D'ailleurs, Sam me regarde pour savoir comme est-ce qu'il doit agir. Malgré tous les signes extérieurs qui me prouvent que Ken est déjà dans une colère noire, je décide de pousser le bouchon un peu plus loin. Je me penche vers Sam et lui murmure de m'attendre au fumoir. Il me regarde droit dans les yeux pour savoir si je suis sûr et je confirme en lui souriant. Il se lève laissant son tabouret à Ken qui le prend immédiatement. Je me lève et commence à suivre Sam, mais Ken m'arrête en attrapant mon bras.

-À quoi tu joues ?

Je hausse les épaules, l'air de dire que je ne sais pas as quoi il fait référence. Ce qui a le don de l'énerver encore un peu plus.

-Dinah, c'est pas drôle, pourquoi est-ce que t'es là ?

-C'est un club et je voulais sortir avec mes copines.

-Et y a que cette boite dans Paris ?

Agacée par sa réponse, je hausse à nouveau et lui réponds que je ne veux pas faire attendre Sam. Ken donne un coup dans mon verre qui se trouve sur le comptoir de bar. Je l'entends s'exclamer « putain » mais je ne me retourne pas pour le voir faire. Je sais que dois lui parler. Mais je n'arrive pas. Les mots sont bloqués dans la gorge. Je préfère prendre la fuite. En l'occurrence, je rejoins Sam dans le fumoir. Passant devant Framal, je fais à nouveau le choix de l'ignorer. Sauf que cette fois, je sais qu'il m'a vu.

Je ne fais pas dans la demie-mesure si tu ne veux pas être mon ami, je ne te donnerais même pas l'heure.

-T'as une histoire avec Nekfeu.

Comment mettre les pieds dans le plat. Je ne veux pas lui mentir, alors je lui explique rapidement la situation. Il y avait effectivement quelque chose entre nous, mais c'est plus le cas. Désormais, c'est plus de la jalousie mal placée qu'autre chose.

Sam secoue positivement la tête avant de m'expliquer qu'il cherche quelque chose d'honnête, qu'il n'a pas le temps pour les drames qui semblent me suivre. Surtout pas, avec quelqu'un d'aussi implanté dans la scène hip-hop parisienne que Ken. Je comprends. Le mec est danseur, il a besoin de contact pour faire son métier, se mettre à dos Ken n'est pas une bonne chose. Je finis quand même par lui donner mon numéro. Il est cool et j'adorerai le voir danser un jour.

Framal et Ken entrent dans le fumoir juste au moment au Sam dépose un bisou sur ma joue pour me dire au revoir. Miraculeusement, il parvient à en sortir entier. Et je regrette immédiatement sa présence, quand je réalise que ce n'est plus que moi et les garçons dans le fumoir.

-Tu ne rentres pas avec lui ? demande Ken comme si de rien n'était.

Je suis prise d'une immense fatigue. Le genre de fatigue qui tu ressens jusque dans tes os. J'en ai marre d'être en colère contre lui. J'en ai marre qu'il m'insulte, j'en ai marre qu'il se foute de ma gueule, marre de toujours passer pour la mauvaise fille.

-Tu penses vraiment que je couche avec tout Paris ? je ne lui laisse pas le temps de répondre. Je suis pas venu pour ça. Je veux savoir pour Masque Blanc.

Il pas besoin de parler pour que je comprenne. La façon dont le poids de son corps se balance d'avant en arrière, la manière dont il passe la main dans ses cheveux avant de replacer sa casquette. Je sais. Je crois que j'ai toujours su, mais je ne voulais pas me l'avouer.

- Comment est-ce que t'as pu faire ça ? Est-ce que tu réalises à quel point t'es méchant avec moi ? Au départ, t'étais en couple depuis deux ans et t'as ramené ta meuf à mon anniversaire pour quoi, me taper la honte ? Tu passes ton temps à m'humilier en m'insultant à la moindre occasion, qu'est-ce que tu veux de moi ? Tu me détestes tellement que t'avais besoin de m'effacer de la jaquette de l'album ? Laisse moi tranquille putain, laisse moi tranquille.

Je perds mon souffle. Mon cœur bat vite, des larmes perlent à mes yeux. Je me déteste de paraître aussi faible devant lui, devant eux.

Mais je contrôle plus mes émotions, je ne contrôle pas ma respiration. Ni la crise d'angoisse que je sens venir en moi. Elle me tord l'estomac, je suis obligée de m'asseoir par terre parce que je peux pas empêcher les tremblements de survenir dans mon corps.

-Mec, je crois qu'elle fait une crise d'angoisse.

Je sens la main d'Idriss sur mon épaule et son contact déclenche une sorte de crise d'hystérie chez moi. Je lui hurle de ne pas me toucher de dégager loin d'ici, que je veux plus jamais le voir, que c'est un monstre et qu'il m'abandonné. Idriss en sait beaucoup sur moi. Je ne lui ai pas tout dis, mais je me suis définitivement ouverte à lui après l'intervention qu'ils m'ont fait passer lui, Alice et Moh. Je regrette tellement de lui avoir dit certaines choses, surtout quand je vois là où nous en sommes.

Ken me prend dans ses bras et me sert fort malgré les coups que je lui mets. Il me murmure des choses à l'oreille que je ne comprends pas au début, mais plus ma respiration se calme plus ce qu'il me dit est intelligible.

-Je suis désolé, je suis tellement désolé Dinah, calme-toi, s'il te plaît calme toi.

Je reprends doucement mon souffle qui n'est coupé que par les sanglots qui sont encore coincés dans ma gorge. Au bout d'un moment, je me séparer de ses bras. Mon corps entier me fait mal. Je veux rentrer chez moi. C'est à peine si je le regarde lorsque je sors du fumoir. Je ne sais pas ce qu'il pense, je ne veux pas le savoir.

Je voulais m'énerver contre lui, lui en faire voir de toutes les couleurs à la place se sont mes vieux démons qui l'on emporter.

C'est la seconde crise que je fais dans la journée et la troisième en moins d'un mois. C'est tellement un recule en arrière que je ne veux pas réfléchir à ce que cela signifie. Je retrouve Brahim devant la boite et lui demande si je peux attendre avec lui l'arrivé mon Uber. Je profite d'avoir du réseau pour envoyer un texto aux filles pour leur dire que je suis rentrée et qu'elles ne doivent ne s'inquiéter pas pour moi.

Quand je monte dans le uber, je vois Ken sortir de la boite, et monter à son tour dans la voiture. La tête tournée vers la vitre de la portière, je refuse de le regarder. Pourtant, je sens la main de Ken se glisser dans la mienne.

-Je ne te déteste pas, je pourrais jamais te détester.

Les frissons sont de retour. Dans ma tête, c'est juste vide.

On est MERCREDI youpi, j'aime ces petits date (vous dite un ou une date ?) qu'on a chaque semaine... Bref je me perds. Je voulais remercie pour tout vos commentaires, notamment sur le chapitre précédent. Y'a un gros girl power qu'est en train de naitre j'adore. 

Je vous invite aussi très fortement à aller écouter La nuit des parachutes de Terrenoire, cette chanson est juste magnifique. 

Je vous envoie plein d'amour

IBGY-T 

THUNDERWhere stories live. Discover now