Chapitre 2: Intrusion

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J'avais encore le regard perdu dans sa longue chevelure blanche qui descendait jusqu'à sa taille. Je n'avais jamais vu des cheveux aussi clairs et lisse avant. J'avais l'impression qu'ils s'y dégageaient une lueur blanche comme s'ils s'étaient imprégnés de la lumière autour. Elle se tenait au milieu de la chambre que l'organisme, s'occupant de son dossier, avait partiellement remplie. Elle étirait ses longs doigts vers le duvet recouvrant le lit simple que Madame Rousseau, la dame de l'organisme, avait choisi. Elle tournait la tête vers moi, son regard à la recherche du mien. Ses yeux, entourés d'élégants cils blancs, étaient d'un gris si intense que j'avais l'impression qu'elle pouvait voir jusqu'au plus profond de mon âme. J'avais l'impression d'être scruté jusqu'à la moelle. Sa peau était si claire que j'avais l'impression qu'elle n'avait aucune pigmentation. Son apparence en général me troublait au plus haut point.

«Un lit simple? Sérieusement? » Un sourire étirait le coin de ses lèvres charnues. Elle retournait son attention vers sa valise qu'elle venait tout juste de déposer sur le lit.

«C'est ce que je leur ai dit lorsqu'ils l'ont installé.» Mon oncle m'avait rapidement parlé de son histoire, mais sans plus. «Zianaro? C'est ça?» Elle éclatait de rire, un rire si franc que j'en étais surpris.

«Zin-Nao-Ra. Ne me demande pas l'origine, je n'en ai pas la moindre idée.» Je contemplais le derrière de sa tête. Elle rangeait un à un les quelques morceaux de vêtement qu'elle possédait. «Ils m'ont au moins laissé le choix de ma garde-robe, parce qu'honnêtement, la jaquette d'hôpital, je n'en pouvais plus.» C'était mon tour de sourire légèrement. «Toi, c'est Vincent, c'est ça?»

« Oui, mais aucune originalité dans tout ça.» Je passais la main dans mes cheveux avant de me rappeler que je les avais attachés ce matin. Je retirais l'élastique qui les retenait pour refaire lâchement ma couette. «Alors Zinnao...ra...» J'étais encore incertain de la prononciation. «Mon oncle m'a légèrement parlé de ton histoire, en fait il m'a seulement dit que tu souffrais d'amnésie?» Elle regardait le fond de sa valise maintenant vide, avant de la laisser tomber au fond du placard et de fermer la porte rapidement. Elle soupirait une fois de plus, avant de venir se planter à quelques pas devant moi.

« Souffrir est un grand mot. Je ne souffre pas, je le subis en fait. Mais oui, je 'souffre' d'amnésie, et le centre semble croire que d'habiter avec toi m'aiderait.» Elle n'était pas très grande et pas très imposante, mais j'avais une impression totalement différente de cette jeune femme. «J'ai plus l'impression d'être imposée dans ta vie et vice-versa.»

«Tu n'es pas imposé dans ma vie, de toute façon je cherchais quelqu'un pour habiter ici avec moi. Donc ça me va. Même si maintenant je vais devoir me coltiner mon oncle un peu plus qu'à mon goût.»

Elle hochait légèrement la tête. Ses yeux étaient rivés sur ses ongles comme si elle sentait l'obligation de s'assurer qu'ils étaient bien soignés. Ses doigts étaient longs et fins. Tout, de cette personne, semblait délicat. «Au moins j'aime le bleu.»

«Pardon?»

«Dans cette chambre, tous les meubles sont blancs, et tous les accessoires sont bleus, au moins j'aime le bleu.»

«C'est mieux que rose, non?» Son regard semblait vide, comme si elle était complètement ailleurs. « Zinnaora?» Aucune réaction. Elle se tenait là, devant moi, absente. Je sentais le malaise monté en moi. Elle semblait raide comme une statue. «Bon, je vais te laisser t'installer.» Je me dirigeais, incertain, vers la porte.

«M'installer? C'est déjà fait.»

Elle me suivait vers la porte. Je n'arrivais pas à m'expliquer ce que je ressentais à ses côtés. J'avais une drôle de sensation au creux de l'estomac, un inconfort. Mes mains étaient moites. Je les essuyais rapidement sur mes jeans pendant que je l'observais se diriger vers le salon. «C'est bien comme appartement.» Elle passait ses doigts sur le mur à sa droite avant de les déposer délicatement sur le dossier du divan, effleurant le tissu doucement. Je me sentais figé dans l'embrasure de la porte de sa chambre. «Tu me fais visiter le quartier, Vincent?»

ZinnaoraHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin