Partie 4

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Je savais qu'Annabelle n'était pas d'accord avec notre couple, t'avais pas arrêté de me le dire. Mais je ne pensais pas qu'elle était aussi infernale et aussi méchante avec toi. Tu sais à quel point je suis désolé de ne pas l'avoir remarqué avant parce que t'as supporté ça toute seule dans ton coin, même si je n'ai jamais vraiment compris pourquoi tu ne m'en avais jamais parlé non plus. Enfin bref, le jour où j'ai compris la rancœur de ta sœur, c'était à une soirée que Jamie et Suzanne avaient organisée avec ma petite bande d'amis de l'époque. J'y ai été seul parce que tu faisais du baby-sitting – t'étais mignonne avec tes petits boulots d'enfant parfois – et à priori, je n'aurais pas dû rentrer trop tard. Mais l'ambiance était tellement bonne que ça a traîné ; entre la naissance de Tommy, les fiançailles de Jamie et tout un tas d'autres trucs, on n'avait pas fait ce genre de rassemblement depuis longtemps, alors je voulais en profiter au maximum. C'est pour ça que je t'ai dit de nous rejoindre car tu n'étais pas loin.

Le comportement de ta sœur a immédiatement changé quand j'ai été t'accueillir et que t'as posé tes lèvres sur les miennes.

Je ne l'ai pas vu de suite, je l'ai vu quand t'as raconté un truc à Suzanne en rapport avec une soirée où Annabelle n'avait pas voulu venir, et que vous vous êtes mises à rire sans elle. Je l'ai vu parce qu'elle a soupiré et qu'elle t'a bousculé violemment en se levant, sans un regard, sans un pardon. T'as rien dit et je me suis mordu la langue pour ne pas avoir de réaction excessive.

« Suzie, tu viens, on va préparer le dessert ? », a ordonné ta sœur.

Suzanne s'est levée et t'as voulu en faire de même, mais Annabelle t'a fait signe de rester assise alors t'as rien dit. Tu t'es blottie contre moi – pendant que je continuais de rétamer Jamie et Fred au Poker – et j'ai passé un bras autour de ta taille. J'ai senti que tu n'étais pas dans ton assiette alors j'ai déposé un baiser sur ton front, et j'ai passé discrètement ma main sous ton t-shirt pour pouvoir caresser ton dos. Je sais que ça t'apaise un peu, et j'avais besoin de tenter quelque chose – je ne pouvais pas rester à ne rien faire. Je n'ai jamais aimé quand t'étais comme ça parce que t'avais tendance à t'enfermer dans ton monde, celui auquel j'avais pas accès, et ça m'a toujours terrifié. Aujourd'hui encore, je me demande ce que tu y cachais, et je remarque une fois de plus à quel point ton prénom t'allait bien. Je ne savais pas ce qui te mettait dans cet état parce que t'étais plutôt du genre à te ficher de tout et à ne pas te laisser abattre, mais là, t'avais l'air de ne pas te sentir à l'aise – à tel point que j'ai voulu te dire de prendre tes affaires pour qu'on rentre. C'était la première fois que ça arrivait, et je n'avais aucune idée de comment gérer la situation ; à choisir, je voulais le faire tranquillement chez nous, pas devant ta sœur. On ne les voyait pas souvent, mes potes, mais n'empêche que t'étais bien intégrée. T'as jamais été sauvage, tu parlais facilement avec les gens, et puis surtout, tu les fascinais. Avec ta façon de parler, de bouger, puis d'être tout simplement. T'étais parfaite Alice. Je l'ai toujours dit et je ne cesserai jamais de te le dire. T'étais parfaite et j'ai conscience de la chance que j'ai eu d'avoir pu partager un bout de ma vie avec toi.

Ta sœur a finalement apporté les desserts et c'est là que j'ai compris ton malaise parce qu'elle a servi tout le monde sauf toi.

« T'as oublié ta sœur, a dit Jamie.

– Elle n'était pas prévue. Y a rien pour elle. », elle a sèchement répondu.

Et toi, tu n'as pas eu de réaction, rien. Comme si c'était normal. Mais ce n'est pas ton genre alors j'ai froncé les sourcils.

« Vas y Anna, on partage tous un peu avec elle. », j'ai tenté.

Mais cette grosse conne, elle a secoué la tête et t'as soupiré.

EndlesslyWhere stories live. Discover now