6. Cache-cache

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- Laisse-moi deviner. Ça a rapport avec Queen Stacy ?

- Quoi ? m'étranglai-je d'une petite voix. Tu... sais ?

Elle se croisa les bras sur sa poitrine d'un geste éreinté et je l'imaginai lever les yeux au ciel derrière ses grosses lunettes.

- Je connais cette peste de Stacy Hunting depuis la maternelle, je te rappelle. Et j'ai vu les regards qu'elle n'a pas arrêté de te lancer en cours de Bio. Elle sait quelque chose sur toi. Et elle se demande comment l'utiliser.  Maintenant, à toi de me dire quoi.

Je remarquai que j'avais retenu mon souffle uniquement après mon expiration libératrice.

Donc Stacy n'avait rien dit... pour l'instant.

  - Alors ? me pressa Megan.

Avant que j'eusse trouvé le courage de lui répondre, elle fourra soudain sa tête dans son casier, comme une autruche dans le sable.

Je scannai notre environnement avec un froncement des sourcils perplexe. Je finis par capter la raison du comportement étrange de Megan lorsque Michael passa près de nous, avec une cigarette allumée, alors qu'il était formellement interdit de fumer dans le lycée.

  - T'es pathétique, Spark, envoya-t-il sans pour autant lui jeter un regard.

Que se passait-il entre ces deux-là ? Ça ne s'était donc pas arrêté après l'épisode de la caféteria ?

  - Comment on meurt ? demanda Megan lorsque Michael fut assez loin.

Ses grosses lunettes et sa capuche m'empêchaient toujours de bien lire son expression, mais j'étais convaincue de ne l'avoir jamais vue aussi stressée.

- Mourir, genre mourir, sur place, débita-t-elle. Mourir sans résurrection.

  - Que se passe-t-il entre vous deux ? m'intriguai-je.

Elle vérifia que le sujet de notre conversation n'était plus dans les parages avant de confesser :
 
  - C'est un malade. Je crois qu'il veut me pousser à bout. Hier, il m'a fait une de ces peurs avec sa moto. Je te jure, mon cœur a failli me lâcher. Toi, avoue la chose que t'avais à dire.

Ce changement brusque de sujet me fit cligner des yeux de confusion. J'avais rêvé ou elle venait de dire que Michael la martyrisait ?

Teddy m'avait breffé sur l'épisode du cours de débat. Je n'avais toujours pas trouvé le courage de questionner Megan à ce sujet. Mais elle ne l'avait pas provoqué, si ?

Tout le monde était d'accord pour dire que ce mec était intimidant. Outre le fait qu'il avait déjà pas mal de tatouages et de piercings à son âge, il avait le don de mettre la plupart des gens mal à l'aise.

On racontait que sa jumelle s'était suicidée. Il ne traînait plus avec quiconque depuis.

Michael Cast faisait partie de ses personnes, qui même quand on ne les connaissait pas, on savait qu'il ne fallait pas les chercher.

Et c'était ce que faisaient quatre-vingt-dix pourcent des élèves de ce lycée, y compris Stacy.

D'ailleurs, je me questionnais souvent sur ces deux-là et leur ancienne relation.

Il y avait eu un vrai truc entre eux, même si Megan refusait de le reconnaître. Si Michael n'était pas aussi bizarre, j'aurais presque pu croire qu'il avait aimé La Reine.

Il n'avait jamais passé autant de temps avec une fille avant elle.

D'une part, c'était un peu compréhensible que cette dernière vive mal leur séparation !

Quand bien même, je ne comprendrais jamais la fascination des filles d'ici pour Michael ; ni leur frénésie à chaque fois qu'il choisissait l'une d'entre elles, alors qu'elles savaient d'avance que ce serait éphémère.

" Restez loin de moi " irradiait par tous les pores de sa peau. Et Megan aurait dû le capter.

  - Que s'est-il passé avec Stacy ? insista ma meilleure amie pour changer de sujet.

  - Mais Michael...

  - On s'en fout de Michael, cria-t-elle presque ! Avoue, merde ! Tu vas pas te défiler encore une fois.

Je me statufiai de stupéfaction. Megan éclatait rarement de la sorte.

Après une longue expiration qui affaissa ses épaules, elle enleva ses lunettes et son regard marron foncé me parrut plus navré que jamais.

  - Désolée, Ève. Je suis un peu à cran en ce moment. Je n'aurais pas dû crier sur toi.

En effet, elle n'aurait pas dû. Sa réaction m'avait plus que surprise. Mais une chose avait cependant attiré mon attention.

  - Tu as dit de ne pas encore me défiler... quand est-ce... ?

  - On parlera de ça plus tard, me coupa-t-elle en joignant les doigts d'un air suppliant.

  - OK ! cédai-je à contrecœur
 
  - Où est Ted ? s'enquit-elle en balayant le couloir quasi vide des yeux.

  - Il est peut-être parti tout seul. Je ne l'ai pas vu et ça fait un moment qu'on est là, il ne nous a pas rejointes.

Ma réponse sonna bizarre à mes propres oreilles, parce que Teddy Summers était l'une des personnes les plus gentilles sur terre. Ça ne lui correspondait donc pas du tout. Mais alors, si je me trompais, il était où ?

À l'expression de Meg, elle devait avoir le même genre de réflexions que moi.

La brune dégaina son téléphone et appela notre rouquin préféré avec un pli au milieu du front qui s'accentuait à mesure que les secondes s'égrainaient.

  - Il ne décroche pas. Tu penses qu'il nous évite... ou qu'il lui est arrivé quelque chose ?

- Je ne sais pas. Voici Stefen, demande-lui s'il l'a vu.

Oui, c'était à elle de le faire puisque je n'osais jamais aborder les gens. Alors qu'elle, à part Michael ces dernières années, elle pouvait s'adresser à tout le monde, sans problème.

D'ailleurs, elle arrêta l'ailier de l'équipe de basket, très à l'aise pour le questionner :

  - Salut Stef. Tu as vu Teddy ? J'ai besoin de lui.

Stefen était un grand blond aux yeux bleu sombre dont le visage allongé avait la particularité de porter en permanence un sourire en coin... énervant.

  - Oui, il est parti, il y a un moment, répondit-il. Je pensais qu'il était allé vous rejoindre... ses meilleures amies.

Une autre marque de fabrique de Stefen était de donner l'impression gonflante aux gens qu'il savait des choses dont personne d'autre n'était au courant.

Et apparement, je n'étais pas la seule à être horripilée par son tempérament, car Megan s'impatienta en se croisant les bras sous sa poitrine.

  - Pas le temps pour tes petits jeux Stefen. Tu m'expliques ton intonation ?

Sans surprise, le sourire de guingois du blond s'incurva d'avantage et il contourna Megan avec un joyeux " Au revoir, l'allumeuse ! "

  - Pardon ? s'étrangla cette dernière.

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Héroïne [ÉDITÉE]Kde žijí příběhy. Začni objevovat