Chapitre 18

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18h. Je descends les escaliers de l'immeuble. Il fait froid dehors. L'air me glace le sang et le bout de mon nez me fait mal à cause de la température. J'arrive à la rue adjacente à celle où se trouve l'endroit de notre rendez-vous. Puis, au loin, je l'aperçois. Dans son long manteau blanc, avec ses cheveux qui lui tombent légèrement dans les yeux à cause du vent. Tatiana. Elle me voit et me sourit avant dans me dire "Bonsoir". Sa voix est douce et rassurante. Elle l'est toujours, évidemment, mais ce soir je ne l'a perçoit pas de la même façon. Peut-être parce que c'est la dernière fois que la vois et que je m'apprête certainement à lui dire adieu. Mais je ne préfère pas me faire à cette idée et je décide de la faire rentrer. Un serveur nous place à une table près d'un feu de cheminé. La salle dans laquelle nous nous trouvons est grande et lumineuse. Peu de gens sont présent ce soir. Les lampes du plafond forme un puit de lumière au-dessus de chaque tables autours de nous. Elle commence à parler.

- Je ne veux pas qu'on se dise adieu. Pas ce soir.

- Moi non plus, je réponds directement.

- Mais... je ne comprends pas... tu ne voulais pas ne plus jamais me revoir ?

- J'ai réfléchis et... je pense qu'on pourrait simplement être ami.

- Ami ? Oui, je comprends.

Je la vois regarder le plafond. Elle semble triste de ce que je viens de lui dire. Mais je veux être sincère avec elle. Elle continue :

- De toute façon je ne m'attendais pas à autre chose. Mais ne t'inquiète pas, ce n'est pas grave.

- Je suis désolé, c'est juste que...

- Non, ce n'est pas la peine de t'excuser. Tu n'y es pour rien, tout est ma faute.

Elle marque une pause. Je l'a sens hésitante et troublée.

- Je n'aurais jamais dû tomber amoureuse de toi.

Un silence se fait entre nous. La phrase qu'elle vient de prononcer... cette phrase... je n'y attendais pas. Ai-je bien entendus ?

- Pardon ?

- Excuse-moi, je n'aurais pas dû dire ça. Je fais n'importe quoi en ce moment.

Elle met sa tête dans les mains et me regarde. On dirait qu'elle attend quelque chose de moi. Comme si elle savait ce que j'allais dire. Alors, je me lance :

- Je te propose quelque chose. On arrête de parler de cette histoire ce soir et on discute d'un autre sujet.

- Oui, je pense que tu as raison. On discute, tout simplement.

Je souris bêtement en buvant un verre de vin.

La soirée se passe donc sans encombre. Nous discutons de tout et de rien sans aborder le sujet de ses parents. Tatiana semble à l'aise de discuter avec moi. Elle parait heureuse et épanouis comme si tout ce qu'on c'était dit avant avait disparut. Ça fait du bien de la voir comme ça. Je vois enfin son vrai visage. Celui d'une jeune fille, lycéenne avec des rêves pleins la tête. Elle me parle de son école de mode à Paris qu'elle aimerait intégrer l'année prochaine, de son envie de faire le tour du monde au côté de son meilleur ami... elle me parle d'elle, et j'aime ça. L'entendre me confier ses rêves, ses passions me fait réaliser que la personne en face de moi n'est pas seulement une personne qui se veut interessante, elle est intéressante, captivante même. Ça façon de parler est naturelle, simple, sincère.

Moi, je lui parle de ce que j'ai fait pour en arriver à devenir professeur. Je lui parle de mon père qui a toujours été là pour moi, jusqu'à son dernier souffle. Je lui parle de mon rêve utopique de conquérir le monde. J'observe dans ces yeux une forme d'admiration que j'ai rarement vu dans les yeux de quelqu'un.

La fin du repas approche, je le lui offre. Au vu de l'heure qu'il est, je préfère la raccompagner chez elle de peur de ce qui pourrait lui arriver. Nous marchons tous les deux dans la rue sans nous décrocher un mot. Elle grelote de froid et nous crachons de la buée lorsque nous respirons. Arrivés devant sa porte, c'est le moment de se dire au revoir. Le moment le plus difficile après une soirée comme celle-ci. Tatiana se retourne pour me faire face. Sa tête légèrement levée pour pouvoir plonger son regard dans le mien. Ses yeux verts pétilles de fraîcheur. Ses lèvres pulpeuses paraissent si douces, j'ai envie de les embrasser. Mais, je sais pertinemment que cela n'est pas raisonnable, pas tolérable. Cependant, je distingue dans ses yeux la même lueur que moi, cette même envie. L'envie irrépressible de l'autre. Puis, nous nous penchons l'un vers l'autre et nos lèvres s'affleurent puis se touchent. Progressivement, je glisse ma main sur son cou et dans ses cheveux. Elle s'élève légèrement sur la pointe des pieds. Sentir ses lèvres chaudes et douces me fait du bien. Comme si j'attendais ce moment depuis une éternité. Ce moment, c'est vrai, je l'espérais au fond de moi. Toutefois, il m'était difficile de l'imaginer ne serait-ce que quelques secondes. Je n'osais pas me dire qu'une jour, je pourrais avoir le privilège d'embrasser cette fille, Tatiana. Cette fille qui me paraissait si inaccessible il y a encore quelques semaines. Ce qui est d'ailleurs paradoxale au vu du poste et de l'autorité que j'ai envers elle. Encore une fois, ce que nous faisons n'est pas raisonnable mais je sais que nous pensons la même chose : peu importe ce qui est bien ou mal, peu importe le regard des autres, nous vivons ce que nous avons à vivre à l'instant présent.

Nous entrons dans sa chambre plongée dans un noir profond, les rayons de la lune tente à passer à travers les rideaux. Elle est comme je me l'imaginais, une chambre tout à fait simple mais remplit de charme et de souvenirs. Tatiana dépose sa veste sur le divan qui se trouve à côté de son dressing. Je l'imite. Son regard plonge à nouveau dans le miens. Je l'embrasse alors et la fait reculer jusqu'à son lit. Elle s'assoit dessus en restant fixée à mon regard. Je l'embrasse de nouveau et la couche sur ce lit. Lentement mes mains descendent sur ses hanches puis sur ses jambes. Tout se fait si naturellement. Comme si nous étions ensemble depuis des années. Comme si tout cela devait se passer.

                                                                                    ***

Le réveil sonne, il est 8h.

- Debout Tatiana, tu vas être en retard

C'est Maël qui me réveil avec sa douce voix encore endormie.

- Je ne veux pas y aller. Je ne me sens pas prête.

- Tatiana, tu ne sera jamais vraiment prête à reprendre le lycée. Tu le sais aussi bien que moi.

- Tu ne comprends pas, je ne peux pas y aller.

- Mais pourquoi ? Tu as un examen en fin d'année, tu ne peux pas te permettre de rater une semaine de cour.

Un moment d'hésitation de ma part se fait sentir dans la pièce. D'un côté, Maël a raison, si je réussit mon examen je pourrais partir faire mes études dans la ville de mes rêves ; mais d'un autre côté, je n'ai envie de continuer à me faire dévisager tous les jours jusqu'au mois de Juin.

- Pense à l'école que tu veux intégrer Tatiana. Tu ne peux pas y arriver si tu ne vas pas en cour.

- Je le sais.

- Alors vas-y. Lève-toi et dépêche-toi.

Et c'est ce que je fais. Je me prépare rapidement et cour pour ne pas arriver en retard au lycée. Toutefois, cela ne reste qu'une journée de plus sans intérêt et maussade. Je repense à la nuit que je viens de passer avec lui. Cette nuit qui a embellit une partie de ma courte vie d'adolescente qui part actuellement en fumée. Je n'ai jamais eu une vie que l'on pouvait envier. Personne ne peut se dire qu'il ferait tout pour avoir ma vie. Impossible. Mais peut être qu'avec Maël tout cela pourrait changer. Peut-être que toute ma vie pourrait être différente. Je pourrais enfin repartir de zéro. Recommencer cette toute petite vie que j'ai vécue.

La journée déprimante que je viens de passer m'a fait réfléchir sur le sens à donner à cette histoire. Un sens que je pourrais trouver et qui me correspondrais enfin. Comme si je pouvais créer ma vie sur mesure. Et c'est ça, la liberté. 

L'Amour n'a pas d'âgeTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang