rien laisser transparaître pour éviter qu'elle se propage à ses amis. Pourquoi mettaient-ils autant de temps ? Se demanda-t-elle au bout d'une demi-heure. Si elle n'était pas de retour dans les prochaines minutes, la beast décida qu'elle retournerait dans le coffre pour aller la chercher et s'assurer que son amie allait bien.

Heureusement, à peine avait-elle décidé cela qu'un portail s'ouvrit juste devant elle. Une jeune fille d'apparence humaine en sortit et sourit à tous ceux qui s'étaient directement rassemblés autour d'elle.

— Bonjour tout le monde, salua-t-elle.

— Phi, c'est toi ? S'étonna Guard.

— C'est moi, confirma-t-elle.

— Mais qu'est-ce qui t'es arrivé ? Enchaîna Telak. Et tes ailes ?

Sans répondre, la jeune fée regarda par-dessus son épaule et fit apparaître ses deux ailes, jusque-là invisibles. Une fois cette chose faite, elle se concentra de nouveau et celles-ci disparurent de nouveau.

— Je suis désolée de vous avoir fait attendre aussi longtemps. Comme l'avait prévu Fos, il ne m'a pas fallu beaucoup de temps pour atteindre cette taille, mais comme je voulais passer inaperçu, il fallait que je puisse rendre mes ailes invisibles. Vu que je sais déjà le faire entièrement, je pensais que ce serait facile, mais cela s'est révélé bien plus complexe que je ne le pensais. J'ai d'ailleurs eu un peu peur au début d'avoir perdu mes pouvoirs vu que je n'arrivais plus à me rendre invisible.

— La quantité d'énergie nécessaire pour maintenir un tel sort dépend de la taille de ce que l'on veut faire disparaître, expliqua Shay. Il est fort possible qu'une faculté que tu utilises naturellement à ta taille normale te demande plus de concentration sous cette forme.

— Oui, confirma-t-elle. C'est ce que Fos m'a dit. Je ne peux maintenir une invisibilité totale que quelques secondes, mais il m'a donné plusieurs conseils pour que ce sort marche uniquement sur mes ailes sans trop me fatiguer.

— et c'est réversible ? Demanda Rael. Je veux dire, pour la taille ?

Une nouvelle fois, la jeune fée ne répondit pas et se contenta de faire une démonstration. Les yeux clos, Phi se concentra et inspira profondément. Une douce lumière se mit alors à recouvrir son corps et à la faire rétrécir jusqu'à ce qu'elle ne fasse que quelques centimètres. Une fois qu'elle eut retrouvé sa taille habituelle, elle inversa le processus et reprit une taille humaine.

— Finalement, ça valait le coup d'attendre, dit Syara en la prenant dans ses bras. Je suis même étonnée qu'il ne t'ait fallu qu'une demi-heure pour en arriver là.

— Fos est un bon professeur, répondit-elle.

— C'est vrai, mais les personnes à qui il a enseigné quelque chose en rapport avec la magie se comptent sur les doigts de la main, intervint le dragon. Tu dois lui avoir fait une très bonne impression pour qu'il accepte de t'aider.

— Il a dit qu'il ne voulait pas avoir ma mort sur sa conscience si je te demandais de faire une potion pour avoir le même résultat, avoua-t-elle.

— Je vais le tuer, souffla-t-il. Même s'il est déjà mort, je vais le tuer.

La réaction du dragon provoqua quelques éclats de rire pour les filles qui avaient rencontré Fos. Finalement, il avait beau être un peu fou sur les bords, il n'était pas méchant.

Avec ce sentiment d'avoir réussi leur mission, le groupe sortit de l'amphithéâtre et remonta à la surface. Guidés par le directeur, ils arpentèrent les rues de Céol en quête de l'endroit où ils allaient se poser pour la soirée. La nuit commençait à tomber sur la ville et la faim commençait à se faire ressentir chez certains tandis que la soif en tiraillait d'autres.

Après plusieurs dizaines de minutes de marche, le professeur Vedo s'arrêta devant un établissement. La devanture de ce dernier ne payait pas de mine et il ne semblait pas y avoir grand monde à l'intérieur. Malgré tout, il n'était pas vide non plus et quelques clients entraient et sortaient.

— J'ai vu des bars bien plus attrayants sur le chemin, commenta Elyazra.

— Peut-être, mais celui-ci a une particularité que les autres n'ont pas. Entrez et vous verrez bien.

Suivant son conseil, le groupe entra dans le bar. Ce dernier était plus soigné à l'intérieur et rivalisait en terme de décoration avec ceux auxquels ils avaient l'habitude d'aller à Léfarène.

— Bonsoir ! Salua le barman derrière son comptoir.

En entendant cette voix, Syara se figea immédiatement et le dévisagea. C'était... Non, ça ne pouvait être... Et pourtant si !

— Kuta ? s'exclama-t-elle en reconnaissant son ami.

Le violon de cristal: les partitions perduesWhere stories live. Discover now