Brûlures [Yoonmin]

22 - Éternité

Le festival commençait ce soir.
Depuis quelques jours, des voyageurs et des exposants avaient commencé à remplir les auberges de Teiji et les rues s'étaient peu à peu décorées de stands et de lampions.

La dernière fois que nous étions allé en ville remontait un peu. À cause de la neige, le chemin n'était pas toujours pratiquable.
J'avais déneigé une partie de la route deux jours plus tôt pour que monsieur Jung puisse partir en mission.
Il allait rater le début des festivités, mais il ne cessait de répéter que la neige ne pouvait pas l'arrêter et qu'il fallait faire tourner la ferme.

Depuis mes exploits sur les routes et ceux de Namjoon à l'entraînement, Hoseok nous appelait respectivement le déneigeur et le casse noix, ce qui faisait beaucoup rire Jimin.

Ce dernier, lui, appréciait décidément beaucoup l'arrivée de l'hiver. Il passait de grands moments dans le jardin à s'asseoir dans la neige. Et même s'il persistait à dire que le pôle ne lui manquait pas tant que ça, son regard perdu dans le vague disait parfois le contraire.

Aujourd'hui, il la regardait tomber par la fenêtre, toujours en pyjama.
Je me redressai, sortant de ma sieste et observai son dos et ses bras nus, ses cheveux qui lui tombaient de plus en plus sur la nuque.

- Tu as défait tes tresses... ?

Il tourna la tête vers moi, interpellé par ma voix, et aucune petite perle ne tinta sur ses tempes. Il m'adressa un petit sourire en passant une main dans ses cheveux.

- Il était temps de les refaire. Je les ai enlevées et j'ai pris une douche intensive pendant que tu dormais.

Je tendis un bras vers lui mais ma main n'atteignit pas le bord du lit.

- Viens par là, tu dois sentir bon.

- Et toi tu dois sentir le fauve, se moqua-t-il.

Mais il s'approcha tout de même, se glissant jusqu'à moi à demi à quatre pattes pour venir s'allonger à mes côtés, la tête sur mon épaule.
L'un de ses genoux glissa sur ma cuisse et son bras gauche fit le tour de ma poitrine.
Visiblement, il n'avait pas l'air gêné plus que ça par mon odeur.

Je levai un bras et touchai ses cheveux à mon tour, lui faisant fermer les paupières presque immédiatement.
Je massai son crâne pendant quelques minutes, passant mes doigts entre ses mèches soyeuses et complètement démêlées.
Quand la moitié n'était pas tressée, il avait une sacrée crinière.
J'attrapai une poignée de ses cheveux comme pour tester machinalement leur densité mais Jimin laissa échapper une sorte de petit grognement de satisfaction.

- Ne les tire pas...

- Je te fais mal ?

- Non, mais je vais te sauter dessus...

Il avait l'air à moitié endormi comme ça, complètement relâché, le ton paresseux et les paupières fermées, mais je sentais qu'il était au fond parfaitement alerte et tout à fait capable de mettre ses menaces à exécution.

Je resserrai par réflexe autant que par provocation mes doigts sur ses mèches noires et la vitesse à laquelle l'un de ses yeux s'ouvrit pour fixer les miens me donna raison. Sa paresse était entièrement feinte.

Avachi sur mon torse comme il l'était, il devait sentir mon cœur s'emballer, et son regard ne se fit qu'un peu plus profond, sondant le mien et l'emprisonnant.

Le maître de l'eau se redressa lentement sans me quitter des yeux et m'enjamba complètement avec une lenteur qui me fit suffoquer.
Il se pencha vers moi, un peu, encore.
Ses mains glissèrent sur moi pour attraper mes épaules, possessives.
Son bassin se rapprocha du mien, le frôlant presque.