🎲Chapitre 12 (2/2)

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Je fais un rêve qui me perturbe sérieusement. D'abord, ça concerne Athos qui n'est plus qu'un cadavre et en plus c'est un souvenir qui a fichu mon estime pour Père en l'air.

Le fameux jour où Père m'a emmené voir la famille d'Athos. Je me souviens, sa maison n'a rien avoir avec la mienne. Pas de bois, tout est en pierre, tout est décoré avec minutie par Esther, la mère d'Athos. Je me souviens avec le soleil pâle de la matinée, les rayons passaient entre les rideaux de dentelle.

Je suis là, près de la fenêtre, les mains posées sur le rebord, j'essaye d'apercevoir l'océan, mais de ce côté du district on ne voit que les grands entrepôts. Je suis dépitée et coincée dans ce salon. Je suis en colère contre Père qui m'oblige à faire quelque chose qui me répugne avec le garçon auquel je m'entends le moins bien.

Je vois encore mon doigt qui caresse la peinture lisse sur le rebord. Puis la porte s'ouvre et claque. Mon corps se tend, je sais qui vient de rentrer, c'est Athos, cet imbécile. Je détestais ce sentiment pourri qui me prenait l'estomac. Je m'en rappelle, je me suis retournée sèchement.

Il me regardait, toujours avec son apparence de faux-calme, comme Père.

- Ça fait bizarre de te voir chez moi. A-t-il lâché sans scrupule.

- C'est pas comme si je le voulais. Avais-je craché.

On s'est lancé un regard noir. Puis, on a soupiré. Quelle misère, n'est-ce pas ? Ces fiançailles qui n'ont rien à faire là. Je me souviens, il s'approche de moi, les mains dans les poches, puis il hausse les épaules.

- Ce n'est pas une si mauvaise affaire, je suis plutôt pas mal et tout le monde sait que tu es belle. On pourrait s'entendre, poupée.

J'avoue que cette phrase m'a laissé pantoise pendant quelques secondes. Mais est-ce qu'il délire ?

- Poupée ? Avais-je répété en écho, plus que perplexe.

Et c'est là que sa phrase légendaire est sortie, a envahie plus tard l'école et les discutions les plus houleuses et croustillantes, d'après les filles de ma classe.

- Quand je te regarde, tu me fais penser à une poupée d'argile aux yeux argentés. M'a-t-il balancé avec autant d'émotion qu'un mollusque amorphe.

Son père lui a-t-il appris cette phrase ? Je me souviens de ne pas avoirrépondu. Que répondre à une bêtise pareille, même si dans lefond c'est sensé être un compliment ? Rien. Puis, il s'étaitapproché dangereusement avant de déclarer.

- Écoute, peut-être que ça marchera. Nos pères seront satisfaits. Je te laisserai une certaine liberté, plusieurs personnes ont vécu un mariage arrangé et aucune n'en ai mortes. On peut essayer avec un baiser ? Voir ce que ça donne.

J'ai réfléchi, au moins cinq minutes. Je voulais faire plaisir à Père, je ne voulais pas qu'il me punisse. Alors pourquoi ne pas faire un essai ?

- Tu dis ça pour nous faciliter la tâche à tous les deux ou tu apprécies de devoir m'embrasser ? Avais-je demandé sans états d'âme.

Je me rappelle, il a hoché les épaules à nouveau, avec un air blasé qui le caractérise très bien.

- Tu es splendide, mais avoue que si j'appréciais une once de ta personne je serais un peu plus enthousiaste.

Un point pour lui, il n'a pas tort.

Agacée par tout ça, je l'ai pris par la chemise pour le faire descendre d'un cran et on s'est embrassé. Athos a des lèvres juteuses, parfaites. Mais c'est tout. On s'est éloigné l'un de l'autre. C'était mon premier baiser avec un garçon. Et à part que ses lèvres sont moelleuses, rien de spécial ne se déclare sous le soleil.

EVREN ━゙HUNGER GAMES✔Where stories live. Discover now