Par « chambouler », on peut entendre par là un commun accord à « traumatiser », mais je parle plus d'une sorte de déclic, un retournement de situation qui aurait joué en défaveur de sa personne. Pourquoi pas en faveur tant que nous y sommes ! Tous les moyens sont bons, non ?
Pour avoir donc des réponses à mes questions, je pense que le meilleur moyen pour moi en ce moment c'est d'aller revoir cette Mlle April Wesley. Ça tombe bien, c'est sur ma route.
En repensant à cette femme, la dernière fois que j'ai posé les pieds à son domicile, c'était avec Jane. Elle n'avait pas l'air de vraiment m'apprécier avec son regard plein de haine qu'elle me lançait comme pour me demander de débarrasser le plancher au plus vite ; mais le plus remarquable c'est qu'elle n'avait d'yeux que pour Jane, un avantage pour nous. Et oui, il faut penser stratégie, même quand l'on pense que la situation est à notre désavantage. Naturellement ce n'est pas comme ci elle nous avait tout dit, non, il a fallu qu'elle joue la scène de la déprimée, conséquence on n'a pas vraiment eu de piste sérieuse sortant de notre petite discussion mais au moins c'est par elle que l'on a eu ces documents de femmes à collectionner.
Pas plus tard qu'une dizaine de minutes par-là, je suis enfin arrivé chez cette femme. Je gare au coin de la route et descends. L'environnement n'a pas changé, toujours aussi « vide », sinistre, triste. Pas un chat dehors, chacun est chez soi.
Me rapprochant de plus en plus de cette résidence, je me demande si je suis en train de vouloir m'adresser à la bonne personne. Je me remets en tête tout ce que je sais de cette affaire et particulièrement ce qui en est du cas de ce docteur.
Après un court instant d'hésitation donc, je me décide enfin à sonner. Une fois. Deux fois. J'attends qu'on vienne m'ouvrir. Mais pas de réponse. Par contre, d'où je suis, des bruits résonnant comme les sons d'une télévision allumée trahissent qu'il y a une éventuelle présence dans la maison. C'est alors que je vis enfin quelqu'un qui jetait un coup d'œil vers l'extérieur et quelques secondes plus tard, une femme vêtue d'un peignoir sort pour m'ouvrir ; vous l'avez deviné, c'était Mlle April Wesley en personne. « Mais que faites-vous ici ? me demande-t-elle lorsqu'elle est suffisamment proche de moi, l'air irrité - Bonjour aussi à vous très chère. Quel beau temps fait-il n'est-ce pas ! Je réponds, l'air de rien. Le plus surprenant c'est qu'elle m'a souri et m'a prié d'entrer.
Je ne me fais pas prier deux fois et m'exécute en la suivant de près. Une rapide analyse de l'intérieur de la maison me met en évidence que le décor n'a pas vraiment changé depuis la dernière fois, à des exceptions près. Que dis-je, des éléments peu importants : il y'a une nouvelle disposition des fauteuils dans la pièce, des décorations tout en bois ont été ajoutées.
- Dites, c'est moi ou vous avez légèrement changé de décor ? je lui demande juste pour l'emmener à parler
- Et qu'est-ce que ça peut vous faire, détective Aaron Seyes ? - Mais très chère, surpris par cette vive réponse de mauvaise foi, ce ne sont pas des manières de répondre à une question par une autre. Vous devriez faire attention à vos paroles, on dirait un fauve - En voici des manières, vous me réprimandez mais vous portez une insulte à mon endroit. - Je ne vous ai pas insulté, je vous ai qualifié. Maintenant, si ce qualificatif ne vous plaît pas, sachez que là n'était pas mon intention, celle de vous plaire. - Pourquoi êtes-vous sans âme avec moi ? - Ah non, n'inversez pas les rôles ! la personne sans âme ici, c'est bien vous. Vous avez cet art-là de me traiter comme-ci j'étais le criminel de tous les temps. J'arrive, je sonne à la porte d'entrée et on me fait attendre une dizaine de minutes par là ; quand bien même, la maitresse de maison vient m'ouvrir, un, c'est d'abord vêtu d'un peignoir... - Mais je n'attendais personne, que vouliez-vous que je fasse ? se permit-elle de dire au moment où je parle - En plus vous me coupez la parole !dis-je en faisant volte-face ; tous ces petits détails me montrent en effet que vous n'avez aucun respect pour ma personne. Ce n'est pas bien grave, des personnes comme vous, j'en ai rencontrées des centaines.
A quoi est-ce que je joue ? A vrai dire je ne sais pas moi-même. Mon envie en ce moment est de m'imposer, lui montrer qu'en fait elle ne m'influence pas et si elle veut jouer à cette carte-là, elle finira perdante. Elle ressemble bien à ces femmes qui pensent qu'il suffit d'un mauvais regard, d'un écart de conduite pour pousser son interlocuteur à bout, et ainsi gagner du terrain. Cela aurait pu marcher si je ne m'y connaissais pas autant dans la matière, parce que, voyez-vous, contrairement à ce qu'elle pense sur une possible naïveté dû peut-être à mon manque d'expérience, je sais aussi bien manier cette épée qu'elle, d'ailleurs je l'utilise contre elle-même. Mais bon, je ne suis pas venu ici pour créer une guerre mais pour avoir des réponses à mes questions.
- Point de bavardage et venons-en aux faits. Il me semble que vous voulez que je parte au plus vite. Nous prenons donc enfin place face à l'autre et c'est elle qui se décida à reprendre la parole
- Comment avance votre enquête ?
- Il faut dire que je tourne en rond. Je ne sais plus où j'en suis. Je crois avoir déjà joué toutes les cartes, m'être crée toutes les théories possibles et le plus surprenant c'est que toutes ces théories ont un sens, elles valent la route. J'avoue que je suis perdu, une pièce manque à mon puzzle.
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Une Chanson, une histoire
Gizem / GerilimUne femme est morte, la mère de Jane Johnson. On a fait aucune enquête sur sa soudaine mort et l'on a assimilé cela à quelque chose de normal, comme quoi tout le monde est appelé à mourir un jour ou l'autre. Dix-sept ans plus tard, Jane est bien d...
