Chapitre 9 : Avec et sans moi

31 5 0
                                    

Je courais vers ma chambre et fermais la porte derrière moi. J'en avais assez. Je ressentais une profonde haine envers Vincent quand il me questionnait sur ce sujet. Je n'avais pas envie de lui en parler. Ce sujet ne le regardait pas et je devais protéger mon identité, il ne devait pas savoir. Je me frottais les mains ensemble et je faisais les cent pas. Mon identité? Mais je ne savais même pas qu'elle était cette identité, je n'étais même pas certaine de ce qu'étaient les delockdoh exactement, et j'avais confiance en Vincent. Alors, pourquoi j'hésitais? Pourquoi avais-je peur de sa réaction? La douleur lancinante qui s'était logée dans mon cerveau me rappelait sa présence. J'avais l'impression que mon cerveau se combattait lui même, qu'il se contredisait. Je devais parler à Vincent, je devais me confier, lui dire à quel point j'étais terrorisée à l'intérieur. Terrorisé face à l'inconnu, face à ce dont je me rappelais, mais surtout face à moi-même. Je ne savais toujours pas ce dont j'étais capable, mais si j'étais moindrement comme ce que j'avais vu, Vincent n'était pas en sécurité avec moi. 

J'entendais des voix dans le salon, quelqu'un était avec lui. Je me rapprochais de la porte et y collais mon oreille pour entendre ce qui s'y passait. Les voix étaient étouffées par le bois épais de la porte de ma chambre, mais je réussissais à y percevoir ce qu'ils disaient. C'était Lorane qui invitait Vincent à aller au cinéma seulement tous les deux comme dans le temps. Je ne prenais pas le temps d'écouter sa réponse avant de m'éloigner de la porte. 

J'étais si épuisée, je ressentais la fatigue dans tous les pores de ma peau. Je regardais mon lit du coin de l'œil, j'hésitais entre m'y installer ou retourner parler à Vincent. Je me dirigeais silencieusement vers la porte et je l'ouvrais doucement, je passais la tête dans l'embrasure. Debout, au bout du couloir, dos à moi, ce trouvait Lorane. J'abandonnais l'idée de retourner vers lui, et refermais la porte. Je retournais vers mon lit, retirais mes jeans, et m'installais sous la couverture. Le soleil perçait les nuages et réchauffait la peau de mon visage. Il descendait doucement dans le ciel d'après-midi. Je sentais le sommeil me gagner rapidement, jusqu'à ce qu'il m'emporte complètement.  

Je me réveillais au son de la voix de Vincent. J'ouvrais les yeux, il était assis sur le rebord de mon lit, l'air inquiet. Il ne portait pas les mêmes vêtements que ce matin. Je me redressais, jusqu'à ce que je sois assise. « Est-ce que ça va? » Je fronçais les sourcils face à l'angoisse que je pouvais voir dans ses traits sérieux. 

« Oui? » Je me retournais pour regarder le cadran sur la tablette, il était 16 h 45. « Tu t'es changé? » Je touchais son t-shirt avec ma main droite, souriante. 

« Je me suis changé? » Il regardait son t-shirt, incertain. « Nao, ça fait plus de 24 h que tu dors! » Il me regardait sérieusement. « Je suis venue te voir hier après le départ de Lorane pour savoir si tu voulais souper, mais tu dormais si profondément que je n'ai pas voulu te réveiller. » Je repoussais la couverture pour libérer mes jambes, réalisant que je portais seulement un chandail et mes sous-vêtements. Vincent passait délicatement ses doigts sur mon genou. « Est-ce que ça fait mal? » Confuse, je baissais le regard vers mes genoux, ils étaient chacun couverts d'une immense ecchymose. J'appuyais sur l'un d'eux envoyant une décharge de douleur directement vers mon cœur. 

« Ouch. Oui! »  Il se relevais et attrapais mes pantalons sur le plancher. Il me les tendait et je me dépêchais à les enfiler avant de me rasseoir sur le lit. « Je dors depuis hier après-midi? » Il acquiesçait.

« Je n'ai pas osé te réveiller pour le souper, j'ai simplement laissé une note sur ta porte quand je suis partie au cinéma. » Je serrais les dents, il était sorti avec Lorane. Ses yeux se posèrent sur mes lèvres avant de poursuivre. « J'étais surpris que tu dormes encore à mon retour, mais je savais que tu étais épuisée. » Il s'assoyait sur la petite chaise devant mon bureau de travail. « Je me suis relevée trois fois cette nuit pour m'assurer que tu respirais toujours. » Il riait légèrement. « Et ce matin je devais me rendre à l'université. J'avoue que je commençais à être inquiet quand je suis rentré et que rien n'avait bougé depuis mon départ. » Il croisait ses bras sur sa poitrine. 

ZinnaoraWhere stories live. Discover now