🎲Chapitre 10 (1/2)

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Chapitre 10 (1/2)

Le lendemain je me réveille, un peu à côté de la plaque. Où suis-je ? J'ai les yeux collés, la bouche pâteuse puis, lorsque je vois les parois rocheuses je me souviens.

Je participe aux soixante-sixièmes Hunger Games. Je suis dans la plus grosse merde de tout les temps.

Je suis dans une arène souterraine, bloquée avec quinze tributs. Je n'ai pas d'armes, je peux mourir à tout instant. C'est le troisième jour et les Juges vont commencer à s'amuser. Génial comme constat.

J'établie une sorte de routine : je vais au petit coin, j'entame un morceau de pain et d'algue, je bois deux gorgées d'eau. Maintenant que je sais, ça va être plus facile d'en avoir.

Je refais ma queue de cheval et vérifie ma main. Je change les bandages. Je remarque qu'une peau de bébé délicate recouvre maintenant ma paume. La douleur est toujours là, mais tellement plus acceptable que ce nest rien comparé au jour antécédent.

Cependant, mon doigt ne me réponds plus, comme si les nerfs se sont coupés de mon majeur. Autant dire que cette constatation ne me rassure pas le moins du monde. Je resserre le bandage de mon attelle et j'enfile mon sac. C'est partie.

J'entame une bonne randonnée. Je remarque que la plupart des portes qui mènent aux maisons, sont fermés. Puis, j'entends de drôles de bruits. Pas humains.

Sûrement des animaux mais modifiés.

Des sortes de mutations génétiques affreuses, parce que sincèrement personne ne peut vivre ici. Il n'y a pas d'eau pure, ni de nourriture. C'est forcément trafiqué. Je frissonne lorsque j'entends à nouveau des couinements.

Je dois remonter à la ville abandonnée, en plus je m'épuise avec l'air absent de cette zone. Tout ce qu'il faut s'est retrouver une échelle. Pas bien compliqué. Après, il faut espérer qu'elle ne se casse pas sous mon poids. Ça, c'est une autre paire de manche.

J'entends un nouveau bruit derrière moi. Je me retourne, en alerte, mais rien. Je deviens paranoïaque, ou quoi ? Je rigole nerveusement. Quelle poisse.

Je repense à la maison. Qu'est-ce que font les filles à cette heure-là ? On est en début d'après-midi, elles doivent sûrement débarrasser la table et nettoyer la salle de séjour du sable.

Après, elles vont sûrement retourner à l'école. Whisper va pouvoir voir son amoureux, Marin.

Maman doit faire une sieste ou étendre le linge. Ou peut-être qu'elle pleure parce que je suis aux Jeux ? Reste-elle avec les filles devant l'écran de notre téléviseur obligatoire pour suivre, si sa fille ne va pas se rompre le cou sur une pierre trop pointue ?

Peut-être que Père fait pareil, il s'est sûrement muré dans le silence et doit dicter des ordres à travers notre foyer pour cacher sa peur. Ou alors il s'en fiche de moi. Peut-être pas à ce point-là. En fait, je ne sais pas.

Le cours de mes pensées s'arrête lorsque je vois une échelle gigantesque devant mes yeux. Ça ne doit pas être la mienne, mais qu'elle importance ? Je me penche et je remarque qu'il se trouve un dernier niveau.

Je me demande : plus on s'enfonce, moins il y a d'air ?

Je ne sais pas et ce qu'il me manque c'est un bain de soleil et un bain tout court. Charmant. Je m'accroche aux premiers barreaux de l'échelle qui semblent solide. Je ne peux pas aller vite avec mon attelle et je m'accroche comme un bébé koala de ma seule main.

Mon ascension est tellement lente que je commence à m'agacer moi-même. Mais je ne vais pas faire l'héroïne au risque de tomber et de ne jamais pouvoir faire quoi que ce soit d'autre.

Je dois être à mi-chemin du niveau -1, là où la ville abandonnée se trouve, lorsque toutes les torches de l'arène souterraine s'éteignent d'un coup, sans prévenir.

Horrifiée, je m'accroche à mon échelle, le cœur battant la chamade. C'est une blague ! Ces Juges à la con, ils ne peuvent pas faire ça quand je dors ?

Non, évidemment ! Ils préfèrent éteindre les lumières lorsque je suis au milieu d'un vide funeste ! Je suis énervée et surtout j'ai peur. Je ne vois rien, l'obscurité est totale. Je reste là, sans bouger, incapable de voir le barreaux devant moi et encore moins celui d'au-dessus. Bon sang de bonsoir !

Dans mon instant de panique je repense lorsqu'à l'école on faisait des cours d'astrologie tard le soir, pour savoir se repérer par rapport aux étoiles lorsqu'on est en mer.

La classe restait vers minuit et selon les saisons on sortait au crépuscule ou dans le noir. Dans notre établissement on a des toilettes extérieurs, éclairés par une électricité flageolante et un interrupteur dangereux.

Parfois, parce qu'on était petits et stupides, on s'amusait à éteindre la lumière quand quelqu'un était aux toilettes. Assurément, on se retrouvait dans le noir le plus total, comme maintenant. Je le sais, parce que j'y suis passée aussi.

Je déglutie mal à l'aise quand brusquement, j'entends un craquement qui ne doit pas être si loin de moi, quelques mètres à peine.

Un petit cri, puis un autre craquement qui ressemble à celui qu'Athos a provoqué en cassant sa chaise. Du bois qui se casse.

Je ne vois rien, puis un cri strident retentit, de quoi me donner une chair de poule phénoménale et enfin un autre bruit sourd. Quelqu'un vient de tomber. Violemment. Le coup de canon explose dans l'air et manque de me faire lâcher mon barreau.

Honnêtement, je doute que ce soit possible, je me tiens si fort que ma jointure me fait mal. C'est qui ? Je n'en ai pas la moindre idée. Je n'ose pas bouger. Je suis terrorisée et ça doit bien se voir sur les caméras infra-rouges. Le Tout-Panem doit attendre la suite avec impatience. Sincèrement, pas moi.

Est-ce que les Juges vont arrêter cette mauvaise blague maintenant qu'ils ont leur mort ou pas ? Eh bien, non. À la place je distingue comme un grincement de porte, des bruits de pas. Juste en-dessous de moi ou en tout cas, pas loin. Puis des battements d'ailes et des petits cris perçants, je comprends rapidement : des chauves-souris.

Des mutations de vampires créés dans les laboratoires terrifiants de la capitale. Comme les guêpes tueuses, pendant les Jours Sombres, le Capitole en a utilisé contre ses opposants.

Les guêpes attaquent de jour et les mutations vampires de nuit, comme ça personne n'échappe au pouvoir du Capitole. Merci à mon cours de l'Histoire de Panem, qui n'est qu'une immonde propagande pour le Capitole, mais au moins, je ne suis pas demeurée, je connais certaines choses.

Les cris suraigus augmentent et j'entends une voix masculine qui jure dans le noir. Je suis effrayée, je veux partir, mais je ne bouge pas. La voix s'énerve, puis hurle et panique vraiment puis j'entends un bruit sourd.

Au début je suis pas sûr, mais après j'ai l'impression que quelqu'un explose une pastèque contre un mur. Ça ne doit pas être ça. Puis, je perçois une explosion immonde, comme les plongeons ratés que fait Lark pendant l'été.

Puis, je commence à me rappeler.

Les mutations vampires ont une morsure hallucinogène qui contrôle l'esprit et rend fou. À la fin les victimes se suicident. Et si le tribut vient de s'exploser le crâne ? Je frissonne et manque de tourner de l'œil à une telle vision. Quelle horreur !

Puis, le coup de canon caractéristique résonne dans l'air et la lumière revient, comme si de rien était.

EVREN ━゙HUNGER GAMES✔Where stories live. Discover now