Je trouve que du point de vue général, ma mère était combattante et créative. Ne me demandez pas pourquoi "créative", comprenez juste que c'est comme cela que je la vois. Dire que pendant plus de trois ans, elle vivait avec une tumeur mais ne le disait à personne de peur qu'on la rejette. Dire que jusqu'à mes huit ans, elle continuait à se battre tant qu'elle le pouvait pour moi. À me l'entendre dire, ça sonne plus à de l'ironie pourtant c'est une vérité. J'étais sa raison de vivre.
<< Elle disait qu'elle le faisait pour marquer une empreinte en toi, comme quoi si un jour tu passes à côté de cette chanson là, qu'elle soit la première personne à qui tu penses >>. Ces mots résonnent encore dans ma tête comme les notes mélodieuse d'un piano. Si elle savait que chaque soir je mettais cette chanson dans une radio, que je la chantais jusqu'au moindre parole, que des fois je me refusais de faire rejouer la musique pour encore sentir ma mère auprès de moi, elle se dirait qu'elle a eu raison de ses propos à titre mémorial. Je n'ai jamais cesser d'aimer ma mère. Pendant qu'elle vivait, elle m'apprenait un peu plus de choses chaque jour, et chaque jour je m'attachais un peu plus à elle. Avant, j'étais joyeuse, pleine de vie, avec un parcours déjà bien tracée mais après qu'elle soit partie, je suis devenue une fille renfermée sur moi-même, seule avec l'idée de ne pas appartenir à ce monde. Oui, j'étais traumatisée.
<< elle ne voulait pas que tu saches pour sa maladie parce qu'elle voulait que tu conserves en toi, toujours cette image d'héroïne et non de celle qui meurt à petit feu >>. Elle ne voulait pas que je conserves en moi une image d'elle mourrante à petit feu. Elle ne voulait pas de la pitié venant de moi. Elle ne voulait pas que je parle d'elle en pleurant, repensant à combien elle a souffert avant de trouver la paix dans la mort. Elle ne voulait pas que je la traite de lâche. Pourtant, elle a eu tort. C'est vrai que si l'on m'avait dit ça plutôt j'aurai pensé de la sorte, mais maintenant que je connais une part de la vérité sur son existence, je la vois vraiment comme une héroïne. Après tout, c'est pas tout le monde qui est capable de faire de telles choses même pour ceux qu'ils aiment. Qu'elle ait été malade ou pas, je ne verrai jamais un portrait triste à son égard, mais celui d'une personne remplie de bons sens.
Si l'on m'avait dit un jour que je parlerai de ma mère avec autant de légèreté sans verser une larme, j'aurai juré le contraire, mais c'est le cas à présent. On fait avec ce qu'on a. Vouloir tout le temps revenir dans le passé n'aide en rien. Même si c'était possible d'y retourner, on ne changerait pas les choses, donc, qu'on le veuille ou non, il faut continuer de l'avant.
Il est certes vingt heure trente, mais je me permet de manger une petite salade avant de dormir. Je ne travaille pas demain autant profité de ma liberté. Quand je finis de manger et de laver mon assiette, je vais dans ma chambre et me change. Et pour la première fois depuis dix-sept ans, je me refuse de mettre la chanson de ma mère et m'endors tant bien que mal.
Comparée à la journée d'hier, je me réveille sans troubles, toute contente après une nuit de sommeil agitée. Je suis prête à affronter la journée et personne ne m'arrêtera. Je parle comme une adolescente sortie d'une dépression c'est vrai mais je m'en moque pas mal . Je ne sais pas ce qui me met particulièrement en joie mais je sens que la journée ne sera pas de tout repos et remplie de surprises.
D'instinct, j'envoie un bref message à Aaron pour l'informer que j'ai fait ma part de travail et il me répond instantanément qu'il a fait de même. Je demande à ce qu'il me retrouve à la maison et il est d'accord avec ma proposition. Comme s'il pouvait me dire non ! Après quelques secondes, alors que je rangeais mon téléphone sur le chevet de mon lit, je remarque un message non lu dans ma messagerie. C'était celui de mon père. Il m'informe que je vais devoir écourtée mes congés parce que je dois le suivre pendant un voyage d'affaire. Je ne veux pas paraître désobligeante mais son assistante ne peut pas lui servir de compagne ?! Après tout, c'est ce qui se passe toujours, non ?!
Me dirigeant vers la cuisine, je me fais un café au lait accompagné de biscottes. Rien de mieux pour se réveiller pleinement. Je prends le tout, lisant un magasine people. Généralement, je ne le fait presque jamais, mais l'envie m'a prit.
Après ce petit déjeuner, je suis allée me laver et me suis habillée d'un ensemble jogging, histoire de passer pour une décontractée et contrairement à hier, je ne me suis pas maquillée et mes cheveux sont simplement arrêtés vers l'arrière.
Me regardant pour une dernière fois au miroir, je suis toujours surprise de mon look qui change tous les jours. À cette allure, je vais finir par poser pour des marques. Je ne lui ai pas donné d'horaire, donc il peut arrivé à tout moment. Revenant au salon, je me permet de regarder la télévision. Après cinq épisodes de la série " le Prince de Bel air ", j'entends sonner à la porte. J'y vais ouvrir et c'est avec le sourire que je l'accueille.
Il entre et prend place. Je n'ai pas éteint la télévision mais j'ai baissé le volume. Au moins, s' il commence à m'ennuyer, je sais comment m'occuper.
- Dis-moi, tu comptais faire des exercices physiques ? Il me demande, me détaillant
- Non. J'ai voulu m'habiller comme ça, un problème?
- Non, non, ça va ! Tu m'as cloué le bec ! Il répond, faisant mine d'être gêné
- Qu'as-tu de nouveau pour moi aujourd'hui, qu'on en finisse ! Je reprends, essayant de changer d'atmosphère pour entrer le sujet pour lequel il est là.
- Eh bien, hier, comme convenu, j'ai fait mon inspection dans votre société. Là bas, je n'ai pas eu du mal obtenir les informations que je voulais, votre comptable m'a donné les archives remontant il y'a dix-sept ans...
- Attends, tu veux me dire qu'il te les a donnés aussi facilement? Je l'interromps, étonnée de ce qu'il me raconte
- Et pourquoi pas !
- Tu es un ancien de la police et seuls ceux-là ont le droit de fouiller dans les affaires privées d'une personne avec l'accord du juge...
- À ce que je vois, tu t'y connais un peu. Je l'ai ta permission et il faut dire qu'ancien membre de la police ou pas, j'ai toujours eu l'art d'influencer les gens.
- Oh !
- Comme je disais tantôt, les archives montrent que la société faisait faillite.
- Mais encore ?
- Qu'immédiatement après la mort de ta mère, il y'a eu un versement d'une somme importante dans les comptes de la société. Tu trouves pas ça étrange ?
- Bien sûr que je trouve ça étrange, quelle question ! Mais je vois pas le rapport avec ma mère!
- C'est pourtant évident ! Ta mère appartenait à une famille importante dans la société londonienne et Dieu sait la quantité de richesse qu'ils avaient en leur possession. Je ne connais pas les relations qui existaient entre vos deux familles, mais peut-être ton père a demandé de l'aide et la famille de ta mère a décliné la demande, refusant de donner le moindre centime de la part de son héritage.
- Imaginons que ce que tu supposes soit une vérité. Qu'en devient-il de cette mystérieuse somme d'argent versée auprès de la société familiale après sa mort si bien sûr l'argent provient d'elle.
- Quelqu'un devait sûrement l'influencer. Quelqu'un devait sûrement profiter de sa fragilité pour l'inciter à faire des choses contre sa volonté, une personne en qui elle avait totalement confiance et dont elle ignorait ses mauvaises intentions...
- Si je comprends bien où tu veux en venir, tu suspectes...mon père!
°•°•°
Un indice de plus dans la résolution de cette affaire. Lequel ?
Aaron a une idée qui se pourrait être une éventualité mais il est loin d'atteindre la vérité.
Jane dit suspecter son père. Selon vous, c'est pourquoi ?
Merci à ceux qui me lisent.
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Une Chanson, une histoire
Mystery / ThrillerUne femme est morte, la mère de Jane Johnson. On a fait aucune enquête sur sa soudaine mort et l'on a assimilé cela à quelque chose de normal, comme quoi tout le monde est appelé à mourir un jour ou l'autre. Dix-sept ans plus tard, Jane est bien d...
