10. Mérandil

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Pfiou ! Elenor se mordit la lèvre. Mais que pouvait-elle faire d'autre ? Elle n'avait pas le loisir de pouvoir chercher une autre sortie, si tant est qu'il en existe une autre.

- J'accepte, déclara la jeune fille en songeant au temps qui lui restait.

Pourquoi avait-elle l'impression que la licorne était satisfaite de sa réponse ? Elle s'avança d'un pas, comme si elle souhaitait exécuter une révérence, puis hennit :

- Alors écoute bien, car voici ma première énigme :

Je suis blanc quand tu m'utilises et je disparais quand tu m'oublies. Qui suis-je ?

- Tu as une minute.

Elenor grimaça. Elle avait naïvement espéré avoir affaire avec une énigme qu'elle aurait eu la chance d'avoir déjà entendu. Peine perdue. Sans perdre de temps, elle se mit à réfléchir, se mordillant les lèvres tandis qu'elle listait tout ce qui aurait pu concorder.

Bon, selon elle, il devait s'agir de quelque chose d'évident, une chose à laquelle elle ne penserait pourtant pas immédiatement. En tout cas, on pouvait dire qu'elle commençait fort en matière d'énigme, la licorne !

« Qu'est ce qui est blanc ? Un nuage, le lait, un fantôme, la couleur des couches propres de William... Non, Elenor, concentre-toi, pas d'idioties, s'il te plait ! Bon sang, mais qu'est ce qui est blanc, s'utilise et disparaît quand on l'oublie ? Ça n'a pas de sens ! »

- Trente secondes, chantonna la licorne d'un ton calme.

Elenor l'entendit, mais tâcha de ne pas y faire attention. Elle rumina dans sa tête ce qui pouvait bien correspondre, mais rien de vraiment satisfaisant ne se présentait. La craie était bien blanche, s'utilisait et disparaissait... Mais pourquoi quand on l'oubliait ? Pourquoi oublier cette chose, d'abord ? Non, il y avait un sens caché à ce mot. C'était plus qu'oublier, c'était... quoi ?

- Quinze secondes.

Elenor lui tourna le dos, avec l'impression que son cerveau allait exploser, lorsque son regard se posa sur le passage qui menait au dédale qu'elle venait de quitter. Et elle eut alors une illumination. Oui ! Ça pouvait marcher ! Mais après, si c'était la mauvaise réponse, elle était perdue.

- Cinq secondes.

Tant pis ! Elle n'avait plus le temps ! Elenor se retourna et fit face à la licorne qui avait déjà penché la tête, prête à l'embrocher.

- Le chemin ! Le chemin est la réponse !

Surprise, la licorne releva la tête et dressa les oreilles en avant.

- Oui ! continua Elenor, Un chemin est normalement clair dans un paysage pour pouvoir être visible et disparaît dans notre dos une fois qu'il n'est plus emprunté.

Il y eut un court silence, puis la bête finit par hocher la tête. Elle paraissait sincèrement étonnée qu'Elenor ait pu trouver.

- Tu as la vie sauve et tu peux faire demi-tour si tu le souhaites... Est-ce le cas ? demanda-t-elle d'un ton docte.

- Non, je continue, déclara Elenor.

La licorne accepta son choix, puis elle parut comme absente, se balançant d'un sabot à l'autre comme si elle écoutait une musique qu'elle seule pouvait entendre.

- Voici la deuxième énigme, humaine, fit-elle ensuite, écoute bien :

J'ai deux pieds, six jambes, huit bras, deux têtes et un œil. Qui suis-je ?

Les énigmes des Mondes mystérieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant