Chapitre 17

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Je ne sais pas si ce que je lui ai dit est une bonne décision. Où du moins si je le pensais vraiment. Je ne sais pas quoi penser de cette fille. Une part de moi ne peut pas se séparer d'elle mais une autre pense que c'est mieux ainsi. Toutefois, j'ai l'intime conviction que cela ne s'arrêtera pas là. J'ai le sentiment qu'il y aura une suite à cette histoire. Du moins, je l'espère. J'aimerai retourner la voir et lui dire tout ce que je ressens pour elle, j'ai envie de lui dire que nous ne devons pas nous préoccuper de ce que pense les autres, j'ai envie de lui dire que je serais toujours là pour elle. Mais bien sûr, tout ça est faut. Je ne peux pas nier le fait qu'il est impossible que nous restions ensemble et que toute ce que pense les autres peut, en réalité, avoir un impact important sur notre avenir. Sur le sien notamment. Et je n'ai pas envie qu'elle gâche sa vie simplement pour être avec moi.

                                                                                    ***

Je me réveil tôt ce matin, à cause des rayons de soleil qui pénètrent dans ma chambre à travers mes rideaux. Nous sommes vendredi mais je n'ai pas le courage d'aller au lycée. Je suis encore fatiguée de l'hôpital et en même temps bouleversée par l'au revoir de Maël. Pourtant, je sens au fond de moi que cela ne peut pas s'arrêter comme ça. Pas maintenant. Pas si prêt du but. Mais comment cette histoire se serait déroulée si j'avais rencontré cet homme, un jour, par hasard dans la rue ? Aurait-ce été le même scénario du fait que je sois mineur ? Ou bien complètement différent ? Je pense qu'aucune réponse est bonne ou, du moins, ne peut être donnée. J'essaye alors de me convaincre de poursuivre mes études comme si rien ne s'était passé et que la vie continue malgré tout. Je suis Tatiana Lawrence, je ne baisserai pas les bras face à ce genre de situation et j'arriverai à réaliser mes rêves. J'irais jusqu'au bout, même si je suis seule ; même si mon meilleur ami est loin de moi et même si je dois oublier Maël. A présent, je ferais ce que j'estime être bon pour moi et pour mon avenir. C'est la-dessus que je dois me concentrer.

Noël approche à grand pas. Je ne sais pas comment cela va se passer cette année. Ma tante, la soeur de ma mère, est actuellement ma nouvelle tutrice légale (avec son mari bien sûr) et n'est pas non plus souvent là pour moi. Alors, je l'ai convaincu (non très difficilement) de me laisser vivre chez moi jusqu'à ce que j'aille faire mes études à l'autre bout du monde. Généralement, pour les fêtes de fin d'année, ma famille se retrouve au complet chez mes grands-parents maternels, dans une grande bâtisse en pierre entourée lierre. Elle date d'il y a plusieurs siècle et possède l'un des plus grand terrain de sa ville. Et moi, j'aime ce genre d'endroit. Grand, luxueux, beau... magique. Je me considère comme quelqu'un de très superficiel mais je l'assume entièrement. Néanmoins, je ne sais pas si, justement à cause ce trait de caractère, j'aurais pu avoir une quelconque histoire avec M. Akermann. Enfin, simplement pour évoquer le fait que, cette année, je ne sais pas si je vais aller chez mes grands-parents pour Noël. D'un côté, j'en est envie car je sais que cela me fera du bien de revoir des personnes qui m'aime et qui tiennent à moi. Mais d'un autre côté, j'ai peur qu'on me pose trop de questions sur mes parents. "Ils ne te manque pas trop quand même ?", "Ça va tu tiens le coup ma belle ?". Bref, autant de questions sans grand intérêt auxquelles je ne saurais même pas répondre. C'est triste de se dire que je n'ai rien à dire au sujet de mes parents. Pourtant, c'est vrai, ils me manquent énormément. Je sens leur absence permanente malgré leur peu de présence à mes côtés durant leur vivant. Je sens une partie de moi qui s'est envolée et qui laisse un grand vide. Mais je sais qu'ils veillent sur moi de là-haut et que tous les jours ils me voient me battre pour vaincre mon envie de quitter ce putain de monde qui m'entour. Alors que ça, ils ne le savaient pas avant.

Pendant leur enterrement, quatre jours après leur décès, je n'ai pas pleuré. J'ai honte mais je n'ai eu l'envie ni même le besoin d'exprimer devant tout le monde, les amis, la famille mais aussi des dizaines de gens que je ne connaissais même pas, mon sentiment de culpabilité à leur égard. Je me sentais coupable de leur mort. Je m'en voulais de ne pas avoir été là pour les aimer chaque jour de leur vie. Ce qui est paradoxal car c'est eux qui devaient être présent pour leur fille, pour moi. Mais je ne leur en veux pas, je ne leur en veux plus. J'ai compris que, s'ils travaillaient autant, c'était pour m'assurer d'avoir un avenir que j'aurais moi-même choisis. Ils voulaient ce qu'il y a de mieux pour moi, de plus prestigieux. Et ça, je ne l'oublierai jamais de leur part.

Mon téléphone sonne. Je décroche sans me préoccuper de qui peut bien m'appeler alors que je suis censée être en cours.

- Halo ?

- Tatiana ? Excuse-moi, je me suis trompé numéro, bonne journée.

- Maël ? C'est toi ?

- Oui, désolé du dérangement tu dois certainement être en cours.

- Non, pas vraiment. À vrai dire, je ne me sentais pas prête à retourner dans cette établissement de tarés, je dis le sourire aux lèvres.

Je l'entends rigoler doucement à l'autre bout du fil.

-  Oui, je te comprends tout à fait.

- Écoute, je voulais te dire merci pour m'avoir emmenée à l'hôpital l'autre jour. C'est gentil, tu n'étais pas obligé.

- Si Tatiana. Je tiens à toi. 

- Merci.

- Enfin, je pense que je vais te laisser il faut que j'appelle...

- Attend ! Attend un peu. On a le temps non ?

- Je ne sais pas, je...

- On ne peut pas s'arrêter comme ça. Je veux dire, rien ne nous empêche de nous voir. Juste se voir et discuter entre adulte.

- Tu n'es pas une adulte Tatiana.

- Oui et bien alors disons simplement deux personnes qui se sentent un peu seul en ce moment.

- Pourquoi pas. Juste pour discuter, ça me va parfaitement.

Un petit moment de silence s'installe entre les deux combinés. J'hésite mais je finis par céder à l'envie de le revoir.

- O.K.

- Ce soir ? 18h dans ton café préféré ?

- Parfait, je serais là.

C'est alors que je sens mon coeur s'emballer un peu vite à mon goût mais je ne peux rien faire pour l'arrêter. Je savais que ce n'était pas finis. Ce soir va nous permettre à tous les deux de discuter et pouvoir se dire au revoir de façon sincère et véritable. Je souhaite simplement qu'il ne m'ignore pas à cause de ce qu'il s'est passé entre nous le soir où il est venu à la maison. 

L'Amour n'a pas d'âgeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant