27. Dans l'ombre de la rose

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Des voix... Des rires... Une musique entraînante, sublime... Le tintement du cristal... Des murmures...

Elenor entendait tout cela, mais ne le voyait pas. Elle savait pourtant qu'il lui suffisait d'ouvrir les yeux... Mais c'était comme si son corps le lui refusait. Ce n'était pas bien... Ce n'était pas bien...

Peu importe que cela soit bien ou non ! Elenor en avait plus qu'assez d'errer dans les ténèbres sans savoir où mettre le pied suivant ! Refoulant son instinct, elle finit par battre des paupières... Avant de les ouvrir en grand, surprise.

Elle ne se rappelait pas s'être trouvée là, avant... Et pourtant elle y était bien.

C'était une salle grandiose, magique. Le blanc et l'argent y régnaient en couleurs maîtresses, avec les lustres somptueux en cristal et des rangs de perles tendus à travers le plafond en forme de dôme, agrémentés de voiles diaphanes d'une finesse dépassant l'excellence. Elenor apercevait des tables rondes disséminées çà et là entre de confortables et énormes coussins, supportant des plats en argent ciselé contenant des mets on ne peut plus délicats, ainsi que des flûtes cristallines emplies d'un liquide pétillant d'une couleur ambrée.

Et partout, des gens dansaient, riaient, discutaient et se couraient après. L'atmosphère de la pièce était indescriptible, en cette sorte de chaos ordonné comme on peut en trouver dans les bals réussis. Les dames étaient drapées de robes plus somptueuses les unes que les autres, les hommes arboraient une tenue magnifique, toutes et tous parés de joyaux scintillants et de tissus précieux qui virevoltaient, étincelaient et s'envolaient en une chorégraphie magique et envoûtante. Ils portaient également tous des masques, sublimes, réalisés d'une main de maître, d'une finesse sans égale, représentant des créatures féeriques. La jeune fille apercevait ici une fée, là une licorne, là un lutin et là encore un phénix... Fronçant les sourcils, elle concentra son regard sur la femme costumée en fée et l'homme au masque de licorne. Ils lui rappelaient quelque chose... Mais quoi ?

Soudain, une odeur exquise, mais capiteuse rappelant fugitivement la rose la détourna de ses ruminations. Elle croisa alors son regard dans un miroir et eut le souffle coupé.

Elle ne savait plus ce qu'elle portait avant, mais elle aurait tout aussi bien avoir pu porter une telle tenue depuis le début de ce bal unique. Ses cheveux plus noirs encore que dans ses souvenirs inexistants étaient bouclés pour retomber dans son dos en une masse glorieuse, à peine retenue par deux rubans de velours rouge rehaussés d'un rubis enchâssé dans une coque en or sur sa tempe droite où était également fixé un rang de perles séparées qui lui chatouillait le dos.

Elle portait une robe absolument magnifique, composée d'un bustier rouge sombre serré par de fins fils d'or et incrusté de rubis sur le devant, suivi ensuite d'une large jupe d'un blanc pur recouvert derrière par un voile pourpre frangé de perles d'or. Les manches qui laissaient les épaules nues étaient d'abord larges, incrustées de minuscules joyaux, pour laisser place à un autre tissu qui recouvrait ses bras comme une seconde peau jusqu'aux poignets. Elle leva la main à son visage et sentit des boucles d'oreilles, ciselées avec une telle finesse qu'elle crut les briser, venir effleurer la peau de son cou.

Depuis quand était-elle capable de se vêtir aussi richement ? Quelque chose lui soufflait que ce n'était pas elle qui s'était vêtue ainsi, tout comme elle n'était pas venue dans cette salle de bal parce qu'elle le souhaitait. Mais un nouveau parfum de rose la coupa et la détourna de ses questionnements intérieurs.

Elle cherchait quelqu'un.

Oui, c'était cela ! C'était pour cela qu'elle était ici, maintenant, dans cette tenue féerique. Quelqu'un l'attendait, et elle cherchait cette personne.

Les énigmes des Mondes mystérieuxWhere stories live. Discover now