7. Meilleurs amis

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Megan se tourna vers moi en quête de réponses que je n'avais malheureusement pas.

Après des minutes de cogitation infructueuse, on se mit d'accord pour éclaircir tout ça plus tard.

On se fit un câlin avant d'emprunter toutes les deux, des directions opposées, après le deuxième carrefour. Et ça me fit tout bizarre de continuer sans Ted.

Lui et moi, on habitait le même quartier. C'était l'une des très rares fois en deux ans, où je rentrais seule après les cours.

Megan, elle, y était habituée. À priori, cette solitude ne la dérangeait pas du tout.

Des fois, je me demandais pourquoi elle traînait avec moi. Je comprenais pour Ted ; ils se connaissaient depuis toujours, mais moi... Ça ne pouvait pas être pour ce stylo que je lui avais prêté durant ma première semaine ici.

Dans mon ancien lycée, les filles comme Megan n'adressaient même pas la parole aux filles comme moi.

Elle se qualifiait souvent de banale à cause du brun commun de ses yeux et ses cheveux.

Qui aurait cru qu'une personne pouvait passer autant de temps devant un miroir sans vraiment se voir ? Ne remarquait-elle pas comment tout le monde lui enviait sa chevelure naturellement lisse et son teint hâlé proche de la perfection ?

De plus, elle était drôle et intelligente. Même Stacy l'aurait acceptée dans sa bande.

Quand on avait commencé à traîner ensemble, je me rappelais que j'étais tout le temps sur mes gardes, attendant la chute de la blague.

J'avais refusé de croire qu'elle s'intéressait à moi pour de vrai. Mais cette fille géniale s'était avérée être tout simplement... géniale.

Avant de la rencontrer, j'avais pensé que tous les enfants de riches étaient mal élevés, méchants et gâtés... mais l'héritière Spark et Carpenter m'avait donné tort par sa différence. En effet, à son attitude, personne ne pourrait deviner qu'elle vivait dans une maison qui avait tout d'une villa.

Cette bâtisse était l'incarnation même du luxe ; depuis le double escalier à l'entrée et le sol marbré, jusqu'aux meubles tout droit sortis d'un magazine d'intérieur. Chaque pièce était tellement parfaite qu'on avait peur de marcher trop fort.

La mère de Megan était l'une des femmes les plus fortunées de l'Oregon, pour ne pas dire de tout le pays.

Pourtant, la plupart du temps, sa fille préférait passer sous silence leur lien de parenté, qui n'était pas évident au premier abord.

Pour une raison qui m'échappait, ma meilleure amie tenait vraiment à mener une existence des plus banales. Et c'était peut-être de cette façon qu'elle avait réussi à se convaincre qu'elle l'était elle-même.

C'était comme si ça l'embarrassait d'être riche.

Elle nous accueillit Ted et moi avec un grand sourire depuis son lit à baldaquin ; son énorme chat, Calendar, à ses côtés... pour une fois.

Elle nous avait refilé le digicode du portail pour qu'elle n'ait pas à se lever à chaque fois qu'on venait.

Je ne savais pas comment moi, j'agirais, si j'étais aussi riche, mais je ne pouvais m'empêcher de trouver le comportement de Megan... anormal.

Héroïne [ÉDITÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant