Chapitre 3

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"J'aime penser que la lune est là même si je ne la regarde pas."

Albert Einstein


Alexei Wladrofshka pesta en regardant Claé s'éloigner par la fenêtre. Les cheveux rouges de l'espionne volant dans son dos, il la regarda jusqu'à ce qu'elle ne fut plus qu'un point noir à l'horizon. Un sourire carnassier se dessina alors sur ses lèvres.

Il allait la retrouver et la tuer.

La partie de chasse la plus exaltante de sa vie venait de débuter. Chasser une sorcière était chose facile, mais chasser Claé en était une toute autre. Quelque chose d'inquiétant et de mystérieux se dégageait de cette femme. L'odeur de son sang n'avait pas trompé Alexei, elle n'était pas qu'une simple sorcière, et lui, Alexei Wladrofshka serait connu de tous et inscrit dans l'histoire pour avoir tué Claé.

Il ricana puis fit exploser les rubis qui encadraient la porte. Il se baissa, trempa ses doigts dans le liquide rougeoyant tâchant le sol et le porta à son nez.

Oh non, il n'oublierait jamais cette odeur.

- Vous pouvez revenir, je ne vais pas vous tuer.

Il s'éloigna vers la porte pendant que le petit commerçant, tout agité et devenu très pâle, s'avançait vers son comptoir en épongeant la sueur qui perlait sur son front.

Alexei sortit de cette infâme boutique et, tout en nettoyant sa lame avec son mouchoir, contempla les rues de sa nation. Colorées, pleines de verdures et pourtant délabrées. La mixité sociale n'existait pas à Cranys, pour la simple et bonne raison qu'aucun étranger ne restait bien longtemps. Les tavernes servaient du sang, plus ou moins fermenté, plus ou moins fort. Les épiceries vendaient toutes sortes de sucreries et gâteaux au sang.

Un groupe d'enfants d'une dizaine d'années tout au plus s'amusaient à se battre, départageant les territoires de guerre avec les ombres et les rayons de soleil qui marquaient le sol.

Les contes des autres nations racontaient toute sorte de sornettes sur les vampires. Le soleil les réduisait en poussière, ou les faisait briller tels des diamants. Les vampires sont immortels, l'ail les fait fuir, les croix de certaines religions les empêchent d'entrer dans les maisons, ou autre baliverne ne servant qu'à renforcer la peur de la nation de Cranys.

Les vampires n'étaient en réalité rien de tout cela. Ils mouraient entre trois cents et cinq cent ans selon la naissance, ils fuyaient le soleil uniquement par soucis de garder leur teint blanc et de ne pas faire rougir leur peau par l'agression des ultra-violets. L'odeur de l'ail les insupportaient étant donné qu'ils n'en consommaient pas et les croix, mais alors qu'elle idée saugrenue ! Les vampires n'avaient que faire des croix.

Alexei rentra au palais en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Une fois arrivé dans ses appartements, après avoir croisé le chemin d'une multitude de ministres et de nobles cherchant gloire, honneur ou informations, il ferma la porte derrière lui pour ne plus avoir à subir les jérémiades de ses derniers.

- Tu saignes Alexei ? Demanda une voix féminine provenant du fond du salon.

Assise sur un fauteuil de soie rouge, une grande femme brune aux cheveux longs savamment coiffés, décroisait ses jambes. La seconde suivante, dans un léger bruissement de crinoline, elle était devant Alexei, une main posée sur sa joue légèrement taillée.

Ses grands yeux rouges maquillés avec simplicité rencontrèrent ceux plus fins d'Alexei. Elle posa son autre main sur le torse de ce dernier et son regard retomba sur sa joue entaillée.

- Je vais bien Diana, cesse de te préoccuper de moi.

Sur ces mots il la repoussa sur le côté et continua son chemin jusqu'à la salle suivante. La prénommée Diana l'arrêta en le retenant par le bras.

Il se retourna et la regarda de haut en bas. Elle ressemblait à une divinité grecque avec sa longue robe bleue faite de crinoline qui laissait, par transparence, apparaître ses formes. Une fort belle femme, fine et athlétique possédant néanmoins une poitrine voluptueuse ce qui avait séduit plus d'un homme.

Alexei était chanceux et il le savait, tout comme Diana connaissait sa chance.

- Que s'est-il passé ?

Il planta son regard dans celui de son amante, lui intimant le silence. Il se dégagea de sa prise et plaça ses mains dans le bas du dos de Diana, la pressant contre lui.

Il se baissa, chercha doucement ses lèvres charnues légèrement rosée par le maquillage, puis glissa sa langue sur la bouche de son amante. Le baiser qui était doux devint fougueux, empressé. Les mains se perdaient sur leur corps désireux. Alexei souleva avec force la taille de sa compagne et la fit s'asseoir sur lui, une fois qu'il fut lui-même posé sur un des fauteuils qui faisaient face à un grand balcon surplombant la ville.

Les corps se dénudèrent, et ils s'aimèrent ainsi sous le soleil couchant. Cependant, les pensées d'Alexei étaient perdues dans la chevelure vermeille de l'étrangère à la cape de jais.

Obsession ◊•Tome1•◊ (en correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant