« Ok. On va à la patinoire. »

J'avais des doutes sur comment j'allais réussir à tenir sur des patins, mais vu comment tu tenais sur des rollers, je me disais que ce serait forcément drôle – ou tragique – à un moment où un autre.

On a passé la matinée à trainer. Dans le canapé, sous la douche, au lit, partout. Comme d'habitude. Mais ce jour-là on avait une bonne excuse. Alors à chaque truc qu'on faisait on y passait des heures parce que t'étais accrochée à moi comme un koala et que tu me déconcentrais sans cesse avec tes baisers, tes câlins et tes je t'aime.

« Comment je m'habille ?, t'as demandé.

— Un truc chaud où t'es à l'aise ?

— Je ne vais pas y aller en pyjama, Adam.

— Ton pyjama c'est mes t-shirt et une culotte. Bien sur que nan, tu ne vas pas y aller en pyjama, j'ai répondu et ça t'a fait pouffer de rire.

— N'importe quoi. Des fois j'ai un vrai pyjama.

— Quand ? Quand t'es nue ? C'est un pyjama imaginaire en fait ? »

Et t'as encore plus ri. J'aime tellement quand tu ris. J'aurais pu t'écouter toute la journée.

« Tu dis des choses stupides, Adam. »

Et ça aussi, ça m'a fait rire.

« Quoi ? Pourquoi tu rigoles ?

— Parce que t'es la seule personne que je connaisse qui utilise aussi souvent le mot stupide.

— Tu fréquentes des gens impolis, c'est pas de ma faute. »

J'ai pris ton visage entre mes mains pour embrasser tes lèvres.

« Un jour, je dirai des gros mots. Mais pas maintenant.

— Non. Tu ne serais plus ma Lili si tu te mettais à en dire. »

T'avais souri avant de me voler un baiser et de disparaître pour t'habiller. T'as pas été trop longue, d'ailleurs. T'as prévu des gants pour nous, des écharpes même – et on est sortis main dans la main.

Tu te souviens de la patinoire, Alice ? C'est flou pour moi. C'est vieux et j'ai surtout été marqué par tes chutes et les miennes. On avait eu de la chance, y avait pas grand monde, juste une bande de jeunes, quelques couples et une famille avec des enfants. Je me souviens t'avoir dit que c'était bien, que t'avais de la place pour tomber sans blesser personne. T'as rigolé en disant que c'était pas vrai, que c'est moi qui tomberais en premier. Tu tenais ton beau discours en continuant de patiner, sans trop regarder où tu allais parce que t'étais trop occupée à me fixer en essayant de me convaincre que j'avais tort.

Ça n'a pas raté : t'as pas vu le petit garçon qui perdait l'équilibre juste à côté de toi, et vous vous êtes rentrés dedans. On s'est d'abord assuré qu'il avait rien, il s'est excusé et il reparti patiner. Mais toi, Alice, je ne sais pas si t'avais vraiment mal, ou si c'était juste le choc de voir que j'avais raison mais tu ne bougeais pas. Étalée par terre.

« Gandhi aussi il pleurerait pour celle-là ? », j'ai dit après un instant.

T'as lentement relevé la tête et j'ai cru que t'allais me mettre un coup de patin tellement t'étais vexée.

« Oh ça va, Adam. Ça fait super mal, d'accord ? Toi t'es pas tombé. C'est dur par terre.

— Mais oui. Allez, lève-toi, on dirait une étoile de mer. »

T'as voulu rire mais tu ne pouvais pas parce que t'étais censée être fâchée contre moi, alors t'as mordu tes joues et j'ai attrapé ton bras pour t'aider à te relever. Tu continuais ton cinéma en tenant ton coude comme s'il allait tomber ; j'ai fini par entrer dans ton jeu.

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