Tora et l'Assassin

Trente-Troisième Chapitre

Quelques heures après notre sauvetage, nous avions repris les cours normalement comme si rien ne s'était passé malgré la peur atroce que nous avions tous eu. Lors d'une pause, la bande de Terasaka et moi-même discutions à propos de ce que nous avions vécu en fin de matinée. Nous étions sortis d'affaire pour aujourd'hui mais le gouvernement pourrait revenir le lendemain pour nous ramener à l'interrogatoire. Le professeur Koro m'avait promis que cela ne se reproduirait plus mais comment pouvait-on en être sûrs ? Nous avions fait part de ce que nous avions ressenti, pensé, voulu, puis nous avions aussi évoqué Asano. Avant de retourner en salle de classe, j'observai mon ami Yoshida qui semblait bien plus pensif que d'habitude. Je m'approchai de lui et lui fit cette même remarque.

_Je suis désolé Tora, s'excusa mon ami aux dreadlocks brunes. Je ne pourrais jamais lui faire confiance.

_Y a-t-il quelque chose qui s'est passé entre vous que je ne saurais pas ? lui demandai-je avec inquiétude.

_Non, jusqu'en début d'année, j'en avais rien à faire de ce type. C'est juste que... hésitait-il. Depuis ce qui s'est passé un peu avant ton arrivée, je ne peux vraiment plus le supporter.

Je me rappelais du moment où j'avais raconté ma scolarité et ma relation conflictuelle avec Asano avant d'arriver en classe E. Mes amis et moi-même étions tous réunis, une nouvelle fois, dans la forêt du bâtiment des E. Ils avaient été révoltés par l'attitude d'Asano envers moi. Je n'aurai jamais pensé que mon ami Yoshida en soit si touché. Je le réconfortai en lui assurant que ce n'était que de l'histoire ancienne et que maintenant tout allait bien, avant de retourner en classe. Même si j'avais convaincu mon ami que tout allait pour le mieux, au fond je savais que ce n'était pas le cas. Asano n'était pas le problème. Je m'étais rendue compte que quelque chose n'allait pas depuis un petit moment mais j'étais incapable de savoir ce que c'était.

Quelques jours plus tard, le professeur Koro nous annonça avec une immense joie le début de notre projet extrascolaire : détourner un vaisseau spatial et voler des données scientifiques. Il avait réussi à intercepter un message du gouvernement où il était inscrit : "La capsule contenant les données amerrira dans le Pacifique. Afin de prévenir le vol des données par le monstre surhumain, la capsule retournera au laboratoire sans être ouverte."

Le gouvernement savait que le professeur Koro essayerait tout son possible pour se procurer ces données scientifiques, c'est pour cela qu'il les avait disposés dans un coffre en plein milieu du Pacifique. Le poulpe jaune était incapable de prendre contact avec l'eau, cela le faisait enfler et il devenait incapable de bouger. De plus, il ne pouvait rien soulever de lourd donc il était incapable de voler les données placées dans un coffre de cinq tonnes. C'est pour cela qu'il fallait y accéder dans l'espace. Mais quelque chose dérangea une élève parmi nous.

_Le Japon a-t-il la technologie nécessaire pour organiser un vol habité ? demanda intelligemment la gymnaste aux cheveux courts de la classe.

Le poulpe jaune lui répondit que la technologie était assez fiable pour faire notre opération. C'était peut-être son existence qui en avait forcé le développement ?

Le voyage dans l'espace me paraissait vraiment trop compliqué à réaliser mais le professeur Koro ainsi que l'équipe qui se chargeait d'élaborer l'opération, dirigée par Itona, m'ont expliqué en détails et m'ont assuré qu'il n'y avait pas de danger à risquer. Bien évidemment, les autres élèves et moi-même appréhendions beaucoup cette excursion mais nous avions tellement travaillé ensemble que nous avions réussi à tous nous faire confiance.

Une fois que tous les préparatifs avaient été faits, le délégué de notre classe, Isogai, membre de l'équipe organisant l'excursion, nous informa que seuls deux d'entre nous pourront embarquer dans la navette spatiale prévue pour l'opération.
Cela promettait d'être intéressant mais je n'osais pas m'aventurer dans cette aventure. Je n'étais pas vraiment prête à vivre une expérience comme celle-ci. Je ne me sentirai pas à l'aise après avoir quitté la planète. C'était certainement quelque chose qui m'effrayait. Sans surprise, lorsqu'Isogai demanda ceux qui voulaient s'aventurer dans l'espace, ce sont les garçons qui se sont proposés, les filles devaient certainement penser comme moi.