Partie 104 : se méfier de l'eau qui dort

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« J'ai besoin de votre voiture. Passez-moi vos clés. Allez ! Remuez-vous ! »

La femme se recroqueville sur elle-même. Comprenant qu'elle n'en tirerait rien, Ève court jusqu'à la cuisine, Steven sur ses talons, et fouille le sac à main de la femme jusqu'à trouver ce qu'elle cherche. Une fois arrivée au garage, elle réalise qu'elle n'en aurait même pas eu besoin. Les voisins vivent dans une maison plutôt modeste mais ils possèdent une belle voiture dont l'ordinateur de bord est tech.

Ils grimpent dedans. Avant qu'ils ne démarrent, 6 pose sa main sur la jambe ensanglantée d'Hindgam. Il est sûr d'avoir senti un fragment de tech resté dans le gras de la cuisse... Oui, il le sent à nouveau et l'attire vers lui. Ève hurle sous cette douleur inattendue tandis que la balle traverse sa jambe dans l'autre sens. Steven sursaute.

« Pardon ! s'exclame-t-il. Je voulais l'enlever...

Ève regarde. Au creux de la main du petit garçon, la balle luit sous le sang. Et ça, c'est une excellente nouvelle. Ça veut dire que ces abrutis de la SRAM tirent sur un Tech avec des armes techs. Un sourire de requin s'étale sur le visage de l'attachée de presse.

— Changement de plan, mon grand. Là, ils vont vraiment regretter de nous avoir fait chier. »



1

Instinctivement, tandis qu'il appelle Edmund, 1 prend la main de Sanx. Ce contact le rassure. Un peu. Il y a tant de façons dont il peut échouer, à cette minute. L'angoisse lui serre la gorge et le ventre comme un serpent glacé qui s'amuserait à l'étouffer lentement. Mais renoncer serait un échec à coup sûr.

Edmund a donné des ordres. De tous ses numéros ultra-sécurisés, seul celui que connaît 1 n'est pas changé toutes les six heures. Il répond immédiatement.

« Qu'est-ce que tu fais ?

— Je prends des otages. Je ne savais pas combien de vies humaines il vous faudrait pour faire pencher la balance, alors j'en ai pris beaucoup.

— Tout ça ne servira à rien. Ce que tu désires, j'allais te l'offrir. Et je peux encore te l'offrir. Tu n'as qu'à effacer ces stupides alertes, faire disparaître tes traces et monter dans l'avion que je t'ai préparé. Fais-moi confiance. Tout ce que tu gagneras à agir sans réfléchir, c'est une guerre mondiale.

— Et c'est quoi que je désire ?

— Une vie protégée pour toi et les autres Techs. Quand te mettras-tu dans la tête que je ne vous veux aucun mal ! Vous êtes aussi mes enfants !

Ça aurait pu être une réponse parfaite. Ça l'aurait été si Edmund l'avait dite plus tôt. Maintenant il est trop tard, 1 sait que "protégé" peut être un synonyme de "prisonnier". Et il ne veut pas d'un nouveau parent. Il a déjà largement de quoi faire avec les siens.

— Libérez 6, 2 et les professeurs, et je libère l'aéroport. Ensuite laissez-nous tranquilles. Si vous essayez de faire quoi que ce soit contre nous, nous frapperons. Vous ne pouvez pas nous arrêter tous les sept. Et maintenant que nous savons que vous êtes prêt à tout, nous sommes prêts à tout aussi, et nous avons le pouvoir.

— Ce n'est pas moi qui ai enlevé 2.

— Vous êtes sur ses traces. Lorsque vous l'aurez retrouvée, je veux que vous la libériez — ce n'est tout de même pas compliqué à comprendre !

— Calme-toi.

— Je suis calme ! hurle le Tech.

Sanx lui passe la main dans les cheveux et lui murmure : « Un calme olympien. Continue, ne le laisse pas te déstabiliser ». 1 se force à respirer lentement. Il n'a pas de quoi paniquer. Il a de bonnes cartes en main.

Les Techs - Tome 1 : les secrets du LaboratoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant