Chapitre 8 La Reine des Ténèbres

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           Elle fut surprise, mais le bonheur fut incontrôlable. Pour la première fois, la liberté s'offrait à elle. La petite colombe s'envolait, poussée par la vitesse du courant. Tout d'un coup, une secousse l'ébranla dans le fond du tonneau. Elle s'en extirpa avec beaucoup de mal. Lorsque ses pieds touchèrent le sol terreux et ferme, ils l'abandonnèrent. Ses jambes étaient devenues molles. Elle comprit que c'était l'effet secondaire de cette traversée.

           Autour d'elle, la nature s'épanouissait et s'invitait à être regardée. Les bourgeons verts s'ouvraient doucement et tendrement. Les fleurs séchaient les gouttes de rosée de la nuit laissées sur leurs pétales. L'herbe blanche retrouvait sa couleur d'antan. Les oiseaux s'envolaient par millier des arbres en piaillant, créant un écho dans le paysage.

           La fillette se leva et mit son visage en offrande au ciel parsemé de moutons. Elle hissa ses mains. Le vent se réveilla, apportant une brise fraîche et accompagnée de mille odeurs, toutes plus merveilleuses les unes que les autres. Le zéphyr gagna en force. Les vieilles feuilles noircies s'enfuirent des branches en grinçant. L'eau monta et alla lécher les pieds de l'enfant qui les dénuda en découvrant sa peau immaculée. Des vagues vinrent s'échouer sur les rochers et asperger l'herbe en des centaines de gouttelettes d'arc-en-ciel.

           Le paysage se métamorphosa, tel un papillon sorti de sa chrysalide, en une magnifique magie blanche qui dansait autour des pierres et des ramures. Elle balayait les couleurs mortes et faisait s'envoler les oiseaux avec des piaillements bienheureux.

           Mais tout s'arrêta sans prévenir et les éléments se brisèrent en fracas et tout redevint terne. La fillette se retourna et sur un rameau, en hauteur, une silhouette noire était adossée au tronc. Sans comprendre pourquoi ni comment, elle se retrouva plaquée contre un rocher au milieu de la rivière, avec une tête dans son cou. Elle sentit des dents pénétraient sa peau. Elle lâcha un hoquet, mêlé de désespoir et de terreur. L'affolement envahit ses traits et ses prunelles perdirent de leur éclat.

           L'enfant se mit à hurler la seconde qui suivit. Ce fut un cri de souffrance, mi-humain, mi-animal à tétaniser. Ses yeux se révulsèrent et les vaisseaux se remplirent de taches sombres. De sa bouche sortaient des filets de sang.

           Le corps de la petite fille s'arqua et convulsa comme si des éclairs entraient en elle. Des déchirements sourds provenaient de ses entrailles. Elle se cambrait chaque fois que ses os se cassaient en elle.

           La lumière criarde du jour passa sur son visage inconscient et vide. Ses yeux roulèrent une dernière fois dans ces globes oculaires devenus aveugles. Son corps se laissa amadouer par le supplice.

           Elle trouva, tout de même, un fragment de force et réussit à tirer de sa botte, un poignard qu'elle planta dans le dos de son assaillant. Elle refit ce geste à plusieurs reprises avec le même résultat que le premier. Les mains de la bête tenaient fermement ses poignets et retenaient les jambes de la fillette avec les siennes sans effort.

            Sa vue se troubla et elle vit les arbres vaciller comme si la forêt allait s'effondrer. Sa force l'avait définitivement quittée et le néant qui l'avait saisie plus tôt, réapparaissait et il eut raison d'elle.

            Le bruit de l'eau devint sourd à ses oreilles et l'air absent de ses poumons. Avec douleur, elle comprit que la vie la désertait.

          La liberté l'avait enfin touchée, mais ce ne fut que de courte durée. Tous ses espoirs, son avenir, ses rêves s'envolaient dans son sang qui coulait, dorénavant, dans les veines de cette créature.

           Avant de fermer les yeux, elle aperçut un trait noir qui s'enfonça dans la blessure où son poignard avait sectionné la chair. Le poids de la chose disparut et la rivière accueillit son corps en offrande.

           Du sang se répandait de son cou. De ses doigts, elle toucha la morsure fraîche et froide où les dents avaient entamé sa chair. Le rocher trembla. Quelqu'un avait sauté près d'elle. La petite fille réussit à trouver le courage d'ouvrir les yeux. Son regard se concentra sur un être énorme, aux poings plus gros que sa tête, qui se tenait au-dessus d'elle. Elle se détourna et vit un filet de sang, provenant de son cou, couler sur le minéral, en finissant sa course dans l'eau. Ce géant possédait des muscles plus performants et plus impressionnants que tout ce qui existe au monde. Il se pencha doucement vers elle. Il passa ses doigts sur son visage, puis les huma.

— Mon maître a bon goût. Très bon goût même. Pour une elfe, tu ne ressembles à aucune autre. Différente jusqu'au sang et à l'âme, et dotée d'une témérité sans failles pour couronner ce tableau resplendissant. Décidément, tu es, à l'évidence, parfaite pour les projets de mon seigneur, déclara-t-il, avec une voix sombre et cassée.

L'enfant regardait cet être monstrueux penché sur elle. Elle lui asséna un coup de pied furibond dans l'un de ses genoux. Il vacilla à peine.

— Sauvage et pleine d'ardeur enflammée.

Il se releva et sauta sur le bord de la rivière.

— Aimée par le Seigneur Noir. Tu deviendras la Reine des Ténèbres.

           La mystérieuse créature, à l'aspect humaine, quitta le rocher de la mort. L'ombre l'enveloppa et la jeune fille sombra. Même dans le spectre du trépas, sa solitude restait sa seule compagnie. Elle ne sentait plus son corps et ses veines s'étaient gelées, ou vidé. La menace d'une apparition fantomatique planait autour d'elle et la caressait de ses doigts diaphanes. Sa vie l'avait anéanti et broyé à l'intérieur comme un prédateur s'amusant de sa proie.

           Dans un ultime frisson, les battements de son cœur s'immobilisèrent.

Entre-Monde - L'envolée des Ténèbres [En Correction]Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ