Chapitre 4 : Immensité de possibilités

49 3 4
                                    

C'était la troisième fois que je me réveillais, au milieu de la nuit, au son des cris de Zinnaora en provenance de la pièce d'à côté. Je repoussais les couvertures et me dirigeais vers sa chambre en vitesse. Elle était étendue sur le dos, ses longs cheveux blancs éparpillés sur son oreiller, la couverture au pied du lit. Son pyjama était détrempé. La lueur de la lune se reflétait sur la sueur qui coulait de son front. Je m'assoyais aux côtés de son corps agité. Je déposais ma main délicatement sur son épaule froide, malgré la sueur. « Réveille-toi Zinnaora. » Je lui parlais doucement le visage près de son oreille. Elle criait une fois de plus, un cri presque inhumain, un son qui semblait provenir du plus profond d'elle. « Zinnaora, c'est Vincent, réveille-toi. »Je lui secouais l'épaule, un peu plus brusque. Le cri cessait net et elle ouvrit les yeux vivement, fixant son regard sur moi.

Je l'aidais à se redresser, et lui donnais le verre d'eau qui reposait sur la tablette derrière elle. Elle le prit d'une main tremblante. Je lui dégageais le front des cheveux qui s'y étaient collés. « C'était quoi cette fois? » Demandais-je reprenant le verre vide qu'elle me tendait. Un long frisson parcourait son corps humide. Je déposais le verre par terre et m'étirais pour ramasser la couverture abandonnée et la déposais sur ses épaules.

« Honnêtement? Je ne sais pas, c'était flou. Rien de précis; des visages que je ne connais pas, plusieurs personnes qui m'agrippaient par les bras. » Elle resserrait la couverture autour d'elle.

« Est-ce que tu avais des cauchemars au centre? » Elle me répondait par la négative

« Ne le dit pas à Monsieur Marcil, Vincent, s'il te plaît! » Ses mains se refermaient sur la couverture.

« C'est la troisième fois en six jours Zinnaora, tu ne crois pas qu'il serait raisonnable d'en parler au médecin? » Encore un signe négatif. « Je vais rester ici jusqu'à ce que tu te rendormes. Je n'en parlerais pas à Luc pour le moment, promis. » Souriante, elle se réinstallait silencieusement. Ses paupières se refermèrent délicatement jusqu'au moment ou ses cils se déposèrent sur le haut de ses joues. Je restais assis près d'elle jusqu'à ce que sa respiration prenne un rythme stable et qu'elle soit à nouveau endormie. Je quittais la pièce sans refermer la porte.


Je m'étirais dans le lit en replaçant les couvertures douillettes autour de moi. Le soleil perçait mes rideaux usés. Déjà une semaine que Zinnaora habitait ici et j'étais toujours mitigé face à elle. Par moment, j'avais l'impression que ses grands yeux gris voyaient beaucoup plus de choses que je pouvais m'imaginer. J'avais également la vague impression qu'il y avait bien plus en elle que ce qu'elle laissait paraître. Je l'observais à l'occasion, à son insu, et il lui arrivait de devenir complètement immobile pendant plusieurs minutes avant de retourner à ce qu'elle faisait. Elle s'étirait inconsciemment afin de déposer ses doigts sur différents objets. Une action à laquelle je m'étais déjà habitué.

La sonnerie de mon cellulaire retentit, me faisant faire le saut au passage. Je me retournais sur le côté pour atteindre la table de chevet. Je renversais le verre d'eau qui s'y trouvait au passage. J'échappais un juron. « Merde! Allô? » Ma voix craquait dû au manque de sommeil. Je me relevais rapidement et ramassait le t-shirt que je portais hier pour éponger l'eau qui coulait sur le côté du meuble.

« Vincent? »

« Oui, Luc? » Il n'y avait que mon oncle pour téléphoner à 7 h 15 le matin.

« C'est quoi tout ce bruit? »

« J'ai renversé un verre d'eau. »

« OK. Écoute, je t'appelais pour savoir si tout va bien avec Zinnaora? » J'entendais sa femme lui marmonner quelque chose au loin.

ZinnaoraWhere stories live. Discover now