Je lance l'un des sons pour tenter de me souvenir à quoi, cela correspond. La musique entrainante me fait bouger la tête. Sans fausse modestie, je maîtrise plutôt bien mon sujet.

-Coupe ta merde.

Je sursaute étonnée d'entendre la voix d'Hakim. Ok. Il est bien plus en colère que ce que je supposais. M'exécutant presque immédiatement, je coupe le son. J'hésite entre l'envoyer bouler et sortir mon casque.

-Est-ce que Sir Mekra a besoin d'autre chose ? les mots ont à peine franchit mes lèvres que je réalise que le sarcasme n'était peut-être pas l'idée du siècle.

-Ouais, la prochaine fois que tu décides de te retourner le veau-cer, vient pas crier à l'aide. Reste dans ta merde.

-Tu sais que je t'ai pas appelé ? Si tu veux partir, tu peux.

Il grogne, mais ne répond pas. À la place, il préfère relancer son jeu et continuer à m'ignorer. Si je ne le connaissais pas aussi bien, j'aurais pu de me vexer de son manque de réaction. Le truc, c'est que je le connais par coeur. La majeur partie du temps, je suis parfaitement en mesure de deviner ce qui se cache sous ses regards noirs. Alors, je remarque presque immédiatement la manière dont son regard même s'il est fixé sur la télé, m'observe à la dérobé. Je remarque la tension dans son corps comme s'il se retenait de dire quelque chose. En l'occurrence me pourrir.

-Bon, tu vas me bouder encore longtemps, je demande ne supportant plus la tension dans la pièce.

C'est la première fois qu'on passe du temps ensemble depuis très longtemps. J'ai pas envie que ce temps que nous avons à notre disposition soit gâché par mes actions passées. Surtout qu'en soit ça ne le regarde pas. Si j'ai envie de me tirer à l'autre bout du monde sans prévenir personne, c'est moi que cela regarde.

C'est de la mauvaise foi. Même si j'ai la possibilité de me tirer à l'autre bout du monde comme je l'entends. Je dois au moins au personne qui m'aime, de les tenir informé. Ce que je n'ai pas fait en partant à Londres.

-C'est bon, c'est juste une histoire de merde on va pas en faire un drame, je poursuis pour le faire réagir.

-Tu sais que notre daronne s'est barré quand Fram avait neuf ans ? Exactement comme toi, un jour elle était là et le lendemain elle était plus là. T'imagine l'état dans lequel il était ? Alors non c'est pas juste une histoire de merde.

La réflexion me pique. Bien sûr que je sais et bien sûr que j'y ai pensé. En retrouvant le visage un peu enfantin de mon meilleur ami. Et bien sur que je m'en suis voulu. Mais quand j'ai fais le choix de partir. Fram n'était pas dans mon esprit. Alors peut-être que ça fait de moi une mauvaise amie.

Je laisse le silence s'installer. J'ai l'intention de lui répondre, il mérite une réponse. Mais c'est pas celle qu'il attend, alors je veux être sûr qu'il m'écoute pour de vrai.

-Ne te sers pas de Framal, pour cacher ce que toi, tu ressens, c'est trop facile. Bien sûr que je sais pour votre mère et bien sûr que j'ai pensé à Fram. Mais reconnais que c'est ce que tu as également ressentie et c'est pour ça que t'es aussi en colère contre moi, je commence et comme prévu mes paroles crée une tension dans son corps. Parce que si tu le fais, je pourrai m'excuser auprès de toi pour la peine que je t'ai causé. Je dis pas que je le ferais plus jamais. C'est un peu mon mode opératoire disparaître pendant deux trois jours. Mais je peux te promettre de toujours revenir.

Il ne m'a jamais paru aussi loin qu'à cet instant. C'est tout son corps qui se déplace discrètement pour s'éloigner de moi. Sa tête tournée en direction de la baie vitrée, je ne peux pas m'essayer à lire ses expressions du visage. Il ne protège pas seulement les personnes qu'il aime. Il se protège lui en les mettant en avant. C'est exactement ce qu'il vient de faire en évoquant Fram. Sauf que je les connais par cœur toutes ces excuses, ces tactiques. Je les utilise tous les jours pour cacher ma peine.

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