Chapitre 23: Non

16 2 0
                                    

L'impact des sabots sur le sol résonnait dans mon dos. C'était la troisième journée consécutive que je le faisais avancer et forcer à son maximum. Je devrais bientôt lui donner une pause bien méritée. Je devais également prendre le temps de changer de vêtement et de finalement jeter un coup d'œil à cette liste d'ingrédients. Je ne savais pas par où commencer, et encore moins vers où aller. Mais une chose était certaine, instaurer une certaine distance entre Leakan et moi avait été une priorité. Je descendais du cheval et je le laissais s'abreuver dans le lac qui s'étendait devant nous. Mes muscles étaient raides, et endoloris. Je n'avais pas l'habitude de dormir directement sur le sol et les bruits autour de moi me gardaient éveillée, je ne savais pas comment je parviendrais à réussir cette aventure. Je laissais le cheval quelque temps pour m'enfoncer dans le boisé, non loin du lac, pour y trouver à manger. Les derniers jours, j'avais trouvé des pommes et des baies. J'espérais y trouver quelque chose de plus consistant, en vain. Je me contentais de framboises sauvages, pendant que mon estomac grondait. Le soleil commençait déjà à descendre dans le ciel. Je me dépêchais de retourner près du lac avec une quantité raisonnable de bois pour faire un feu avant la noirceur. J'allumais le feu rapidement avec des allumettes que j'avais trouvées dans le fond du sac que la dame m'avait remis.

Je m'assoyais devant les flammes et je sortais les deux bouts d'écorces de mes poches pour inspecter les noms qui s'y trouvaient. Le premier élixir était le plus simple, je n'avais besoin que de trois choses; de l'écorce de bourdaine, de l'hamamélis et du millepertuis. Je ne reconnaissais pas ces noms. Ce qui compliquait déjà les choses. Je regardais à présent l'autre liste, qui était plus longue, et le millepertuis y figurait également. Je ressentais un léger soulagement. Par contre, je devais également trouver de la prêle des champs, du Datura, de l'hysope, de l'églantier puis finalement la dernière plante, contente de voir un nom familier, de l'épurge. Je devais donc trouver huit sortes de plantes différentes. Je savais que la tâche serait complexe, mais je n'avais pas d'autre choix. Je rangeais les listes dans le sac et je sortais les vêtements qu'elle m'avait donnés. Je me relevais et retirais ceux que je portais déjà depuis plusieurs jours, j'hésitais un moment et je les lançais dans le feu, ils ne me seraient plus utiles ici. Je me dirigeais vers le lac, il y avait une légère brise, ce qui me faisait frissonner. Je m'enfonçais dans l'eau afin de m'y laver tant bien que mal. Je ressortais après seulement quelques minutes,j'appliquais de la pommade sur ma brûlure qui guérissait lentement et j'enfilais les pantalons et la tunique. Leurs tissus étaient raides et avaient la même odeur que dans sa maison. Je devrais m'y faire puisque je n'avais pas d'autre option. Je remontais mes cheveux dans un chignon lousse. Je m'assurais que le cheval était bien attaché avant d'aller m'étendre près du feu. J'étais épuisée, et je me sentais seule. Je me servais de mon sac comme oreiller et de la cape de voyage comme couverture. Il faisait déjà sombre et je trouvais le sommeil rapidement malgré tout.

Je reprenais la route rapidement, le soleil n'était toujours pas levé et j'étais à peine éveillée, je savais qu'il était plus prudent de ne pas rester au même endroit trop longtemps. J'enfilais la cape de voyage et je camouflais mes cheveux sous le lourd capuchon. Je ne savais pas exactement où j'étais ni vers où je me dirigeais, mais je devais trouver un village, et des gens pour les questionner sur les différentes plantes que je recherchais. Je gardais l'œil ouvert pour de l'épurge, je reconnaîtrais facilement sa longue tige droite et ses longues feuilles minces bleu-vert en forme de croix. Mes muscles étaient tendus et ankylosés, je ressentais un inconfort constant lorsque j'étais installée dans la selle qui reposait sur le dos de mon cheval. Je lui caressais doucement le cou, la main cachée dans la cape, pendant qu'il répondait, sans complainte, à mes demandes épuisantes. Il galopait à vive allure dans une direction qui m'était toujours inconnue. Je replaçais, d'une seule main, le capuchon qui s'affaissait avec le vent qui s'infiltrait sous le tissu.

ZinnaoraWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu