Lettre n°1 : Réponse

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Cela faisait déjà trois mois que j'étais dans une cellule de deux mètres carrés à me poser cette sacrée fichue question quand tout à coup, mon nom et prénom sont cités par un gardien.

- Sharkan Tiago, tu as reçu du courrier. J'espère que tu connais la procédure ? Tout courrier pour les détenus doit être vérifié avant de le donner.

- Oui, je connais la procédure.

Le gardien me tend une enveloppe et je m'empresse de la prendre. Je me demande qui aurait bien pu m'écrire. Et depuis que je suis enfermé dans ce trou à rat je n'en ai jamais eu. Assis sur ce qui ressemble à un matelas, je retire la lettre de son enveloppe et je commence à parcourir son contenu. Après avoir terminé de lire ce qu'elle contenait, la première pensée qui me vient à l'esprit, c'est que je déteste me justifier.

Surtout auprès des inconnus. Mais, ce garçon m'inspire confiance sans même l'avoir vu ni même le connaître. Alors, sans perdre une minute de plus, je vais m'installer derrière le bureau et je m'empare d'une feuille et d'un stylo.

« Siorenzo,

Moi, je m'appelle Sharkan comme tu as pu l'entendre aux informations. J'ai 28 ans. Que puis-je te dire sur moi ? J'espère que tu ne me jugeras pas sur tout ce que je m'apprête à te dire.

Par où commencer ?
Je n'ai pas d'emploi, ma mère est gravement malade. Je suis au chômage et le traitement dont a besoin ma mère coûte excessivement cher. A ça plus le loyer, les charges et les courses dont on a besoin pour le mois, je n'avais plus rien sur mon compte. Je ne compte plus le nombre de fois où nous nous sommes retrouvés sans un sou à partir du 20 de chaque mois. Je voulais à tout prix nous sortir de cette galère.

Alors un soir, j'ai décidé d'aller cambrioler une maison voisine. En la fouillant, j'ai repéré un objet en or et sur le moment, je me suis dit

que cela pourrait nous aider à acheter le traitement de ma mère et d'acheter de quoi manger jusqu'à la fin du mois. Je n'ai jamais pensé que cet objet avait énormément de valeur. Je m'étais lourdement trompé vu la baraque où je me trouvais. Il y avait une sacré alarme aussi ! A réveiller tous les morts ! Les propriétaires de la maison sont arrivés immédiatement. Le mec a pointé un fusil sur moi pendant que sa femme contactait la police. J'ai été emmené au poste où ils sont pris ma déposition. Ensuite, ils m'ont placé en garde à vue. Une semaine plus tard, je suis passé devant un juge et la sentence est tombée. J'ai écopé de deux ans de prison prenant effet immédiatement. Je n'ai même pas eu le temps de prévenir ma mère que les policiers m'emmenaient déjà pour ma future demeure dans laquelle je passerai deux ans.

Maintenant, ma mère se retrouve seule et je ne sais même pas comment elle va faire pour se soigner. Je suis vraiment désolé, je ne sais même pas pourquoi je te raconte tout ça. Après tout, tu as ta vie à vivre et tu t'en contrefiches de ce qui peut m'arriver.

Seulement voilà, j'avais besoin de parler à quelqu'un de mes malheurs. J'imagine que maintenant tu ne m'enverras plus jamais de lettre vu que tu connais toute l'histoire.

Je ne suis qu'un moins que rien. Je ne mérite pas ton soutien et encore moins l'attention d'un jeune homme comme toi qui a toute la vie devant lui.

Tu ne devrais pas perdre ton temps à parler avec une personne ne comme moi. Je ne suis qu'un déchet de l'humanité.

PS : sache que je tiens à te remercier pour ta lettre. Cela m'a fait beaucoup de bien de parler à quelqu'un. Tu as l'air d'être un gars bien. Je te souhaite beaucoup de bonheurs dans ta vie.

Au revoir, Siorenzo.

Sharkan. »

Après avoir relu la lettre, je l'ai glissée dans une enveloppe que je ne ferme pas afin que son contenu soit analysé par le directeur de la prison. Il jugera si oui ou non elle peut être envoyée.

Un soutien inattenduHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin