- Tu peux pas te barrer sans rien dire et pas donner de nouvelles pendant trois jours.

- Avec les gars, on a fait tous les coins de Paris avant qu'Alice nous dise que t'étais peut-être ici, poursuit Moh

Je comprends parfaitement pourquoi ils sont aussi en colère contre moi. J'ai pas l'habitude que des gens en dehors de mon père en aient quelques choses à faire de là où je me trouve. Marc sachant parfaitement que je suis ici depuis samedi, pas une seule seconde, il n'est apparu à mon esprit que je devrais peut-être prévenir les garçons. Et puis soyons honnête, je réponds jamais à mon téléphone. Au point que s'en ai presque un défaut.

- Nek est dans un état, reprend Moh.

Je l'interromps sans aucune forme de procès. Je ne veux pas entendre parler de ce type. Ces derniers jours, j'ai fait un travail de fou pour enfouir absolument tout ce que je ressens pour lui et j'ai bien l'intention de continuer dans cette voie. Alors ils peuvent m'engueuler autant qu'ils veulent à propos de ma « disparition ». Mais Ken, c'est hors limite.

- J'en ai rien à faire de Ken. Ok, j'aurais peut-être dû vous dire où j'étais, mais l'autre, il peut aller se faire foutre et bien profond de préférence.

Ma virulence les faits sourire. Je ne jure jamais, en tout cas rarement. Mais c'est parce que je suis très sérieuse, je ne veux pas entendre parler de ce type.

- Il nous a dit ce qui s'est passé, lance Framal.

Mes yeux se baissent sur mes doigts et je commence à jouer avec mon vernis. Même si je n'ai pas envie de parler de lui, il y a des zones d'ombre dans cette histoire que j'aimerais éclairer. La première étant ce qu'il pense qu'il « s'est passé » comme dit Fram. Je suis sûr que leurs réponses ne vont pas me plaire, mais ma curiosité me tuera :

- Il vous a dit quoi ?

Face au silence que j'ai en réponse, mon impression que je ne vais pas aimer ce qui va suivre se confirme. God ! Je suis trop conne. Je l'avais senti. Vous savez cette sensation qu'on a au fond des entrailles qui nous dit qu'il a quelque chose de pas normal. Je pensais que c'était juste moi, qui dans ma tendance auto-destructrice faisais tout pour ne pas être heureuse. J'aurai dû me faire confiance.

- C'est un peu ma faute, finit par dire Moh. Je suis passé chez Nek avant d'aller à ta soirée, il était avec Sophie et je sais pas pourquoi je lui ai demandé si elle venait à la soirée.

Je n'ai pas besoin de savoir plus. Je peux imaginer la réaction de sa meuf. Elle a dû trouver mes bagues sur sa table base, les trucs ont du s'escalader avec la question de Moh. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi il était là ? Pourquoi est-ce qu'il est venu avec elle ? Il pouvait juste ne pas venir.

- Vous saviez qu'il avait une copine ? je suis incapable de lever les yeux en posant la question, j'ai trop peur qu'ils voient à quel point je suis touchée.

- Ça fait deux ans qu'ils sont plus ou moins ensemble, c'est encore Moh qui répond. Je savais pas qu'il y avait un vrai truc entre toi et le fennec sinon j'aurais jamais dit à Sophie de venir.

Je ne relève pas la tête. Mes yeux restent fixés sur mon vernis. Framal savait et il n'a rien dit. Il m'a rien. Et ça finit par me revenir. Il m'a prévenu, d'une manière détourné et totalement déranger. Plusieurs fois même. Il m'a dit que Ken été instable, il m'a dit que je ne devais pas m'approcher de lui. Je suis une grosse blague et je peux m'en prendre qu'à moi-même.

Deux ans, c'était même pas récent. Genre, il nous a rencontré en même temps et il hésite entre nous deux. En fait, je suis juste la maîtresse. Mais tout est tellement plus clair désormais. Pourquoi il était toujours son téléphone. Pourquoi on était toujours chez moi. Pourquoi les mecs étaient aussi réticent à ce que je me rapproche de lui. Je relève la tête et renifle pour éviter que mes larmes coulent. Quand je suis à peu près sûr qu'elles ne vont pas déborder, je reprends :

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