THUNDER

15

Je lui dois beaucoup. Après ce que j'ai baptisé la débâcle du samedi matin, il est resté toute la journée avec moi. Il m'a aidé à voir plus clair dans mes sentiments, mais aussi sur ce que je devais faire par rapport à Ken. Je sais qu'en principe, c'est ce que les amis font. Mais j'ai pas l'habitude qu'on fasse autant attention à moi, qu'on prenne soin de moi, parce qu'on a envie de le faire, pas parce qu'on est payé pour le faire.

J'attrape les documents posés sur le siège avant de ma voiture et en sors. Contrairement à la dernière fois, je n'ai pas d'appréhension lorsque je toque à la porte. Mais comme la dernière fois, c'est 2zer qui m'ouvre. J'ai pas le temps de comprendre ce qui m'arrive. Il me prend dans ses bras avant de me dire qu'il a une course à faire. Quand je rentre dans le studio la pièce est vide à l'exception de Ken assis devant la table de mixage. Les alarmes dans mon corps commencent à retentir. C'est un piège pour que je me retrouve seule avec Ken. Oubliez ce que je viens de dire, je vais tuer Fram.

- Comment est-ce que tu as convaincu Fram de faire ça ?

- C'était pas facile.

Je secoue la tête et m'assois sur la table basse et le regard droit dans les yeux. J'ai l'impression qu'il est aussi mal à l'aise que moi, à la manière dont il passe nerveusement une main dans ses cheveux.

- J'ai quelque chose pour toi, plusieurs choses en réalité, je commence.

Il relève la tête étonné. Je sais pas comment il me perçoit, mais il a l'air étonné que je sois ouverte à la conversation. Je suis pas un monstre. Je reconnais que je suis un peu lunatique et émotionnelle instable, mais part principe, je préfère la conversation à l'énervement.

Je lui tends l'enveloppe kraft avec les documents que je devais lui donné depuis des jours. Il me regard attendant une explication, par un geste, je lui fais comprendre qu'il n'a qu'à ouvrir l'enveloppe, ce qu'il fait.

- T'es sûr ? demande-t-il

- Oui, je te l'ai donné, et je reviens jamais sur mes paroles. Enfin si, mais pas ce genre de parole, la chanson est à toi. Il suffit que tu signes.

Il attrape un stylo signe les deux exemplaires du contrat et m'en donne un qui je glisse dans mon sac.

- Je voulais également m'excuser pour samedi. J'ai pas d'explication parce que je comprends pas ma réaction, je passe la main sur mon visage avant de reprendre. Je suis cassée Ken, pas le mignon petit cœur brisé du genre mon ex-copain m'a trompé avec ma meilleure amie. Je suis brisée dans le genre, je vois mon thérapeute trois fois par semaine. Je vais mieux maintenant, mais par moment, j'ai comme des résurgences. Toutes ces émotions qui commencent à m'envahir et je sais pas comment les gérer donc je hurle et tu méritais pas ça. T'es pas un connard, enfin si, mais pas au point de mériter d'être mis à la porte de chez moi à moitié nu.

- Ok, me coupe-t-il en prenant mes mains dans les siennes. On devrait essayer d'être amis.

- Amis ?

- Ouais, tu passes tout ton temps avec les gars et ils t'adorent. Même Mekra et a deux doigts d'installer une statut à ton effigie dans sa chambre.

- C'est parce que je suis géniale, je dis avec sarcasme.

- Tu l'es, donc on devrait essayer d'être amis.

Je récupère mes mains qu'il tient toujours pour les passer sur mon visage. On pourrait effectivement essayer, mais j'ai du mal à y croire. Je crois pas à cette idée qu'on puisse devenir ami avec des gens qu'on a vu nu. Et oui, je sais ça n'a pas de sens parce qu'avec Mekra, on s'entend de mieux en mieux. Mais j'ai été amie avec Mekra avant de coucher avec lui, donc ça compte ou alors c'est l'exception qui confirme la règle comme vous voulez.

- Et comment on fait alors ?

- Bah, j'ai un son à enregistré, et il se trouve que le compositeur du beat est ingénieur son et se trouve devant moi. Qu'est-ce que tu en dis ?

- C'est une idée géniale, je lui prends les mains et le fait lever de la chaise, incapable de contrôler mon excitation je poursuis. Hop hop champion dans la cabine, je le pousse doucement vers l'entrée de la cabine.

Je prends sa place sur la chaise et m'approche de la table de mixage, Ken me rappelle son mot de passe pour allumer son ordinateur. Je mets en place tous les réglages.

- Je vais lancer le son dit moi si ça te convient, je lance le son et il me confirme que le son lui convient. Let's roll it.

Cette fois, je lance le son et il se met à rapper. Sa voix est incroyable, elle met mon beat en valeur à un point que je ne pensais pas possible. Sa performance est pleine d'émotion à tellement point qu'elle me donne des frissons. Je ne suis pas une grande fan de rap. J'aime ce qu'il fait, ce qu'ils font, mais je ne me suis jamais vraiment reconnu dans ce genre de chanson jusqu'à aujourd'hui.

Une fois que le son se termine, je le vois poser son casque sur le pupitre prévu à cet effet. Il sort de la cabine et me regarde. La connexion entre nous est indéniable. Je crois que quelque part au fond de moi, je prends conscience que nous ne serons jamais ami. L'attraction entre nous est trop forte. Nous sommes comme des aimants, dans un sens, on s'attire dans l'autre sens, on se repousse.

- Alors ?

- Tu as quelque chose de spécial Ken Samaras, je suis impressionnée.

- Mais...

- Pas de mais, je te remercie d'avoir partagé cela avec moi.

- Oh, allez, Dinah, tu as forcément quelque chose à redire.

Je souris devant la facilité qu'il a à me lire. Comme s'il savait exactement ce qu'il se passe dans mon esprit.

- Et bien, je laisse en suspend ma phrase.

- J'en étais sûr.

- Je connais le son par cœur donc c'est facile pour moi.

- Ne ronge pas ton frein avec moi, Dinah dis-moi.

- Tu es en dehors du rythme par moment, je peux pas m'empêcher de rajouter quelque chose. Mais c'est parce qu'il est compliqué, certains temps son silencieux, ils changent la cadence.

- Quoi d'autre.

- Je..

- Dinah ?

- Je pense que tu peux faire mieux, au niveau de ton élocution. Je veux dire si tu trouves le bon rythme, ton élocution sera meilleure.

- Ok, on reprend.

Il retourne dans la cabine, et on reprend l'enregistrement. Je ne sais pas combien de temps, on est dessus. Toujours est-il que je n'oublierai jamais ces instants passés avec Ken. Nous faisions ce que nous aimons le plus. Il n'y a rien qui lie plus deux personnes qu'une passion commun. Ma musique est ce que j'ai de plus précieux dans ma vie, je sais que pour lui, c'est la même chose. C'est ce qui me donne envie de lever le matin, ce qui me maintient en vie.

J'espère que vous allez bien et que vous avez passé de bonnes vacances / fêtes. Perso je me suis toujours pas remis de mon nouvel an et oui je sais c'était Lundi. Bref, j'espère que vous avez aimé  le chapitre, je vous fais plein de bisous.

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IBGY-T