- Tu as vraiment écrit un livre ? Et tu m'en as pas parlé pourquoi? Je demande lorsque on regagne sa voiture.
- J'ai jugé que cela n'était pas important. Et puis, si je suis là c'est bien pour résoudre l'énigme de ta vie et non te conter la mienne, ça fait pas professionnel.
- Moi à ta place je dirai pas cela. On forme une équipe tout de même!
- Et donc ?
- Tu dois tout me dire
- Je crois que tu délires complètement là! En quoi est ce que ma vie pourrait t'aider ?!
- Je veux juste en apprendre davantage sur toi, il n'y a rien de mal. Et puis qui ne me dit pas que le cours de ta vie cache un indice sur ce que tu appelles l'énigme de ma vie
- Si ça peut te faire plaisir, je suis prêt à me soumettre. Cela dit, c'était pas ce qu'il y'avait de prévu
- Et qu'il y avait-il de prévu Mr je-suis-les-règles?
- Toi, tu dois changer d'air de temps en temps ! Il dit en souriant de toutes ses dents
Dans la voiture, le silence refait surface, à la différence qu'avec les chansons de Adèle, on dirait plus que nous nous étions entendus pour se laisser séduire par cette douce mélodie aux paroles "inconnues". Il est 9h30 à ma montre et c'est seulement à cet instant que je me rappelle de ce voyage que je devais faire il y'a trente minutes mais me souvenant qu'il avait été reporté pour Dieu sait quelle raison, je me remets à penser, à recenser le peu de choses que l'on sait sur le mystère de la mort de ma mère; ou comme l'a si bien interprété Aaron, l'énigme de ma vie.
Je ne sais pas pourquoi mais j'ai envie de mieux connaitre l'homme assis à mes côtés, se présentant comme étant un détective privé. J'ai cette intuition que si j'arrive à mieux le connaître, lui et son histoire, j'arriverai à finir les pièces d'un puzzle qui n'avait pas encore été ouvert. Cette affaire de livre, le sien, m'intrigue. Qu'a t-il pu bien écrire au point de changer la vie d'un jeune homme ? Qui était-il ? Et qui est-il à présent ? Parce qu'il faut bien noter que entre le passé et le présent, du chemin, il en a fait.
Je me rappelle encore brièvement de ce qu'il m'a dit lundi, comme quoi, il faisait partie du groupe d'enquêteurs d'il y'a dix-sept ans. Et qu'à ce temps là, ils n'avaient rien trouvé susceptible de mener vers une piste sérieuse. Qu'ils avaient abandonné l'affaire mais lui spécialement ne l'avait pas fait parce qu'il voulait se convaincre qu'il ne pouvait pas en rester là, il refusait de se dire qu'il avait échoué. C'est pas ce qu'il avait dit exactement, mais c'est ce que j'en ai déduit après réflexion . Mais pourquoi donc cet archanement ? Qu'est ce qu'il sait sur ce fameux jour de sa mort ? A t-il vu quelque chose ? Parce qu'il faut bien l'avouer, on ne renonce que lorsque que l'on se sent abattu. Et même, on n'accepte jamais la défaite.
<< Je peux te poser une question? Je demande à celui-ci
- Tu le fais déjà
- Oh s' il-te-plaît ne joue pas les comiques avec moi ! Alors, je peux ?
- Ouais vas y
- Que sais-tu d'autres à propos de la mort de ma mère?
- En toute franchise, rien. Je te l'avais déjà dit si je ne me trompe pas. Autrefois on avait rien pu trouver susceptible de nous mener vers une piste sérieuse.
- Et maintenant?
- maintenant je vois bien que l'on avait laissé passer beaucoup de choses
- Pourquoi j'ai l'impression que tu ne me dis pas la vérité!
- Que veux-tu dire par là, Jane
- Dans le dossier que j'avais reçu de Dieu sait qui me parlant de toi et ta capacité à résoudre les affaires qui jusqu'avant semblaient un mystère...
- Où veux-tu en venir Jane !
- Ça paraît évident pourtant. Toi et toute ton équipe, vous vous êtes pas mal foutu de nos gueules. En réalité vous n'avez jamais ouvert une quelconque enquête, une vraie. Dis moi si je mens, Aaron! >>
Il ne répond pas et se contente de baisser le volume de la musique et fait mine de reprendre ses esprits. J'assimile donc ce comportement comme une réponse affirmative à ma question.
<< J'ai donc raison n'est-ce pas ! Je m'exclame en tentant de garder mon calme, ce qui m'est difficile vu que j'arrive pas à croire que ce qui me sautait aux yeux et qui me paraissait une prise de tête, n'est autre qu'une triste réalité.
- Ce n'est pas ce que tu crois Jane . Tout ce que tu dis est vrai mais tu interprètes assez mal les choses. Tu sais, à l'époque, je n'avais que dix-huit ans, je venais d'entrer dans la police et je sais pas comment ça se passe chez vous mais chez moi, l'idée que le "petit nouveau" puisse participer à une enquête d'une aussi haute importance faisait tache dans le tableau. Alors, pour me tourner en bourrique, ils m'emmenaient vers de fausses pistes qui, bien évidemment, ne m'aidaient guerre. Si tu veux la vérité, la voici : je ne t'ai aucunement menti sur quoi que ce soit, en fait il y'a dix-sept ans, j'avais treize ans...
- Mais tu as dit avoir intégré la police ou je ne sais quoi, à 18 ans
- effectivement...
- mais là tu m'annonce que t'avais treize ans à l'époque ! Aaron, pourquoi j'ai cette impression que tu joues avec moi. Je ne supporte pas le mensonge, encore moins les double-jeux. Maintenant j'ai une question et tu me réponds sincèrement
- Mais attends je t'explique ! Écoute, je voulais pas en arriver là; si ce Malick n'avait pas ouvert sa putain de gueule, tout ça devait rester secret. Bien évidemment qu'à l'époque, une équipe a été mise sur place quand ta mère est décédée, ça c'est dans les normes. Ce que moi j'ai juste eu à faire c'est que cinq ans plus tard, j'ai voulu reprendre le dossier en main parce que je trouvais qu'un truc clochait. C'est vrai, cette année là, ton père avait déclaré qu'elle était gravement malade, ne dévoilant pas pour autant la nature de sa maladie, et que ça l'avait beaucoup affaiblie. Aussi, quelques heures avant sa mort, la gouvernante, Mme Berthe, avait avoué que tes parents s'étaient disputés, violemment même, mais qu'elle ne pouvait nous dire de quoi ils parlaient spécialement parce qu'elle était occupée à prendre soin de toi, à essayer de t'occuper pour que tu t'intéresses pas à ce qui se passait. Et puis, plus rien. C'était tout ce que fournissait ce dossier et il avait été classée comme terminée. On avait assimilé la mort de Mme Johnson, ta mère, comme une mort naturelle, presque comme un soulagement de la vie pour qu'elle arrête de souffrir intérieurement comme extérieurement. Tu comprends ça, Jane, ils avaient baissé les armes, ils avaient laissé tomber l'affaire et ça, je t'assure que c'est pas dans l'habitude de la police. Tu vas me prendre pour un dingue, mais quelqu'un était derrière tout ça.
- Mais tout ce que tu me racontes là n'a point de sens. Tu penses me faire avaler ça?! On parle quand même de ma mère! Un peu de respect, tout de même!
-Puisque je te dis que c'est ça que j'ai trouvé dès mon installation au sein du groupe.
- Imaginons que je te crois. Alors tout ce que tu viens de me raconter, ça c'était au moment même de la mort de ma mère, ce sont les seules informations qu'ils ont soi-disant pues avoir. Si je comprends bien ta version des faits, cela veut dire que c'est pas une réelle enquête qu'ils ont menée, c'était juste histoire de faire acte de présence, montrer aux yeux des autres que bah ils ont fait leur boulot. Mais comme ils n'y étaient pas à fond, ils ont préféré prendre les informations superficielles sans y jeter un coup d'oeil de plus près. Et ne trouvant de trucs encore plus, je sais pas moi, "juteux", ils n'ont pas voulu s'accentuer dessus.
- Je ne vais pas te mentir que ce que tu dis semble être vrai mais je ne peux pas me permettre de te laisser croire que ici la police n'est qu'une bande de paresseux qui voile la face au peuple,non loin de là. J'ai travaillé au sein de cette équipe pendant longtemps et je peux t'affirmer qu'ils sont de durs bosseurs. Donc si l'affaire du décès de ta mère a été jeté aux oubliettes, je suis sûre que c'est uniquement parce que quelqu'un était ou est derrière tout ça.
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Une Chanson, une histoire
Misterio / SuspensoUne femme est morte, la mère de Jane Johnson. On a fait aucune enquête sur sa soudaine mort et l'on a assimilé cela à quelque chose de normal, comme quoi tout le monde est appelé à mourir un jour ou l'autre. Dix-sept ans plus tard, Jane est bien d...
