4. Les mortes-vivantes

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Quelque chose se brisa en moi à ce moment-là.

Je n'allais plus lui chercher d'excuses.

Un mec arrogant était peut-être sexy de loin. Par contre, se faire traiter de la sorte dans la vraie vie n'avait rien de cool.

Peut-être que les petites timides étaient plus douées pour encaisser. Parce que moi, sentiments ou pas, c'était fini. J'abandonnais.

Mes yeux embués croisèrent ceux confus de Ted au premier rang.

Personne n'avait encore bougé depuis le départ de Michael.

Avant que mes larmes n'échappent à mon faible contrôle devant tout le monde, j'attrapai mes affaires et sortis de la salle en courant.

J'avais survécu deux ans avec mon attirance pour lui. Je terminerais aussi cette année avec elle... si jamais celle-ci survivais à cette journée.

Longue vie à lui et Anna !

J'étais dégoûtée à un point inexprimable. Et ce fut loin de s'arranger lors de la pause-déjeuner.

Toute l'école était déjà au courant de l'épisode du cours de débat des terminales. On spéculait, chuchotait et gloussait sur mon passage.

Je mentirais en prétendant que toute cette attention n'agissait pas sur mon humeur déjà bien sombre.

Et dire que la veille encore j'étais quasi-invisible. Je pouvais circuler en détente devant la table de Stacy et sa bande sans que cette dernière ne se sentît obligée de m'adresser la parole en me pointant de ses faux ongles extravagants.

- Jennifer, Attends !

C'était la seule à m'appeler encore comme ça. Je m'arrêtai et fis face aux yeux en amande de la reine des pestes ornés ce jour-là de lentilles grises.

La semaine dernière c'était encore des ambrées. Et sa crinière était rose pas violet.

Je ne connaissais personne d'autre obsédé à ce point par les changements de couleur de ses iris et de ses cheveux.

Je crois que c'était parce qu'elle était consciente de pouvoir tout se permettre avec ses pommettes hautes, ses lèvres pleines et ses maxillaires assez marquées, qui la qualifiaient presque pour une couverture de Vogue.

- Sache que peu importe ce que tu as dit à cette enflure, je te soutiens, envoya-t-elle avant de piquer dans sa salade.

Eh bien, je n'avais rien dit pour mettre l'enflure dans cet état. Ce mec était un taré, voilà tout.

- Tout ce qui vexe ce connard me réjouit, embraya la pom-pom girl. Je le hais teeeellement... En tout cas, bravo. Rejoins ma table quand tu veux... enfin après avoir enlevé cette horreur qui te sert de jupe.

Ça, c'était la Stacy que je connaissais depuis la maternelle. Ça avait dû certainement la démanger de ne pas être une garce pendant quoi ? Trente secondes.

La pauvre. Quelle épreuve !

Ses acolytes partirent d'un fou rire comme si c'était la blague la plus drôle au monde.

Pathétique !

Je grimaçai un sourire qui n'atteignit même pas mes joues et poursuivis ma route.

Elle détestait peut-être Michael parce que ce dernier l'avait jettée comme une merde, mais c'était un problème entre eux deux.

Je m'en foutais qu'elle me trouve cool tout à coup.

Everly occupait seule notre table près de la haute baie qui courait sur les trois quarts du pourtour de la cafétéria.

Héroïne [ÉDITÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant