Chapitre 172 : L'instance dirigeante

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 Suite à la démonstration de Fos et à l'exposition de son plan, les fées qui avaient assisté à ses pouvoirs acceptèrent sa proposition de scinder le cristal en deux. Cependant, même s'ils occupaient une place importante dans la hiérarchie de cette ville, ils n'étaient pas la plus haute instance décisionnaire. Le mage et le dragon apprirent donc que le choix final ne leur appartenaient pas, mais à la reine qu'ils ne faisaient que conseiller.

Vu que les étrangers n'avaient montré aucune hostilité envers leur peuple, ou du moins, rien qui ne soit parvenu jusqu'à eux, ils acceptèrent de les conduire à elle. Ils retournèrent donc en ville et furent étonnés de voir autant de fées dans les rues. Ils n'en avaient croisé presque aucune depuis qu'ils s'y étaient introduit et, à présent, c'était une foule presque compact qui se trouvait de chaque côté et qui le regardait avancer vers le palais.

La nouvelle comme quoi le conseil de la reine se trouvait avec des non-fées avait du rapidement faire le tour de la ville et, à présent, tout le monde se pressait pour les apercevoir, la curiosité l'emportant sur la prudence.

— Enfin un accueil digne de moi, sourit le mage en faisant de grand signes de main à la foule.

— Ça y est, il va encore prendre la grosse tête, se désola Shay.

— Les humains peuvent agrandir leur tête ? questionna l'un des conseillers qui paraissait le plus jeune.

Face à cette question, Fos ne put s'empêcher de rire et laissa son ami expliquer ce qu'il voulait dire par là. Visiblement, ils n'avaient pas les mêmes expressions chez eux et le sort de transcription linguistique qu'il avait lancé se contentait de faire une traduction littérale et ne cherchait pas à trouver un équivalent dans leur langue.

Sans vraiment se presser, le mage et le dragon, guidés par le conseil, arrivèrent devant le palais de la reine. Celui-ci se trouvait dans ce qu'ils avaient pris au départ pour un pilier qui soutenait la voûte au-dessus d'eux mais qui se trouvait être en réalité un tronc d'arbre.

De l'extérieur, ils pouvaient voir de nombreuses ouvertures qui devaient servir de fenêtre ou de balcon pour se poser depuis les airs. Ceux-ci se trouvaient sur au moins une dizaine d'étages et présageaient de la grandeur de l'édifice.

— Vu le tumulte que votre venue a suscité, la reine doit savoir que vous êtes là. Ne la faisons pas attendre, annonça l'ancien du conseil.

Voulant aussi en finir au plus vite, non pas pour récupérer la moitié du cristal qu'il allait scinder, mais pour sauver tous ces habitants et leur offrir une meilleure vie, Fos inclina la tête en signe de consentement et s'engagea sur la pente douce qui menait à l'entrée principale. À l'intérieur de l'arbre, chaque pièce du palais avait été taillée de façon circulaire. En somme, si les autres formes des édifices Féeriques avaient pu étonner le mage, ici, il trouvait cela parfaitement normal. Après tout, pour éviter que l'arbre ne s'effondre, cette forme était la meilleure.

Le mage n'était pas vraiment doué en architecture, mais savait qu'un pilier circulaire supportait mieux le poids de ce qu'il soutenait que s'il avait été carré. Tout ceci n'était qu'une question de répartition de la charge. Il remarqua aussi que certains endroits du palais n'avaient pas été creusés. Au moins, ils savaient ou s'arrêter pour que la base reste solide.

Arrivés au centre du palais, Fos et Shay se retrouvèrent dans une grande pièce circulaire et presque vide. Seul un trône en bois était présent et sur celui-ci, une fée était assise. Comme pour les conseillés ou toute autre fée adulte, elle ne semblait pas en très bonne santé et devait se priver de puiser dans les réserves pour les laisser aux enfants.

S'ils s'étaient trouvés dans un pays humain, ils seraient sans doute tombés sur quelqu'un qui souffrait bien plus de surpoids que de famine, ne put s'empêcher de penser le violoniste. Malgré tout, les cernes, le teint pâle et les joues creusées qu'elle arborait lui donnait un côté sévère qu'il espérait n'être qu'une apparence.

— Reine Phindéréllia, salua le vieux conseillé en s'agenouillant devant elle, immédiatement imité par ses compères.

— Relevez-vous mes amis. Dites-moi plutôt qui sont ces intrus et ce qu'ils font ici.

— À la base, on était venu cueillir des champignons et... commença Fos, un large sourire illuminant son visage.

Avant qu'il n'ait fini sa phrase, Shay lui donna un violent coup de coude dans le bras, ce qui le fit taire après le « aïe » qu'il n'avait pas réussi à contenir.

— S'il s'agit véritablement de la raison de votre présence, alors vous vous êtes fourvoyé. Plus rien ne pousse ici... Et plus rien ne vit non plus... Même nous.

— Ne faites pas attention à mon acolyte votre altesse il est parfois d'une stupidité affligeante. Cependant, c'est une bonne personne qui peut avoir des idées brillantes lorsqu'il le faut.

— Cela ne répond pas à ma question, constata la reine.

— Nous étions initialement venus pour récupérer le cristal qui se trouve au centre de votre ville, répondit le dragon.

— Donc vous comptez nous retirer la seule chose qui nous permet de rester en vie, déduisit-elle.

— Nous ne savions pas que vous vous trouviez ici. À vrai dire, nous ne soupçonnions même pas l'existence de votre race qui relève pour nous de la légende.

— Chez nous, les histoires qui parlent de créatures qui ne sont pas censées exister sont d'ailleurs appelés des contes de fées, commenta Fos.

— Il y a bien longtemps, nous ne nous cachions pas ainsi, mais nous avons senti la soif de pouvoir grandir chez les humains. Vu qu'ils ne savaient pas utiliser la magie, nous avons pensé qu'ils finiraient tôt ou tard par nous utiliser pour parvenir à leur fin.

— Et vous avez eu raison de vous cacher. Je n'ose imaginer ce qu'ils vous aurez fait si vous n'aviez pas été aussi prudent.

— Mais les hommes ont désormais accès à la magie. Les terres sur lesquelles mon peuple vie depuis des milliers d'années est mort et nous sommes trop faibles pour espérer survivre en la quittant. Si mes conseillers vous ont amenés jusqu'à moi, c'est qu'il y a une raison. Dites-moi tout.

— Nous pensons avoir la solution pour sauver votre peuple et ces terres, répondit Fos.

Intéressée par ce qu'il venait de dire, la reine se pencha en avant sur son siège et l'invita à développer son idée. Le mage se mit alors à décrire ses démonstrations et exposa la conclusion qu'il en avait tiré ainsi que l'idée qui lui était venue. Lorsqu'il eut fini, la reine s'adossa de nouveau à son siège et réfléchit quelques instants. Le destin des fées et de tous ceux qui voulaient devenir mage était à présent entre ses mains.

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant