Partie VII - La Vérité sur le Prince

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Ce chapitre est à écouter avec cette musique, il vous sera plus agréable. Merci à tous mes lecteurs!

De retour à ma chambre, j'enlève ma robe et me glisse dans un bain brûlant. Je plonge ma tête dans l'eau et m'accorde enfin quelques minutes avec moi même et de lâchez-prise. Je laisse mon maquillage couler. Je suis bien. Profondément bien. Mais la réalité revient à la surface: tant que je serai loin de ma famille, je ne pourrai pas m'épanouir. Je ne voulais pas de tout ce luxe, qui m'était tout de même fort agréable. Mais il fallait que je m'accroche et que je fasse bonne figure.
Alors je sors de la baignoire, m'enroule d'une serviette chaude et me dirige vers l'armoire afin de me choisir une tenue. Une longue robe bleu foncé attire mon attention. Je l'enfile délicatement et m'observe dans le miroir immense de la chambre. Elle est près du corps, avec des manches longues, ornées de fils d'argent. J'ai l'air d'une véritable princesse orientale, d'une princesse mystérieuse. J'ouvre une boîte à bijoux et choisi un diadème muni d'une goutte tombant sur le front. Je m'attache les cheveux en chignon bas, je trace un trait d'eye-liner et m'applique quelques paillettes sur le visage. Je me surprends à éprouver du plaisir à me préparer. Je n'avais jamais eu l'occasion, auparavant, de me dévouer à la coquetterie. Mais c'était une façon de montrer aux Shiroff que les Elkana existent toujours, et que leur puissance tend à réapparaître. J'enfile de grosses perles sur mes oreilles et je jette un dernier coup d'œil à la glace. Je suis méconnaissable, vraiment.

Maggie vient me chercher, et m'emmène à la salle à manger. Elle me laisse à l'entrée et disparaît. Timide, je n'ose pas m'imposer dans la foule. Plusieurs aristocrates sont debout près de la table et discutent entre eux. Certains lèvent la tête vers moi, les yeux pleins d'admiration ou de jalousie selon le sexe, mais je ne prête pas attention. J'aperçois Willan, un peu plus loin. Il est extrêmement bien habillé, d'une classe incomparable. Ses cheveux noirs forment de belles boucles séduisantes. Il finit par remarquer ma présence et se dirige vers moi.

-Le bleu foncé, couleur de la loyauté. Est-ce un choix réfléchi? Demande-t-il, un sourire en coin.

-Je reste fidèle et loyale à mes valeurs. Je réplique en essayant de soutenir son regard transperçant.

-Lâchez-prise, ce soir et essayer de profiter des richesses d'Elzeihmos.

Le roi Shiroff se joint à nous. C'est la deuxième fois que je me retrouve face à lui. Il est impressionnant.

-Je vois que la Princesse a pris ses aises. Déclare-t-il sur un ton arrogant, en analysant méticuleusement ma tenue, d'un air légèrement malsain.

-Elyna est notre prisonnière mais elle est aussi notre invitée et la futur mère de mon enfant. Elle mérite qu'on la traite bien. Réplique Willan.

Je suis étonnée que Willan prenne ma défense. Il n'a pas l'air de totalement bien s'entendre avec son père, même s'ils incarnent tous les deux tout ce que je déteste chez un homme. Parfois il a l'air compréhensif, mais il est en même tant tellement froid et méprisant. Je ne sais pas quoi penser de lui.

-Assurément. Lâche son père, mystérieusement. Je t'accorde ma confiance, Will. Tu es chargée de la surveiller, donc tant qu'elle ne manifeste pas de signe de révolte, nous n'avons aucune raison de la traiter comme une moins que rien. C'est une princesse, n'est-ce pas? Lance-t-il sur un ton ironique qui me déplaît fortement.

Je me retiens de ne pas m'emporter face à ce meurtrier sans cœur, mais difficilement.

Un majordome nous appelle à table. Shiroff se place au bout, Willan a sa droite, et ce dernier me fait signe de m'asseoir à côté. La table est remplie de mets incalculables, de viandes grillées, de fruit, de pommes de terre bien grasses et de brioches, à l'image de mon petit déjeuné de ce matin. L'odeur délicate de la nourriture me donne l'eau à la bouche. Je n'ose pas éprouver de la faim face à un tel gâchis, mais mon ventre me trompe en gargouillant.

-Qu'est-ce que vous attendez pour vous servir? Je ne vais pas le faire à votre place. Me lance Willan, alors que les assiettes de tous les convives sont remplies démesurément.

Je me sors de mes pensées et sélectionne une petite tranche de rôti.

-Je me décidais sur ce que j'allais prendre. Je mens.

-Vous n'avez pas l'habitude de voir autant d'aliments sur une même table, n'est-ce pas? Me demande-t-il, toujours le même sourire narquois en coin.

-Chez moi, nous mangeons seulement ce que nous avons besoin. Nous rejetons l'opulence.

-Vous vous comportez comme une sainte, mais dans cinq minutes vous vous servirez à nouveau. Arrêtez de contrôler éperdument vos désirs et écoutez ce que vous demande votre corps.

Comment ose-t-il souligner de tels propos?

-Nous n'avons décidément pas les mêmes valeurs.

-Vous êtes terriblement ennuyante, Elyna.

-Je ne peux accepter un mode de vie tel que le vôtre.

Il se penche vers moi et me chuchote à l'oreille.

-Alors, il est tant que vous m'appreniez à lire et que vous partiez, car nous n'allons pas nous entendre.

C'est la dernière phrase qu'il prononce à mon égard. J'ai passé le reste du dîner silencieuse, à m'empêcher de me resservir, de peur que Willan se moque à nouveau de moi. Mais pourquoi je m'en empêche? Je ne devrais même pas en avoir envie. Mais un sentiment énervé brûle dans mon ventre, me demandant de remplir à nouveau mon assiette, de pommes de terre. Je résiste, mais j'ai honte de ressentir un tel désir.

A la fin du dîner, les convives se prêtent à une danse. Je remarque que Willan est entouré de deux filles ultra maquillées et un peu vulgaires, et que ça a l'air de lui plaire.

A quoi ça sert d'être aussi beau si c'est pour ne pas l'être à l'intérieur.

Énervée de la situation, je décide de quitter la salle et de retourner dans ma chambre. Ces gens sont tellement différents de moi; je ne pouvais rien attendre d'eux.

**

Maggie était en train de faire mon lit.

-Je ne m'attendais pas à vous voir de si tôt, mademoiselle Elyna.

-Ce n'est une soirée pour moi. Ils s'amuseront très bien sans moi, je n'en doute pas.

-Le Prince ne vous accorde pas assez de temps? Me demande-t-elle.

Je suis un peu gênée par sa question et je n'en vois pas d'utilité.

-Je ne lui ai jamais demandé de m'accorder du temps. De toute façon, je ne supporte pas son comportement et sa manière de penser. Je réplique sèchement.

-Le Prince Willan est un guerrier avant tout, pas un gentleman, vous savez, mademoiselle.

-Quel est son histoire? Il en a bien une pour être autant arrogant et prétentieux.

-Je ne peux pas vous le dire. Réplique Maggie, en baissant les yeux.

J'enlève mes boucles d'oreilles et les lui tends.

-Je vous donne ceci en échange de vos paroles.

Maggie hésite, mais ses yeux brillent à la vue des boucles.

-Et bien..., le Prince Willan n'a pas digéré la mort de sa mère quand il avait 9 ans. Quand il a grandi, il est devenu extrêmement méprisant et froid envers les inconnus et les gens inférieurs à son grade. Il est rentré dans l'armée de son père à 16 ans, et s'est démarqué par ses prouesses de guerre. Il a aujourd'hui 23 ans et dirige une aile de l'armée, et agit notamment dans la conquête et la destruction de villages opposants. C'est un homme très valeureux, déterminé,  et qui n'a pas peur de tuer. Sa liste de victimes et longue, et fait de lui la deuxième personne la plus crainte du Royaume après son père, qui se fait plus discret sur la scène nationale et qui lui délègue peu à peu ses fonctions de guerre. Méfiez vous de ce jeune homme séduisant. Il sait avoir ce qu'il désire et se sert des gens pour arriver à ses fins. Ce n'est pas quelqu'un d'honnête et de fiable. Me met en garde Maggie.

Cette description me fait froid dans le dos. Je ne l'imaginais pas autant tyrannique.
Je ne pouvais pas lui faire confiance, alors je devais trouver le moyen de m'évader, seule, le plus vite possible.

L'Elue  [TERMINÉ]Where stories live. Discover now