Les Techs - Tome 1 : les secrets du Laboratoire

Partie 64 : Naelya Tosrak

Naelya Tosrak

Directrice de la SRAM

La situation est catastrophique. Pire que catastrophique. Confuse.

Et Mme Tosrak n'a pas besoin de son équipe de renseignement pour savoir qui en est responsable. Elle sait, du fond des tripes, que c'est Edmund qui a tout mis en branle, Edmund qui depuis quelques années se glisse entre l'Alliance et la SRAM avec l'habilité d'un passe-partout entre les battants d'une porte, Edmund qui sort de nulle part et sème le chaos...

Selon la logique du profit maximal, Edmund n'aurait pas dû bouger avant des années. Il était trop faible, il n'avait aucun moyen de prendre possession des enfants Techs lui-même, pas sans être pourchassé et détruit par l'Alliance - qu'elle lance le B.A.G.N. ou carrément l'armée à ses trousses - ou par la SRAM. Il aurait donc dû attendre et constituer ses forces.

Et maintenant, ce foutoir. Les enfants perdus dans la nature, le public au courant de beaucoup trop de choses, Milley et Stones disparus au pire moment. À qui tout cela peut-il bien profiter à par Edmund, qui guettait la moindre occasion d'agir ?

Et au fond, qu'il ait réellement provoqué le désastre ou se contente d'en profiter, ça compte peu. Mme Tosrak n'a pas à appliquer la justice ni à rendre des comptes à la population. Elle dirige une entreprise et son seul intérêt est de la faire fructifier. Être efficace. Qu'il ait orchestré l'attaque de l'île ou qu'il en tire un bénéfice inattendu, Edmund a étendu sa toile pour récupérer les Techs et il est certain que c'est lui qui obtient aujourd'hui les meilleurs résultats.

Et maintenant une attaque contre le Président de l'Alliance. Ça aussi, c'est signé...

« Convoquez toutes les branches. Je veux voir un arc-en-ciel complet dans mon bureau dans moins d'une demi-heure. »

Son assistant ne perd pas de temps à protester. La SRAM est divisée en branches, comme toutes les entreprises, mais l'importance de celle-ci a nécessité de développer de nombreux secteurs qui conviendraient mieux à un État qu'à une multinationale. Quand on a du pouvoir, on l'étend, et on le garde. La discipline de fer que Mme Tosrak impose à la SRAM depuis sa création a porté ses fruits, mais a rendu l'organisation lente et difficile à mouvoir. Il est temps d'activer tous les leviers, tous les directeurs de service qui auraient pu ne pas se croire concernés par les Techs, et de leur faire ressentir une saine terreur.

Et de donner des dérogations exceptionnelles. Mme Tosrak a bâti son empire sur le culte du secret, en bétonnant soigneusement l'accès à toutes les informations sensibles et en préparant une multitude de paliers labyrinthiques pour ceux qui cherchent à grimper les échelons. Elle ne sait même pas si la SRAM serait gérable par qui que ce soit d'autre qu'elle. Et pourquoi vouloir simplifier les choses à son successeur ? La SRAM, c'est elle.

Laisser ses troupes accéder à plus de pouvoir sans les contrôler lui fait physiquement mal au cœur.

Ils arrivent et s'installent peu à peu, inquiets par cette réunion extraordinaire dans un contexte de crise. Ils ne portent pas tous la blouse bicolore si folklorique de l'entreprise - certains sont en costume, d'autres en uniforme, d'autres encore en tenue de ville. Tous portent néanmoins le logo de la SRAM en évidence sur le torse, un fond bicolore sur lequel sont brodés six disques d'or disposés en cercle, entourant une étoile à sept branches également dorée. Et tous portent les couleurs de leur rang : celle de gauche indique leur domaine, celle de droite leur degré de confidentialité. Sur leur blouse bicolore ou leur badge, tous portent à droite du violet. Seule Mme Tosrak porte le blanc et noir - une façon peu subtile de leur rappeler qu'il y a des accès qu'elle seule peut avoir.

Les directeurs et directrices se regardent prudemment, avec une certaine curiosité. C'est la première fois qu'ils se rencontrent tous, à l'exception du directeur des renseignements qui a déjà enquêté sur tout le monde, sauf bien sûr la directrice des veilleurs qui surveillent le service des renseignements. Quand aux chargés de recherche et développement, vente, distribution, communication, comptabilité officielle, production, ils voient pour la première fois l'étendue des branches non officielles de la SRAM, dépassant largement les rumeurs les plus folles. Tout le monde regarde, mais personne ne dit mot. L'ambiance est tendue à crier.

Mme Tosrak s'installe.

« Vous êtes tous au courant pour l'attentat contre le Président de l'Alliance, j'imagine ?

Le directeur du renseignement acquiesce et précise :

- On m'informe de la situation minute par minute.

- Va-t-il être remplacé par Kanrish ?

- Non, il ne semble pas avoir été blessé.

- C'est déjà ça. Et les Techs ? Où sont-ils ? Comment vont-ils ?

- Je... je n'ai aucun nouvel élément à vous apporter, je le crains...

- Oui. Bien sûr. Ce sont des Techs humains. Vous n'avez aucun moyen de les rattraper.

Silence. Mme Tosrak ne regarde aucun d'entre eux, concentrée sur un point bien au-delà de la pièce. C'est la décision la plus difficile, la plus contre nature qu'elle ait jamais eu à prendre.

- C'est sans doute ma faute. Je ne vous ai pas donné suffisamment de moyens...

Elle soupire, puis se reprend :

- Bien. Chaque service se consacrera entièrement à cette tâche, en collaboration avec les autres. Je veux que tous les renseignements liés aux Techs soient partagés à tous les directeurs de service. Je veux que tous les informaticiens du Réseau soient consacrés à l'élaboration d'un piège visant à les repérer. Je veux que tous nos hommes de terrain mettent en œuvre les moyens de les retrouver, y compris les veilleurs.

- Quel niveau de classification pourra-t-on utiliser ? demande la directrice des Veilleurs.

- Vous êtes habilités à en décider par vous-même, jusqu'au niveau rouge. Mettez tout en œuvre. À présent, j'attends vos suggestions pour établir précisément le plan. »

Et tandis que les voix se déchaînent, chacun tentant de supplanter ses voisins, Mme Tosrak prie silencieusement pour qu'il ne soit pas déjà trop tard.

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Et ça y est, on en est à la moitié du livre !

(oui, ça a pris plus de temps que je le pensais ^^)

J'espère qu'il vous plait jusqu'ici. N'oubliez pas qu'il est terminé et en vente, si jamais vous voulez avoir la suite plus vite.

A part ça, je suis toujours preneuse de vos avis et commentaires !

A bientôt

Luma