55 : Souvenirs de prison.

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—   Pourtant, elle habite là, s'étonne Icare en empoignant des seaux de granulés.

—   Elle donne quelques cours aux enfants les mercredis et samedis. Le reste du temps, elle ne sort pas trop aider. Elle doit s'occuper dans la maison, ou elle aide Murielle dans les tâches administratives et de comptabilité. Vincent est un peu plus présent, il donne les cours le soir pour les adultes, quelques-uns en journées aussi. Après, comme aujourd'hui où on est jeudi, c'est tranquille. Pas de cours. Vincent rénove le centre ou va continuer à construire la prochaine écurie. Du coup, c'est moi qui m'occupe des animaux, les sors, monte dès que j'ai un peu de temps. Ça me fait plaisir que tu sois là Icare, sinon je ne vois personne quand je travaille, hormis au repas de midi qu'on prend tous ensemble.

Icare hoche la tête. Il ne va pas se plaindre, lui aussi adore travailler avec son meilleur ami, ils rigolent à longueur de journée que cela n'en devient même pas pénible de bosser. Il ouvre d'une porte de box pour déposer la ration d'un imposant étalon, et ne peut s'empêcher de flatter son encolure. Icare se rend compte d'une autre chose. Il aurait envie d'en rire, mais il comprend pourquoi Niels est parti « élever des poneys », comme il lui avait dit. Il a passé que de rares jours ici avec Lucile avant, mais il s'est déjà attaché aux animaux. Leur présence fait du bien. Ils viennent vers lui. Ils ne le jugent pas, contrairement aux hommes. Il est lui-même, mais c'est ce que les animaux recherchent. Tout est paisible ici, et Icare sait que Lucile avait raison. Il avait besoin de sérénité.


—   Fini ! s'exclame Niels en déposant le dernier seau.

A cet instant, une voiture se gare au loin dans le parking du centre.

—   Je ne t'avais pas dit, mais David vient passer la nuit ici, explique Niels. Ça ne te dérange pas ?

—   Mec, je suis logé chez toi, je ne vais pas me plaindre que ton petit-ami vienne te voir. J'ai juste une question : ils ne se doutent toujours pas que tu sois gay alors qu'un mec passe te voir pour dormir des nuits chez toi ?

—   Ça ne doit pas effleurer leur esprit. Ce n'est pas quelque chose que je demande au repas du midi.

—   Je comprends. D'ailleurs, va accueillir David. J'arrive pour le dîner dans quelques minutes, je vais juste faire un petit « au revoir » à Pégase.

—   Tu deviens gaga des « poneys » toi aussi.

—   Pff, moque-toi. Dépêche-toi de rejoindre ton mec.

Niels secoue la tête avant de partir, mais Icare remarque que la démarche pressée de ce dernier quand il s'avance vers son copain.








Icare part dans l'allée des écuries, et s'arrête devant le box de Pégase. Le vieux cheval tourne les oreilles vers une des rares visites qu'il a. Maintenant les cavaliers viennent moins le voir, il ne dispense plus de cours. Il passe les journées au pré et les nuits au box, mais depuis quelques temps, il est sans doute content de reprendre du service et de partir marcher deux petites heures dans l'après-midi. Icare ouvre la porte et s'assoit sur la paille, le cheval ne le quitte pas du regard. Il avance son museau vers l'homme, qui lui caresse doucement les naseaux.

—   Est-ce que tu m'aimes bien parce que l'on est copains de prénom ? demande Icare. Genre dans le style prénom bizarre. Quoique sur toi ça ne choque pas vu que tu es un cheval. On ne te demande pas pourquoi tu t'appelles comme dans la mythologie greque.

Le cheval garde les oreilles pointées sur son interlocuteur, comme s'il approuvait.

—   Putain, Niels a raison, je deviens gaga. Je parle à un poney. Enfin, un cheval, je ne veux pas te vexer. Merde... Mais je suis vraiment con, j'ai peur de vexer un cheval maintenant. Oublie ce que j'ai dit.

IcareWhere stories live. Discover now