Les Organisations

Deuxièmement : Une parfaite petite ménagère

Deuxièmement : Une parfaite petite ménagère

        « Alors c'est ici qu'on va vivre ?

        -Oui, ce n'est pas très grand mais c'est un appartement assez sympa, bien isolé et le quartier est tranquille. En plus, c'est pas trop cher ! »

        Alice jaugea l'immeuble, un peu vieux à son goût, mais on ne pouvait pas trop en demander, habiter en ville était déjà une chance..! Et puis, l'habitation avait quand même l'air salubre et il fallait reconnaître que l'endroit était calme. Jay posa le carton qu'il tenait et après avoir fouillé dans sa poche, tendit quelque chose à sa jeune femme.

        « Et voilà ton double des clés. Ne le prête à personne, et ne l'oublie pas à l'intérieur, les serruriers ont vraiment augmenté leurs tarifs ces derniers temps...

        -Ah, merci. J'y ferais attention. »

        Les trois jours qui avaient suivis le mariage n'avait pas été riches de dialogue. Mais au moins, le couple ne vivait pas une situation de guerre froide... Le lendemain de la cérémonie, Alice était retournée dans le foyer qui l'avait vu grandir, jusqu'à ce que Jay règle les dernières formalités pour leur logement. Les procédures au sein de l'Organisation furent d'une difficulté considérable : tout d'abord parce que la jeune fille fut élevée par l'organisme, qu'elle avait dû être émancipée, et enfin car le bureau se chargeant de son cas avait tardé à rendre ses conclusions sur l'enquête à propos de leur union. Mais la veille au soir, le lieutenant vint à son dortoir et lui annonça devant ses amies, mortes de jalousie, qu'il avait trouvé « un très confortable nid douillet », pour sa « belle et tendre petite fleur ». Plus mielleux, tu meurs. La jeune fille l'avait dévisagé avec des yeux aussi ronds et amoureux qu'une plaque d'égout, avant de se reprendre et de jouer son rôle de parfaite future ménagère. Bien sûr, elle ne savait toujours pas pourquoi. Mais cela l'amusait vraiment de voir les têtes de toutes ces idiotes qui ne rêvaient que de prendre sa place et devenir mères le plus vite possible. Certes, l'école lui avait appris que c'est essentiel au développement de la femme, à son bonheur. Mais elle se trouvait trop jeune (et trop contrainte) pour ça ! Elle se dit finalement, qu'elle avait peut-être de la chance que son nouveau mari fut Jay et pas un type obsédé par sa descendance comme beaucoup.

        « Bon, l'appartement est au troisième, heureusement que tu n'as pas beaucoup de cartons !

        -Oui, l'Organisation ne nous laisse pas un grand espace à décorer et les meubles lui appartiennent. Mais, dis-moi, tu as l'air d'aimer ce qui est en hauteur, non ? C'était bien toi qui a demandé à ce que l'on soit en étage à l'autre soir ?

        -Comment tu sais ça ?!

        -L'accueil, j'ai entendu la réceptionniste le dire. Et donc ?

        -Oui, je préfère les lieux en étages, au moins, on peut surveiller les alentours. »

        Oh, non ! Il est paranoïaque ! Ça y est, elle avait trouvé LA faille... Et il fallait que ça tombe sur elle..! Ils rentrèrent et montèrent les étages, elle, en se lamentant silencieusement, et arrivèrent devant la porte. L'escalier et sa cage étaient on ne peut plus banals, le bois grinçait à certains endroits et contrairement à ce qu'elle imaginait depuis l'extérieur, il n'y avait pas de couloirs. Malgré tout, elle était quand même excitée.