Chapitre 4

183 17 63
                                    

"Que pouvez-vous faire pour promouvoir la paix dans le monde ? Rentrez chez vous et aimez votre famille !"

Mère Teresa (1910-1997)

La respiration saccadée de Rebor s'accélérait alors que sa course ralentissait. Claé décida de faire halte dans la forêt avant de continuer sa route, vers le sud. Elle descendit en douceur de son cheval et s'enfonça doucement dans la forêt. Elle s'arrêta après quelques minutes de marche et s'allongea dans l'herbe tendre pendant que Rebor broutait.

Elle ferma les yeux, profitant de la douce brise qui s'engouffrait à travers les arbres. Sa blessure lui faisait mal. Elle devait la nettoyer. Toutes les incantations qu'elle avait chanté avaient réussi à la tenir consciente jusque là mais la douleur devenait trop intense.

Elle se redressa, s'assit en tailleur et toucha la plaie laissée par la dague d'Alexei. Elle retomba sur le dos et ferma les yeux sous la douleur. Elle se mit à chanter un sort d'anti-douleur et un autre pour éviter que le sang ne coule de la plaie puis elle se releva et marcha un instant.

Elle devait retourner dans la nation ennemi, mais pas maintenant, elle devait d'abord se soigner. Qu'elle honte... Revenir à Horlark sans avoir rempli sa mission et en ayant été démasquée...

Elle tapa du poing fortement contre un arbre. Le bois craqua sinistrement et Claé retira sa main en gémissant de douleur. Quelle idiote !

- Rebor ! On repart ! Cria-t-elle à l'intention de son frisson.

Il s'approcha presque immédiatement et regarda sa maîtresse un instant puis se mit en route pour quitter la forêt. Elle le suivit puis le monta et partit au trot vers le sud, retrouver sa nation.

Les jours qui suivirent elle ne cessa de repenser à cet homme, Alexei Wladrofshka, le Roi des vampires, mais surtout le Roi des narcissiques. Totalement imbu de sa personne, dommage qu'il ne puisse pas se mirer devant une glace. Il n'empêche que les dires des gens l'ayant rencontré étaient vrais. Il était d'une rare beauté, une voix roque et enjôleuse, un ego surdimensionné et une capacité au combat rapproché hors norme. Un vampire noble dans toute sa splendeur.

- Già tornata Claé ?1 demanda une femme assez grande aux cheveux longs et bruns.

- Sì zia², déclara Claé en continuant son chemin sans marquer de temps d'arrêt.

Elle se dépêcha de passer à travers les différents troncs, attacha son frisson à un arbre et monta grâce au marche fixées sur ce dernier. Son thorax la faisait souffrir. Du sang recommençait à s'écouler de la plaie, elle pesta et accéléra le mouvement. Arrivée en haut de l'arbre elle poussa violemment une porte cachée dans le bois du tronc et entra.

Une vieille femme l'y attendait. Des cheveux longs, où les rares témoins d'une couleur vermeille se faisaient envahir par le blanc grisonnant de l'âge, ondulaient librement dans son dos. Elle se redressa doucement faisant craquer ses vertèbres et s'avança vers une table de bois creusée à même le tronc. Une petite salle emplit de potions et d'araignées.

- Allonge-toi ma fille, dit doucement la femme d'une voix chevrotante.

Claé s'exécuta. Elle retira le haut de sa combinaison, jeta sa besace dans un coin et, laissant son torse à nu elle s'allongea.

Elle entreprit de raconter à la vieille sorcière ce qu'il s'était passé dans les moindres détails. Son arrivée à Cranys, la rencontre avec Alexei Wladrofshka, les blessures, la fuite.

Pendant ce temps, la vielle femme nettoyait la plaie à l'aide d'incantations si complexes qu'elle était la seule à les connaître par cœur. De la sueur perlait du front de la soricère ainsi que de celui de Claé sous la douleur que lui infligeaient ses incantations.

- Vas-tu y retourner angela ? Demanda la vieille sorcière en passant onguent verdâtre sur la plaie.

Bien sûr qu'elle allait y retourner. Elle ne pouvait pas laisser cette mission inaccomplie ! Que dirait Arlea si elle ne réussissait pas ? Et son statut au sein de l'armée, et sa réputation ? Jamais elle n'abandonnerait.

- Je...

- Je sais que tu vas y retourner mon enfant... Mais prend garde, peu de chemins quant à ta victoire sont éclairés... Le vent ne ment jamais ma fille.

- Bisnonna3... Je te promet de faire attention, je suis forte, bien plus que la plupart des sorcières ici et...

- Chiudi il becco pronipote!4 Tu n'es pas en mesure de gagner tout le temps et cette fois peut-être que tu ne reviendras jamais. Cesse d'être aussi imbu que les vampires et réfléchit avant d'agir !

Claé ferma les yeux en soupirant. Son arrière grand-mère était toujours de bon conseil mais c'était la première à lui faire la leçon quant à son manque de réflexion. Elle avait une forte tendance à provoquer et sa famille n'avait de cesse de le lui reprocher.

Elle se redressa une fois l'onguent bandé. La vieille femme tâta les bras de Claé, s'arrêta sur son épaule et la fit claquer d'un coup.

- Presta attenzione !5 Déclara l'arrière grand-mère en soupirant devant le manque d'attention de son arrière petite-fille avec son corps.

- Au revoir Alya. Ti voglio bene bisnonna.6

Sur ces dernières paroles, Claé s'en alla et monta à nouveau sur son cheval pour se rendre à son arbre-maison. Un arbre reculé dont les branchages, rougeoyant sous la saison automnale, s'élevait fièrement vers le ciel et soutenait ainsi une avancée cachée par les feuillages.

Une silhouette l'attendait sous l'arbre.


1 Déjà de retour Claé ?

² Oui ma tante

3 Arrière grand-mère

4 Tais-toi petite fille !

5 Fait attention

6 Je t'aime arrière grand-mère.

Obsession ◊•Tome1•◊ (en correction)Where stories live. Discover now