Sam

1.8K 153 2
                                    

Un jeune homme descendit les marches de marbre. Il avait de courts cheveux noirs avec des mèches bleues, ses yeux brillaient d'un éclat pourpre. Il portait un jean noir déchiré et une chemise assortie défaite au col. Pendant qu'il tentait de la refermer, il souriait chaleureusement. Voyant que je le fixais en levant un sourcil inquisiteur, Satan expliqua :

- Je viens de faire une partie de billard avec des amies et...

- J'ai comprit Satan, l'interrompis-je.

- Appelles-moi Sam en dehors du travail tu veux ? (Il se tourna vers Jay) et tu es ?

- Jake McCarter, présentai-je.

- Oh, le célèbre et recherché McCarter... Vois-tu, ils offrent beaucoup d'argent pour te retrouver et...

- Il n'est pas à vendre Sam, répondis-je d'une voix sèche et agacée.

Son sourire s'effaça peu à peu en dévisageant mon visage contrarié. Je le vis serrer la mâchoire et baisser le regard. Il se dirigea ensuite vers les canapés et nous intima de nous assoir.

- Bon, que puis-je faire pour vous ? Demanda l'hôte soudainement pour changer de sujet.

- On voudrait te demander l'hospitalité pendant quelques jours, le temps de trouver un plan pour envoyer Jay à Londres.

- Tu veux l'envoyer au Manoir ?

- Un Archange veut sa peau, et un ami m'a fait promettre de le laisser en vie, crachais-je avec dédain, il veut aussi m'avoir à ses pieds.

- Les bruits courent, déclara Sam, Raphaël est à vos trousses.

- T'as des infos concernant ce qu'il se passe là-haut ? Demandais-je en désignant les Cieux.

- Moi non, mais quelqu'un d'autre oui, répondit le Démon, un médium du nom de Erik Collins, il voit tout et entend tout. C'est bien le seul qui pourrait potentiellement être au courant de quelque chose.

- Où est-il ? Demandais-je.

- Dans le Michigan, à Bay City plus précisément, répondit Jay à la place de Sam.

- Comment tu le sais ? Demandons-nous Sam et moi.

- Ça ne vous regarde pas ! Grogna Jay froidement.

- Hé calmes-toi mec, lança Sam doucement.

Mais Jay s'emporta et de leva brusquement en lançant un : 《tu ne vas pas t'y mettre toi aussi !》 Puis il sortit de la pièce en claquant la porte d'entrée. Je soufflai et Sam posa sa main sur mon épaule.

- Je pense que vous avez des choses à vous dire.

Sérieux... Je ne savais pas !
Il me laissa seule avec mes pensées sur le canapé du salon. Je me levait et me dirigeai vers la baie-vitrée. Je vis Jay s'installer sous un chêne en prenant sa tête entre ses mains. Il empoigna nerveusement ses cheveux pour ensuite basculer sa tête en arrière. Je pense qu'il a besoin de se calmer et de rester seul. Alors que je le regardais, il croisa mon regard et le soutint jusqu'à ce que je m'éloigne de la vitre.

Il est bien gentil Sam mais je ne suis pas du genre à m'expliquer ! Et surtout pas avec les humains ! Il voulait que je fasse quoi concrètement ? Des excuses ? Je grimaçai. Jamais ! Je déteste ça. Pourtant je savais que de le voir comme ça, me frustrais, me donnant encore plus envie d'aller le voir. Je regardai par la fenêtre une nouvelle fois, en me pinçant les lèvres, perdue dans mes contradictions. Oh et puis, s'il ne veut pas m'entendre, je m'en irait en lui crachant ses quatre vérités, sans remord ! Je me dirigeai vers la porte et sorti dans le jardin.

Le vent frais levait les branches des arbres et ébouriffait mes longs cheveux noirs. La nuit avait prit place et quelques étoiles scintillaient au travers des nuages. La lune me procurait une visibilité réduite mais suffisante pour distinguer la silhouette de Jay.

Je m'avançais vers lui, jusqu'à m'arrêter devant sa tête. Il ne daigna pas lever les yeux vers moi. Je m'assieds à côté de lui et il ne réagit pas. Pendant que je réfléchissais comment m'y prendre pour m'excuser, les lumières s'allumèrent, nous éblouissant momentanément. Finalement prête à me lancer, Jay me devança :

- Si tu es venue pour me dire que je vous ai mal parlé, alors va te faire voir, je m'en fous. Économise ce qui te sert de salive.

Wouah, il a l'air d'être un peu énervé.

- Bah...commençais-je, écoute, je...

- Mais arrête avec tes 《Écoute》j'en ai plus qu'assez ! Je n'ai pas dix ans ! Me coupa-t-il en se levant brusquement.

Je grimaçai. La façon dont il me parlait me déplaisait fortement.

- Je vois que ce n'est même pas la peine de discuter ! Me braquais-je en me levant à mon tour. Je tente de formuler une excuse pour la première fois de route mon existence et toi tu me remballes comme un chien ! Tu sais quoi ? Moi aussi j'en ai assez ! Ta chance de survie au nom de Mayra te laisses seul ! Crachais-je.

Il se retourna vers moi instantanément. Mais je n'allais pas m'arrêter maintenant.

- C'est ce que je suis pour toi ! On devrait mettre un terme à tout ça. T'as raison. C'est vrai, je ne suis qu'un monstre qui au bout d'un moment craquera et te tuera. Je chargerais Lucifer et Satan de te conduire au Manoir, tu y restera et tu m'oubliera ainsi que toutes les misères que j'ai pu te faire.

Il murmura quelque chose dont je ne prêtais aucune attention. Je le dépassai en lui donnant un coup d'épaule et me dirigeai vers le manoir. Il m'appela plusieurs fois, tentant de m'attraper le bras, mais je me défaisait de sa prise.
En arrivant au pas de la porte, je me retournai et le vis, a quelques mètres de moi, fixant le sol d'un air abattu. Peut être a-t-il besoin d'assimiler tout ce que je venais de lui dire ? Ses cheveux noirs se levaient à cause du vent et dans ses yeux se reflétait la lumière des néons au sol. Il releva la tête vers moi, avec un éclat d'espoir dans le regard, comme s'il croyait que j'allais revenir vers lui. Nous restâmes là, à nous regarder pendant un laps de minutes interminables.

Finalement, je brisai ce moment, en me mettant face à la porte. Pourtant, je n'avais aucune envie de rentrer. Une petite voix me murmurait que j'avais besoin d'évacuer en faisant du mal. Le Mal. Mes poings se serrèrent et ma mâchoire se crispa. Oui, je devait faire mon boulot : tuer.

 La Mort Où les histoires vivent. Découvrez maintenant