Chapitre 180 : La première épreuve du coffre

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 — Je vois que vous êtes déjà passés chez les fées, constata le Fos du coffre.

— Bonjour, salua Phi, quelque peu perturbée par l'endroit où elle se trouvait et la taille qu'elle faisait par rapport aux autres. Vous connaissez mon royaume ?

— Phi, je te présente Fos, celui de l'histoire de tout à l'heure, expliqua Syara.

Si l'esprit du violon ne dit rien, celui du coffre, lui, se rapprocha de la jeune fée et tendit la tête vers elle en plissant les yeux.Quelque peu mal à l'aise par cette proximité, Phi recula son visage du sien et fit un pas en arrière.

— Phi... Pour Phindérélia ? demanda-t-il.

— Heu... Oui, répondit-elle, hésitante.

— La reine Phindérélia ?

— Oui, mais vous me connaissez ?

— Eh bien, elle a bien rajeuni ! Et semble ne plus se souvenir de moi...

— Ça n'est pas la même espèce d'abruti ! s'exclama le Fos du violon. Elle est la descendante de la reine Phindérélia que nous connaissons.

— Abruti toi-même ! Quoi qu'il en soit, enchanté. J'ai bien connu votre arrière arrière arrière arrière...arrière...arrière ? Enfin bref, j'ai bien connu l'une de vos ancêtres.

Outre le fait que traiter une personne d'abruti alors qu'elles étaient littéralement les mêmes personnes n'était peut-être pas la chose la plus intelligente à faire, Syara vit en ces deux Fos deux faces de sa personnalité. Celui du violon renvoyait bien plus à la période de guerre où il était sombre et sérieux, tandis que celui du coffre se rapprochait de l'histoire que Shay avait racontée sur le cristal géant et le royaume des fées.

— Où sommes-nous ? questionna la fée.

— C'est une excellente question ! s'exclama l'esprit du coffre. Alors, vois-tu, nous nous trouvons dans une singularité spatio...

— Nous sommes dans une autre dimension, un peu comme ton royaume, le coupa l'autre Fos.

— Mais heu ! T'es pas drôle, laisse-moi parler. C'est à moi qu'elle a posé la question !

— Donc à moi, lui répondit-il. Tu te rappelles ? Même personne, tout ça tout ça ?

— Moi aussi j'ai une question, intervint Syara. En quoi consiste l'épreuve que nous devons passer pour récupérer la partition ?

Face à cette question, les deux Fos restèrent silencieux. Si l'un arborait une posture neutre, les bras le long du corps, l'autre, celui du coffre, regardait l'esprit du violon, les bras croisés et un pied tapant le sol comme pour montrer une certaine impatience.

— Alors, monsieur j'explique mieux que tout le monde. Vas-y, répond-lui, dit-il avec un ton de défi.

— Je connais très bien l'épreuve, mais tu es le seul à pouvoir la faire apparaître. Et puis je me connais assez bien pour savoir que tu seras vexé si je leur explique tout. Alors vas-y, je t'en pris.

— Non, je n'en ai plus envie, répondit l'esprit du coffre en tournant le dos à l'autre partie de son âme.

— Ils sont bizarres ces jumeaux, chuchota Phi à l'intention de Syara.

Bizarre, c'était le mot. Mais plus important, la patience de la beast était à bout. Elle comprenait à présent le désarroi de Shay lorsqu'il parlait du premier porteur du violon. Il agissait comme un gamin pourri gâté qui ne méritait que des gifles. D'ailleurs, elle n'allait peut-être pas s'en priver.

— Bon, ça suffi, j'en ai marre ! Soit vous faites apparaître cette épreuve et vous expliquez en quoi elle consiste, soi j'en prends un pour taper sur l'autre !

— Elle a un sale caractère, chuchota l'esprit du coffre à l'intention de l'autre Fos tout en la pointant du pouce.

— Et un très bon crochet du droit, mais ça, tu l'as déjà remarqué, alors je te conseille de tout lui expliquer rapidement.

— Bon, très bien.

Les deux bras tendus vers le ciel, l'esprit du coffre inspira longuement, puis expira tout aussi longtemps. Le sol se mit alors à trembler violemment et une porte à double battant sortit lentement de terre. Son gris métallique contrastait avec le bleu des environs et les motifs dessus formaient un grand dessin qui, une fois la porte totalement sortie, représentait la tête d'un monstre, la gueule aux dents acérées grande ouverte. Cela était d'autant plus terrifiant sachant que Shay, sous sa forme draconique, pouvait aisément passer cette porte.

Une fois que le sol eut fini de trembler, des instruments se mirent à apparaître un peu partout. Il y avait de tout. Jamais Syara n'avait vu autant d'instruments à la fois ! À certains endroits, elle voyait des guitares alignées sur un stand, à d'autres, des flûtes étaient alignées sur des tables. Violon, baguettes de batteries, tambourins, gants de pianistes, colliers de chanteurs, instrument à vent, à corde, à percussion. Il y avait littéralement tous les instruments disponibles en tant qu'instrument lié.

— Je vous présente la première épreuve du coffre ! annonça joyeusement le Fos qui résidait sur ce plan. Vous êtes entourés d'une multitude d'instruments et, comme vous l'avez remarqué, une immense porte est apparue. Le principe est simple. Un seul instrument permet d'ouvrir la porte. Il suffit de le trouver et de jouer avec. Mais attention, Choisi...

Avant qu'il n'ait fini son explication, un son strident l'interrompit. Les deux Fos et Syara se tournèrent alors vers Phi qui, une flûte entre ses mains, releva la tête et s'empressa de cacher l'objet dans son dos.

— Bon... Bah tant pis, c'est perdu. Merci d'avoir joué, dit l'esprit du coffre.

— Quoi ? Comment ça ? s'étonna la violoniste.

— Avant de vous jeter sur le premier instrument venu, vous auriez dû m'écouter jusqu'au bout ! J'allais dire que vous deviez choisir judicieusement car la moindre erreur serait éliminatoire !

Malgré toute la sympathie que Syara avait pour la jeune fée, la beast ne put s'empêcher de la fusiller du regard.

— Désolé, s'excusa-t-elle avec une légère grimace tout en rentrant sa tête dans les épaules.

— Allons, laisse leur une chance, elles ne savaient pas, tenta de le raisonner l'autre partie de son âme.

— Elles ont échoué, point, s'entêta-t-il.

— C'est ton dernier mot ?

— Oui !

— Dans ce cas, je ne voulais pas en venir à de telles extrémités, mais tu ne me laisses pas le choix. Si tu ne leur accorde pas une autre chance, je reviens avec dragounou !

— Ho non, pas dragounou ! s'horrifia l'esprit en se recroquevillant presque comme un enfant apeuré. S'il te plaît, tout sauf dragounou. Il va encore me frapper !

Syara ne savait pas qui était ce « dragounou » et ce n'était certainement pas Shay à qui il avait donné un autre surnom. Mais une chose était sûre, il était assez terrifiant pour que la menace fonctionne sur l'esprit de l'un des plus puissants mages de l'histoire.

— Bon, d'accord ! Disons que vous aviez une chance chacune et que la fée a utilisé la sienne. Ça vous va ?

— Ça me va, affirma la beast.

— Dans ce cas, que la première épreuve du coffre de cristal commence !

Le violon de cristal: les partitions perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant