Chapitre 37 : Récompense

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La célébration de leur victoire battait son plein dans le hall de l'hôtel de ville, arrosé d'un alcool raffiné et de petits four en tout genre. Syara aurait bien voulu savoir d'où sortaient toutes ses victuailles alors que la ville était presque abandonnée, mais la jeune femme n'avait pas une seconde à elle.

En tant que grande sauveuse de Sendra, chaque mage venait la félicité personnellement et lui demander des détails sur comment elle s'y était prise. La beast allait raconter une trentième fois sa rencontre avec le triton lorsqu'elle aperçut enfin un visage familier.

Après quelques excuses et une promesse de tout leur raconter plus tard, Syara s'esquiva de ses interlocuteurs et rejoignit son mentor. Telak la fixait alors qu'elle s'approchait et ne bougea pas le petit doigt. Prudente, la violoniste garda une certaine distance de sécurité.

— Si je m'approche plus, y a-t-il un risque que je m'en prenne une autre ?

Sans répondre, le démon s'avança et étreignit chaleureusement sa protégée.

— J'étais si inquiet, ne me refait jamais ça.

— Quoi ? T'assommer ou me lancer dans un plan suicidaire ? plaisanta l'apprentie mage.

— Lorsque je suis revenu à moi, le mur venait de s'effondrer et la seconde tornade que tu avais créé se dissipait. J'ai tout de suite su que tu étais là-bas. Je te croyais perdue. Un instant après, un grand homme t'as sorti de l'eau, inconsciente.

— Un homme ?

— Ce devait être le triton, seul le haut de son corps était immergé. Après t'avoir déposé, il est retourné dans l'océan et je ne l'ai pas revu.

— Si les attaques ont cessé, c'est que sa fille s'en est sortie, c'est tout ce qui importe.

— Tu diras ça à la bosse que j'ai à l'arrière du crâne, ronchonna le bassiste.

— Désolé, mais tu m'aurais empêché de réaliser ce plan.

— Il faut que tu apprennes à faire confiance aux autres. Ensemble, nous aurions sans doute trouvé un moyen de la sauver sans que tu aies à risquer ta vie.

— C'est vrai que si tu assommes tes compagnons à chaque mission, plus personne ne voudra venir avec toi, plaisanta Rael en arrivant dans le dos de Syara.

— Et encore, tu ne la connais pas comme moi je la connais.

— Comme si tu savais tout de moi, s'offusqua la jeune femme.

— Je te connais bien assez pour savoir que tu nous utilises en ce moment même.

— N'importe quoi !

— Donc ça n'est absolument pas pour échapper aux autres mages que tu es venue jusqu'à moi ?

Telak jubilait. Si elle était bel et bien venue s'excuser de son comportement, ce geste n'était pour autant pas dénué d'arrière pensées. Voir la tête de son apprentie percée à jour l'amusait donc grandement.

— Rael, tu habites à Sendra ? questionna-t-elle pour changer de sujet.

— Non, comme la plupart des mages de ce pays, j'ai un appartement à Léfarène. D'ailleurs, maintenant que les perturbations dues à la tempête sont passés, le téléporteur devrait à nouveau être fonctionnel. Vous devriez l'utiliser aussi, ça vous évitera une semaine de voyage pour le retour.

— Nous ne pouvons pas. Des personnes d'un village entre Sendra et Léfarène nous ont prêté des chevaux et nous devons leur ramener.

— Dans ce cas, nous nous recroiserons sans doute au hall des musiciens.

Alors que les trois compagnons continuaient leur discussion et échangeaient leurs adresses, le maire vint à leur rencontre et se racla la gorge pour signifier sa présence. Les trois mages s'interrompirent, prêts à l'écouter.

— Je viens de parler avec les membres du conseil. Ils disent que vous n'étiez pas seule dans votre entreprise pour sauver la ville.

— En effet, confirma Syara. Ils m'ont aidé à démasquer le traître chez eux et Telak ainsi que Rael ici présent m'ont été d'une grande aide. Je n'aurai jamais réussi sans leur appui.

— Dans ce cas, il va falloir que vous décidiez de comment partager la prime de cinquante mille pièces promise à ceux qui arrêteraient cette catastrophe.

— Ça n'est pas cinquante mille chacun ? Plaisanta l'elfe.

— Malheureusement, les caisses ne nous le permettent pas.

— Ne vous en faites pas, je laisse ma part de toute façon, rit le cyber.

— De même pour moi, affirma Telak.

— Vous êtes sûr ? S'exclama Syara. Ça fait une sacrée somme tout de même !

— J'ai déjà gagné bien assez ce mois-ci, affirma Rael.

— Et moi, je t'offre ma part comme cadeau de fin de première mission... Et aussi pour que tu te rappelles que je suis de ton côté et que tu arrêtes d'essayer de m'assommer.

Pour toute réponse, l'apprentie mage tira la langue à son mentor. Amusé par cette réaction, le maire leur fit signe de le suivre. Le groupe monta jusqu'au troisième étage et arpentèrent quelques couloirs jusqu'à arriver devant une grande porte faite de métal noir perforé de plusieurs serrures.

Le nain sortit de sa poche une simple clé qu'il inséra dans l'un des trous, il la tourna d'un quart de tour vers la droite, la ressortit et l'inséra à nouveau dans une autre où il la tourna de trois-quarts dans l'autre sens. Le mécanisme de cette porte ne reposait pas sur le nombre de clés, mais sur une sorte de combinaison qu'il fallait faire dans un ordre précis. À cela devait s'ajouter d'autres paramètres qu'ils ignoraient vu qu'il les laissait l'observer lorsqu'il déverrouillait la porte.

Au bout d'une minute, plusieurs déclics retentirent et la lourde porte s'ouvrit enfin. Le maire invita les mages à entrer et les guida vers un large coffre en fer trônant au milieu d'une vingtaine d'autre, totalement vide.

— Comme vous le voyez, nous n'aurions pas pu payer ceux qui maintenaient la barrière encore bien longtemps.

— Ce sont les caisses de la ville ? Mais elles sont totalement vides !

— Ne vous en faites pas pour ça, une partie de notre trésorerie a été emmené à Léfarène avec les caravanes de réfugiés. Ce coffre-ci vous appartient désormais.

— Ça ne va pas être facile de rentrer chez moi avec quelque chose d'aussi lourd et encombrant, plaisanta la jeune femme.

Telak, amusé par sa remarque, défit l'une de ses bourses et la tendit à son amie.

— Cadeau, dit-il.

Syara prit la sacoche en le remerciant et tira sur le cordon qui la scellait. À mesure qu'elle s'ouvrait, le tissu s'élargissait jusqu'à pouvoir y glisser un homme dedans. Avec l'aide de ses deux compagnons, la beast glissa le coffre à l'intérieur et tira de nouveau sur la cordelette pour faire rétrécir le sac qui reprit sa taille original. Au final, elle ne pesait à peine qu'une centaine de grammes au lieu de plusieurs dizaines de kilos.

— J'adore la magie, dit-elle avec un large sourire.

— Maintenant que la récompense vous a été remise, vous pouvez retourner avec les autres dans le hall. Et, une dernière chose, le téléporteur sera opérationnel d'un instant à l'autre, vous pourrez bientôt rentrer chez vous.

— Bon, eh bien l'heure des au revoir a bientôt sonné, fit Rael.

Avec un sourire triste, les trois mages, accompagnés du maire, redescendirent dans le hall et profitèrent de la réception donnée en l'honneur de la sauveuse de Sendra jusqu'à ce que l'elfe ne reparte pour Léfarène.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant