Héroïne [ÉDITÉE]

10. Le message

Je mourus sur place.

J'en restai tétanisée, le souffle coupé, incapable d'effectuer le moindre mouvement...

En seulement quelques secondes, j'étais déjà au bord des larmes.

Quelque part, au fond de moi, j'avais espéré me tromper ; j'avais souhaité que leur relation existe juste dans ma tête de drama queen. Mais là, il n'y avait plus de doute.

Anna et Michael sortaient ensemble.

Les bras de la nerd noués autour du cou de son... petit ami ; ce dernier l'embrassait avec une tendresse et une fièvre mêlées, qu'on ne voyait que dans les films.

Et puis, ce fut comme s'il avait senti ma présence. Il ouvrit les paupières et remarqua ma présence. Mais aussi bizarre que cela pouvait paraître, il n'arrêta d'embrasser sa... copine pour autant.

Ce mec était un vrai malade !

Une lueur étrange, curieusement provocatrice avait pris vie dans ses flammes bleues. Puis, sa main avait délaissé la taille d'Anna pour empoigner sans douceur ses fesses à travers sa petite robe cintrée.

Ensuite, il se mit à pétrir son postérieur, le molester en lui dévorant la bouche... Tout ça, sans rompre notre contact visuel.

Je me demandais pourquoi moi, je restais là à endurer cette torture.

Il en faisait tellement des tonnes que ç'en devenait du porno.  À croire qu'il pouvait ressentir la souffrance qu'il m'infligeait et que ça l'excitait.

Je le haïssais de tout mon cœur !

Et Anna, pour une timide, celle-ci semblait plutôt à l'aise sous des caresses aussi osées.

Peut-être qu'ils sortaient ensemble depuis plus longtemps que je le croyais et que Michael, l'avait déjà pervertie. Ou alors, c'était depuis le début une petite chaudasse sous ses airs de sainte-nitouche...

En tout cas, sans son petit côté angélique pour m'attendrir, je la haïssais désormais elle aussi. Je haïssais tout et tout le monde, en fait. J'étais dégoûtée, écœurée, brisée...

Et lorsque Michael souffla quelque chose à l'oreille de sa copine, entre deux baisers obscènes, je craquai.

Je m'enfuis en courant, en espérant que cet enfoiré n'avait pas eu le temps de voir mes larmes couler.

Comment ? Pourquoi ? Comment et pourquoi ? Je ne savais même pas ce que je voulais savoir. J'avais mal au cœur et au crâne, et à la moelle... partout.

Je continuais de courir, les yeux embués, mon sac sur le dos, comme si j'avais la mort aux trousses.

Michael ne pouvait pas savoir que j'allais venir dans cette salle. Donc s'ils s'y étaient rendus tous les deux, ça devait être dans l'unique but de ne pas être dérangé.

De plus, qui étais-je pour penser qu'il aurait organisé tout ça, juste pour me rendre jalouse ?

Je n'étais personne. Je n'étais pas Anna. J'étais juste l'idiote qui se rendait enfin compte de son erreur. Je n'aurais jamais dû flasher sur ce mec ! Jamais ! J'allais faire mon possible pour ne plus jamais le recroiser. Même si à mon avis, ça allait être pas mal compliqué.

À l'intersection entre l'allée principale et celle qui conduisait aux escaliers, je rentrai dans quelqu'un et le choc faillit me faire perdre l'équilibre.

- Non mais qui c'est cette conne ! pesta une voix que je reconnaitrais entre mille.

Il y avait un aimant au deuxième étage ce matin-là ou quoi ? Qu'est-ce que cette folle venait chercher là, elle aussi ? Se pourrait-elle qu'elle fût au courant de la présence des deux tourtereaux ?