Partie 113 : le point de départ

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L'éternel petit sourire d'Edmund commence à sérieusement taper sur les nerfs du Tech. Ils ne sont pas dans un salon à se faire des politesses ! Sanx, par contre, paraît parfaitement à son aise et sourit lui aussi largement. Ou plutôt il montre les dents. Il sait qu'il n'est qu'un amateur dans un jeu où M. Edmund est un vieil habitué, mais il n'a pas l'intention de se laisser déstabiliser par la simple amabilité de son adversaire, aussi hypocrite et déplacée soit-elle. Il sait aussi qu'il va devoir aider 1 au maximum à ne pas se laisser dépasser par ses émotions.

Ce qui n'est pas facile quand celui-ci retrouve enfin ses presque parents. Rien autour d'eux n'indique leur statut de prisonnier, à part le fait qu'ils ne portent pas d'armes, et que dans toute l'agitation qui les entoure il ne se passe pas une seconde sans que quelqu'un les ait sous les yeux. Le professeur Stones paraît stoïque, le professeur Milley est bien plus sombre et renfermée. Mais ils vont bien.

1 murmure :

— Professeur...

Il ne sait pas trop à qui il s'adresse. Peu importe. Sa voix suffit à leur faire tourner la tête vers lui. Stones lui sourit, Milley lui lance sourdement :

— Qu'est-ce que tu fais ici ! Tu t'es jeté dans un piège ! Tu devais veiller sur les autres !

— Ça ira. Je sais ce que je fais.

Milley en reste sans voix quelques secondes, le temps de réaliser que c'est bien 1, sa création, son petit Tech qui l'a contredite avec cette assurance tranquille. Les larmes qui commencent à faire briller ses yeux indiquent pourtant qu'il est toujours aussi émotif. Mais il a vieilli. Mûri. Grandi. Pour la première fois, le professeur Milley contemple son œuvre arrivée à l'âge adulte. Elle aussi est émue et tente de le cacher dans une brève accolade au jeune homme.

— Bon sang, si j'avais pensé que ce serait toi qui viendrais... De tous mes plans d'évasion, je n'aurais jamais cru que...

— Je sais. Moi non plus je n'aurais pas cru. Mais il a bien fallu. Alors...

Milley s'écarte, tenant le Tech à bout de bras, toujours fâchée mais fière en même temps. Puis elle s'aperçoit qu'à côté d'Edmund se trouve un adolescent extrêmement curieux, même pour cet homme-là, qui le regarde avec beaucoup d'intérêt. Voyant que son compagnon a attiré l'attention du professeur, 1 en profite pour le présenter :

— Voici Sanx. C'est mon... ami. Il m'a accompagné jusqu'ici. Sanx, voici le professeur Milley et le professeur Stones. Ce sont mes créateurs.

Pas ses parents. 1 n'arrive pas à leur donner le nom de parents devant eux. Il a bien trop peur qu'ils ne le corrigent. Pourtant ces questions de nom sont bien le dernier des soucis des deux scientifiques. Stones, qui s'approchait également de 1, s'arrête net et demande :

— Comment ça, un ami ? Quel genre d'ami ?

1 n'a pas à chercher comment répondre, Sanx s'en charge :

— Le genre d'ami chez qui on se réfugie quand on a un couteau planté dans le dos et qu'on veut se soigner sans prévenir les flics. Le genre d'ami très utile à Nava, donc.

Milley regarde 1. Difficile de dire si elle est choquée par l'insolence de Sanx ou par l'idée que le Tech ait subi une telle blessure. Mais elle n'insiste pas. Par contre Stones poursuit :

— Je veux dire, vous travaillez avec Edmund ? Avec le B.A.G.N. ? La SRAM ?

— En réalité, j'infiltre Edmund en me faisant passer pour un agent qui infiltre le B.A.G.N. en étant chargé d'infiltrer la SRAM. L'avantage de l'histoire c'est que tout le monde me paie, et je ne vous dis pas les notes de frais remboursées trois fois, c'est royal.

— Là il plaisante, précise 1. C'est juste un ami, il ne travaille pas pour un organisme. On s'est rencontré par hasard et il m'a aidé. C'est tout.

— C'est suspect, conclut Stones.

1 hausse les épaules. Il aurait pensé que ce serait le professeur Milley la plus choquée par le genre très particulier de Sanx. Celle-ci lui demande juste :

— Pourquoi est-ce que tu l'as amené ici ?

— Il a voulu venir. Je... Il m'a beaucoup aidé. À prendre des décisions. Enfin, ça paraît un peu bizarre, mais...

1 s'interrompt. Ils sont tous surveillés en permanence par des agents armés, évidemment qu'aucun individu sensé n'aurait amené quelqu'un d'aussi important pour lui dans un guêpier pareil. Mais le professeur Milley hoche la tête et semble compréhensive. Ce n'est pas le moment de regretter. Les cartes sont tirées, il ne reste plus qu'à faire avec.

1se tourne vers Edmund et lui dit :

— C'est bon, je suis prêt à ouvrir le Laboratoire, mais eux restent avec moi.

— Je croyais que tu ne voulais pas bouger avant d'avoir 2 et 6.

— Ils arrivent. Ils nous rejoindront en route. Dites à vos soldats de les laisser passer.

Edmund hoche la tête, élargit légèrement son sourire et fait signe aux soldats. Aussitôt trois d'entre eux arrivent et se mettent au garde-à-vous devant lui.

— Ça ne te gêne pas que mon équipe nous accompagne, j'espère ?

1 examine les trois soldats. Un grand gaillard qui ne porte aucune arme mais trois ordinateurs différents, une petite femme en civil mieux équipée qu'une armurerie non-tech et un homme impassible derrière ses lunettes de soleil. Impossible de déterminer exactement quel danger ils représentent. Tant pis. Trois agents, même excellents, ça reste encore un nombre raisonnable. Évidemment, 1 se sentirait plus rassuré si 2 était déjà là, mais qu'ils l'attendent ou non, ça ne changera rien. Autant qu'il donne l'impression que tout est parfaitement normal.

Le groupe monte à bord d'un camion et est rapidement conduit au Laboratoire proprement dit. Les pièges et les morts montent la garde. 1 caresse la porte. Sa maison. Sa prison.

— Quand vous serez dedans, prenez ce qui vous intéresse et laissez-nous. Nous aussi nous avons besoin des informations du Laboratoire.

— Peut-être cherchons-nous la même chose, 1.

— Ça m'étonnerait.

— Allons, n'oublie pas que moi aussi j'ai participé à votre création. Et j'ai vraiment vos intérêts à cœur. Y compris votre sécurité. À tous. Surtout l'adorable petite 7.

1 se retourne brusquement.

— Qu'est-ce que vous avez dit ? Qu'est-ce que vous savez sur 7 ?

— Des choses. Entre le premier, mon garçon. Nous avons beaucoup à nous dire. »

Les Techs - Tome 1 : les secrets du LaboratoireWhere stories live. Discover now