V-Deuxieme chance

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Le jour suivant à l'aube, mon corps se mit en mouvement. Avant même que mon esprit n'ait pu réagir, j'étais dehors me dirigeant à toute vitesse sur la proie qui avait eu raison de ma retraite. Une fraction de secondes plus tard, mes facultés étaient de nouveau entières. Les yeux fermés, le visage tourné vers le ciel, je profitais du soleil naissant, voilé par la brume matinale. 

Je ne pouvais me résoudre à regarder le cadavre que je savais encore chaud à mes pieds. Qui était ce malheureux? Un berger venu récupérer une de ses bêtes fugueuses, ou peut être un randonneur initié à l'escalade. Lorsque j'ouvris enfin les yeux, je ne vis que le corps d'un gros bouc. Un rire glacial qu'on aurait pu attribuer à un fou, se répercuta sur toutes les montagnes des environs. C'était mon rire, un rire de soulagement presque de bonheur. 

Mes genoux heurtèrent le sol rocailleux alors que mon buste s'affalait sur la dépouille inerte de l'animal. C'était la fin de la guerre et même si je ne l'avais pas gagnée, j'avais trouvé ma solution. La fin du calvaire, de la torture était devant moi depuis le début. Le sang des animaux était mon Graal.

Fort de ma découverte, je regagnais lentement la civilisation. Mais ce n'était pas sans crainte que je croisais les premiers humains. Mon instinct de chasseur était toujours en veille mais la faim ayant disparue, j'arrivais à faire face. C'est un nouvel homme et un vampire heureux qui entra en ville ce soir là.

Maintenant que je n'étais plus esclave de ma nature démoniaque, des perspectives d'avenir germèrent dans mon esprit. Je désirais ardemment aider les humains pour racheter les massacres que j'avais commis par le passé. Je continuais donc ma route tout en réfléchissant aux possibilités qui s'offraient à moi. Jusqu'au jour où je fus confronté à une révélation.

Dans une petite ville, un homme vint s'écrouler à mes pieds. Poignardé au thorax, son sang se déversait se mêlant à la boue qui envahissait les rues. D'abord craintif de mes réactions face à tout ce sang, je découvris rapidement qu'il mettait possible de résister à l'envie d'achever cet homme. Je comprimai la plaie de mes mains et appelais à la ronde pour qu'un médecin lui vienne en aide. L'office du docteur se trouvant à proximité, il arriva rapidement et nous transportâmes le blessé sur la table d'examen. Impressionné par ses gestes sûrs et précis, j'assistais au déroulement de l'opération. Cette vision transforma mon existence. Après quelques années d'errance, j'avais enfin trouvé ma voie.

Une éternitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant