- N'aie pas peur, mon amour, je suis née dans les arbres. Je ressens leur esprit au plus profond de moi.

Lorsque Cléophée se réveilla, deux yeux aussi verts que la forêt de ses songes la fixaient. Elle se redressa brusquement, non habituée à ce qu'on la regarde dormir.

- Qu'est-ce que tu fais là ? lui demanda-t-elle brusquement.

- Je viens d'arriver, répondit Morad.

S'il était surpris par le ton de la jeune fille, il n'en laissa rien paraître.

- Ah ! Il est tôt ?

- Non, il est dix heures.

- Oh ! Foutu décalage horaire !

La jeune fille se frotta les yeux, agacée qu'il la voie dans cet état, c'est-à-dire les cheveux tout emmêlés, les yeux pochés et la bouche pâteuse. Paige lui avait prêté un pyjama dont le col du chandail trop large descendait sur ses épaules et en découvrait une. Morad, quant à lui, la trouvait irrésistible accoutrée ainsi, mais il se détourna en sentant son malaise. Il remarqua que le matelas déposé au sol était vide.

- Où sont Paige et Amiel ? demanda-t-il.

Cléophée haussa les épaules.

- Probablement ensemble. Ils ne se quittent plus d'une semelle.

- Ton ami a peut-être trouvé chaussure à son pied.

Cléophée eut un petit sourire suite à la réponse de Morad. Il avait souvent de bonnes réparties.

- Peut-être, répondit-elle.

Elle ne connaissait pas encore assez Paige pour dire si c'était celle qui convenait à Amiel.

- Je me sens un peu de trop lorsque je suis seule avec eux, ajouta-t-elle.

- Dans ce cas, j'essaierai de ne pas m'absenter trop longtemps.

La jeune fille sentit son cœur faire une loupe. Morad paraissait apprécier sa compagnie, et cela la mit de bonne humeur.

- Ça me fait penser que j'ai rêvé à toi cette nuit.

- Ah oui ?

Morad s'en doutait. Il avait examiné le visage de la jeune Syrès pendant qu'elle dormait, un demi-sourire sur les lèvres, et, sans toutefois pouvoir lire dans ses pensées, il avait perçu une effusion de sentiments : amour, tendresse, et bien-être. Il espérait qu'ils lui soient destinés.

- C'est bizarre. C'était très clair comme rêve. Je te regardais du haut d'un arbre, tu paraissais paniqué à l'idée que je tombe, et moi je m'amusais de ta réaction. Je t'ai alors dis que j'étais dans mon élément.

Le jeune homme la fixa en essayant de ne pas paraître stupéfait. Ce rêve s'était réellement produit...en compagnie de Donoma. Pourquoi avait-elle eu cette vision ? Possédait-elle le pouvoir de lire son passé ? Assurément pas, puisqu'elle était à la place de Donoma. À moins que...

- Pourquoi me regardes-tu ainsi ? interrogea Cléophée.

- Comment ?

- Comme si tu avais eu une illumination.

Pour ça, il en avait eu une, mais il n'était pas encore certain de son hypothèse.

- Je me disais seulement que tu paraissais apprécier ton rêve, répondit-il.

- Oui, c'était drôle de voir ta tête. Tu paraissais plus jeune et plus...désinvolte.

Morad était conscient que le poids des années l'avait changé. Il se souvenait qu'il avait été heureux avec Donoma, mais c'était il y avait très longtemps.

La Saga des Syrès : Dévastation ( tome 3) (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant