La Mort

Drôle de prédiction

Étant seuls sur l'autoroute en pleine nuit, nous prenions goût à la vitesse puis rapidement, nous atteignîmes la première ville. Mais à l'entrée, il y avait un contrôle de police.

- Et merde ! Gueula Jay.

Il mit sa capuche et fit semblant de dormir, en se collant à la vitre, dos aux policiers. Je roulai lentement et m'arrêtai à la hauteur des flics. Je baissai ma vitre.

- Papiers du véhicule s'il-vous-plaît.

- Bien-sûr, fis-je  (Je baissai le pare-soleil et tendis les papiers) Voilà !

- Une pièce d'identité, (Je lui donnai ma carre d'identité au nom de Joyce Gencer) Bien vous pouvez circuler... (il me rendit les papiers et alors que j'allais remonter la vitre, le policier m'interpella) attendez, et votre ami ?

- Oh, Scott ? Il a un peu abusé d'alcool pendant une fête, je me suis désignée pour le ramener. Vous l'auriez vu ! Il ne tenait plus sur ses jambes ! Mentis-je, et sans arrêt en train de vomir ! Je vous jure ! Heureusement qu'il s'est endormi, parce que sinon, je ne l'aurait pas ramené !

Il m'a par la suite fait faire un test d'alcoolémie, puis m'a demandé la carte d'identité de Jay. Je lui ai donné, celle où il s'appelait Scott, et il n'a rien demandé de plus. Il m'a alors permise de circuler.

Une fois assez loin des policiers, je secouai Jay pour qu'il arrête sa comédie. D'ailleurs, il m'assassinait du regard.

- Bourré ? Sérieusement ?  Grommela Jay.

- Ben quoi ? C'était totalement crédible ! Lui répliquais-je.

- Dans ta bagnole ? Non.

- Oh arrête deux secondes Jay !

- Je ne m'appelle pas Jay.

- Oui bon Scott ! De toute façon, changeais-je de sujet, il va bien falloir que tu bouffes quelque chose ! Je vais essayer de trouver un coin où commander, un McDo.

Apparemment c'est là où vont tous les humains, il doit forcément y en avoir un ici, il y en a partout !
Je roulais lentement. J'arrivais dans le centre-ville, et là c'était animé ! Il y avait des fêtes de partout. Tout le monde était soit en train de danser à l'intérieur, soit en train de s'enfiler des bières sur le trottoir, sans compter les couples d'un soir et ceux qui avaient visiblement trop bu. Et puis, nous faisions sensation avec notre Supercar. Tout le monde se tournait dans notre direction lorsque le moteur vrombissait. Certains criaient des 《Ouuuu ! Trop bien !》 Et d'autres me regardaient de travers, jaloux. Nous avancions un peu plus dans la ville lorsqu'une enseigne nous attira : McDonald's. Forcément à sa vue, le ventre de Jay se manifesta.

- Tu veux quoi ? Demandais-je à Jay.

*****

Nous nous étions posés sur un parking vide. Moi assise sur le capot de la voiture, et Jay en face dégustant son sublime hamburger. Je venais de finir un dessert, n'ayant pas faim.

- C'est la première fois que je commande à McDo, fis-je, surtout un dessert et ce n'est pas mauvais.

- Hummm...tu vois, che n'est pas chi mauvais que cha ! Ch'est bien McDo ! Affirma-t'il la bouche pleine.

J'éclatai de rire. Jay me regarda en me fusillant du regard. Il galérait à manger son hamburger. Tout menacer de tomber.

- Je prédis, déclarais-je en riant, que ton steak ne va pas tarder à finir par terre, à ta prochaine bouchée !

Il leva un sourcil puis ferma les yeux en secouant la tête comme pour nier mes paroles. Je sourie et attendis la prochaine bouchée. Il croque à pleine dent son hamburger, et... le steak glissa du pain pour terminer sa chute sur le goudron. J'éclatai de rire. Jay tirait une tête de six pieds de long, son visage décomposé, comme si le steak était la chose la plus importante à ses yeux. Je n'avais jamais ressenti autant d'émotions depuis des siècles. C'est impressionnant, je n'avais jamais autant ri, me donnant la sensation d'être humaine.

- À quoi tu penses ? Me demanda Jay en finissant des frites.

- Aux différentes émotions et sentiment que je découvre. C'est la première fois que je me sens un peu humaine.

Il hocha la tête et regarda le ciel en s'adossant contre le capot et buvant sa boisson.

- Raphaël reviendra, déclara Jay après un silence.

- Comment peux-tu en être aussi sûr ?

- Il ne nous lâchera pas avant de m'avoir tué.

Je réfléchis quelques minutes. Il avait raison. Je doutais quand même que ses frères le laissent partir simplement. Mais Raphaël peut être puissant s'il animé par la colère et la haine. Il faudra rester sur nos gardes. Je pense qu'il serait capable de s'évader et de nous traquer.

Soudain, quelque chose me revint à l'esprit : Jake McCarter, le vrai nom de Jay. Même si au départ ce n'était qu'un pseudonyme, j'avais deviné au fur et à mesure qu'il n'aimait pas ce nom.

- Pourquoi tu n'aimes pas ton vrai nom ? Demandais-je brisant le fil de ses pensées.

- Parce que je... (il inspira longuement et passa nerveusement sa main dans des cheveux) parce qu'on ne me connaissait que par lui, que parce que j'étais le fils du superbe et remarquable Edmund McCarter. On ne me prenait pas pour ce que j'étais mais pour ce qu'il était. On voyait en moi le futur Edmund, aussi remarquable que son père. Et... (il tourna la tête dans ma direction) ça m'énervait ! On ne m'aimait pas pour ce que j'avais accompli mais pour mon statut d'héritier. D'autres questions ?

Jay avait fini sa phrase d'un ton froid. Était-il énervé parce que je lui avais posé la question ? Je regardai ses yeux. Ils avaient la même couleur qu'Edmund.  Il avait ce même bleu brillant, bordé de gris leur donnant un aspect métallique, avec cette même étincelle de vie. Je scrutai ensuite sa cicatrice. La question de savoir comment se l'était-il fait me brûlait les lèvres, mais je ne devais pas la lui poser, pas maintenant. Je sentais que ça ne lui avait pas plus ce que je lui avait demandé, alors il ne fallait pas exagérer. Je levai ensuite les yeux au ciel et fixai les étoiles comme si elles allaient former un dessin. Je vis du coin de l'oeil, qu'il avait basculé sa tête en arrière, puis je l'entendis murmurer :

- Je peux le voir ? (Je me tournai vers lui, ne comprenant pas) Je peux voir une dernière fois mon père ?