LES RETROUVAILLES

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Lorsque nous arrivons devant la porte de chez sa mère, je donne la clef de sa maison. Sa maman avait voulu que j'aie un double, car elle avait du mal à se déplacer dans l'appartement. Je savais qu'elle l'avait prévenu son fils. Sharkan hésita à la prendre puis respira un bon coup. Il la mit dans la serrure et tourna. Il l'enleva et ouvrit la porte. Il était enfin chez lui après plus de neuf mois de détention. Nous entrions dans le logement et nous nous dirigeâmes vers la cuisine. Sa mère était assise à table, en train de lire son journal. Elle relevait les yeux vers nous et elle éclata en sanglots. Elle se leva difficilement et se tourna vers lui. Sharkan vint la prendre dans ses bras et la serra tout doucement contre lui. Elle lui dit à quel point, il lui avait manqué et il lui avoua la même chose. Ils se dirent qu'ils s'aimèrent. Je ne pouvais me détourner de cette scène si belle et si pleine d'amour pour moi. Cela me fait mal au cœur de savoir que je n'aurais plus jamais cette chance de prendre ma mère ni mon père dans mes bras vu qu'ils étaient décédés. Ils étaient

morts dans un crash d'avion. Ils avaient voulu fêter leur vingtième anniversaire de mariage. Oh, ils avaient pu profiter de leur voyage et au retour... Jusqu'à ce que la mort vous sépare ! Ces mots, on prit à ce moment-là un sens véritable pour moi. Ce jour-là, je posais pour la saison de l'été. Lorsque je suis retourné dans ma loge, j'ai vu sur mon téléphone que j'avais manqué un appel d'Andréas. Je m'étais demandé pourquoi il m'avait appelé vu normalement, il était en vacances. C'était un moment sacré pour lui. Donc, j'allais sur la messagerie. Andréas apprenait d'une voix douce et tendre que l'avion dans lequel se trouvaient mes parents, était tombé au-dessus de l'océan Atlantique. Ce fut le début du pire pour moi. Pendant plus de six mois, je suis tombé en dépression. Je ne sortais plus et j'avais perdu beaucoup de poids. Andréas a été le seul à m'engueuler pour que je me bouge. Il m'emmena au Japon et là, on y resta six mois. Un jour, mon cousin me raconta comment ses parents étaient décédés. Les siens avaient été tués par un tueur en série. Il avait sept ans et avait pu partir dans l'immense propriété américaine. Ces petites caches l'avaient sauvé. Et quand, il était revenu dans la bibliothèque, il avait découvert

ses parents tués et démembrés. Il était resté avec eux jusqu'à l'arrivée de la femme de ménage. J'avais beaucoup pleuré pour moi, mais aussi pour lui. J'avais repris à vivre normalement et avec mes morts. Depuis ce temps-là, il est là pour moi. N'avait-il pas tout fait pour que Sharkan soit libéré ? Pour que leur avenir soit heureux ? Je fus subitement ramené au présent lorsque Sharkan m'appela pour me demander de venir avec d'eux. Je ne veux pas me retourner et lui montrer mon visage ravagé par les larmes. Mais apparemment, Sharkan ne l'entend pas de cette oreille-là. Il vient se poster derrière moi en passant ses bras autour de ma taille. Il approche sa bouche tout près de mon oreille et me demande ce qui ne va pas. Je lui répondis que nous en parlerons une fois que nous serons chez nous. J'essuie les larmes avec ma manche.

- Désolée, Suzanne, mais c'est pour vous, dis-je en lui donnant le bouquet de fleurs et les gâteaux.

- Vous n'auriez pas dû, Siorenzo ! Vous me gâtez toujours quand vous venez me voir. Merci beaucoup. Fils, occupe-toi de cela

pendant que je dis bonjour à Siorenzo correctement.

Sharkan prend les fleurs et les gâteaux tout en souriant. Sa maman n'a pas changé. Et cela lui va ! Voir sa mère dans les bras de son amoureux lui fait du bien. Il est très heureux. La vie va être belle maintenant, se dit-il en allant chercher un vase. Suzanne tapota la joue de son beau-fils. Oh ! Elle aurait préféré que son fils aille avec une femme, mais ce jeune homme était quelqu'un de bien et qu'elle appréciait énormément. Ils s'asseyaient et regardèrent Sharkan mettre les fleurs dans le vase et les pâtisseries dans des assiettes. Il prépara le café et sortit tout ce qu'il fallait. Suzanne me demanda si tout allait bien. Je lui répliquais que oui. Un jour, où je n'avais pas eu trop le moral, je lui avais raconté pour mes parents. Pas pour Andréas. Je n'avais pas envie qu'il me tue ! Elle avait écouté, mais n'avait pas jugé, juste aidé devant ma peine. Et après cela, j'avais pris le relais pour la sécuriser pendant l'absence de Sharkan. Cette femme n'était pas ma mère, mais elle était devenue une mère de coeur. Il s'était dit qu'il devrait la présenter à Andréas. Il le savait gay mais surtout très seul. Ils

Un soutien inattenduWhere stories live. Discover now