L'Amour n'a pas d'âge

Chapitre 12

Sur le moment, un élan de colère m'envahit. Je ne sais plus quoi penser d'elle à présent. Mais c'est ma carrière que je joue, pas une simple histoire d'amour platonique. Mais quand je la prends par le bras pour lui parler face à face, c'est différent. Ma haine s'efface. Je ne vois plus qu'elle à présent. Elle et son air apeuré de voir mon comportement changer à ce point. Elle est belle, tout simplement. Ce n'est plus seulement la jeune fille que je croisais tous les jours au lycée, c'est aussi une jeune femme pleine d'audace et de caractère que je vois en face de moi. Soudain, sans qu'aucun de nous ne s'en rende compte, nous nous rapprochons de plus en plus jusqu'à ce que nos lèvres se rencontrent. Mon cœur s'accélère. Mes mains s'emparent de son visage et je sens les siennes entourer mon cou. Je ne serais définir la durée de ce moment mais qu'importe les secondes ou les minutes, j'ai envie de rester ici, avec elle. Puis, nos fronts se touchent et je sens son souffle chaud sur mes lèvres.

- Je suis vraiment désolée, murmure-t-elle.

- Je crois que je peux faire un effort pour te pardonner.

A présent, nous nous regardons dans les yeux sans dire un mot. Un simple regard suffit pour que l'on se comprenne. Mais quand je réalise ce qu'il vient de se passer, il est déjà trop tard.

- On n'aurait pas dû faire ça, je lance après quelques secondes. Je reste l'homme qui s'est fait virer à cause de nous et... d'ailleurs il n'y a même pas de nous. Je veux dire... on ne peut pas être ensemble, c'est impossible Tatiana. Je suis trop vieux pour toi et tu es encore mineure.

Je n'ai pas réalisé sur le coup ce que j'étais en train de dire. Mais je m'étais rendue compte, un peu tard, que je n'aurais jamais dû l'embrasser.

- Et alors ? Je vais bientôt avoir dix-huit ans, tout vas s'arranger.

Elle prend mon visage dans ses mains. Je ne sais plus quoi dire. Il est d'ailleurs préférable que je ne dise rien.

- Tu ne peux pas faire ça. Tu ne peux pas me faire ça Maël. J'ai l'impression de t'attendre depuis une éternité.

Des larmes commencent à couler le long de sa joue. Je l'entends renifler.

- Non. Non, c'est faux. Tu as l'impression de m'attendre mais en réalité tu attends un jeune homme de ton âge et qui ne risque pas sa vie en sortant avec toi. Tu comprends ?

- Comment tu peux le savoir, hein ? Comment ?

- Parce que tu n'as que dix-sept ans Tatiana ! Tu ne comprends dont pas ce que je risque en me mettant avec toi ? Tu ne comprends dont pas ?

Elle pleure et je ne peux rien faire pour l'arrêter. Ai-je été trop dure ? Ce n'est facile pour aucun de nous deux mais je ne veux pas qu'elle s'imagine qu'il y ait encore de l'espoir pour qu'un jour nous puissions parler de « nous ». Ça n'arrivera pas. Une histoire entre professeur et élève n'a jamais marché et ne marchera jamais. Alors, je décide simplement de partir.

- Attend !

Je l'entends crier. Je me retourne et je la voie s'approcher lentement tout en gardant ses distances.

- Sache que jamais, tu m'entends, jamais tu n'arriveras à m'oublier.

Je la regarde de haut en bas d'un air attristé. Je retrouve, tout d'un coup, la Tatiana d'il y a quelques semaines, manipulatrice et foncièrement méchante. Celle qui a toujours su ce qu'elle désir et ne cherche à comprendre les autres. Celle qui tente de séduire un professeur sans en mesurer les conséquences. Je sens son regard posé sur moi lorsque je me retourne et m'en vais. Je ferme la porte derrière moi, comme la fin d'une histoire, comme un adieu. Un jour, elle comprendra que ses actes ont des conséquences parfois irréversibles.