11.

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Mon père n'est pas rentré. Ma mère a passé la journée dans sa chambre. Léo est rentré tard. Lui aussi s'est enfermé dans sa chambre. J'ai été dans la cuisine. J'ai ouvert le frigo.
Vide.
Comme mon estomac.
J'ai roulé mon fauteuil jusqu'au garde manger. J'ai trouvé un paquet de pâtes. Je suis retourné dans la cuisine pour poser une casserole et de l'eau sur le feu.
C'était lourd.
Puis j'ai coupé les pâtes en deux pour les glisser dans l'eau. En attendant que ce soit prét,j'ai voulu poser le couvert. Les assiettes étaient trop hautes. J'ai tendu la main. J'en ai attrappée une mais ma main m'a lâchée. Une pile d'assiettes s'est écrasée sur le sol dans un bruit fracassant. J'ai poussé mon fauteuil.
Trop vite.
Mon coude a heurté la casserole que j'avais laissé sur le feu. L'eau bouillante s'est répendue par terre dans un nuage de fumée. Les pâtes à moitié crues ont glissés sur le sol.
Je ne sais pas si je pleurais déjà quand Léo est entré en trombe dans la cuisine. Il s'est mis dans une colère noire.
Il n'y avait personne pour nettoyer. Mais bien entendu, je m'en foutais vue que de toute façon, ce ne serait pas moi qui le ferait.
Je voulais juste faire des pâtes. Pour qu'on puisse manger tous ensemble.
Comme avant.
Léo nettoyait l'eau à présent refroidie avec une serpière. Les spaghettis gâchés formaient un amas de bouillie blanche.
Un cerveau écrasé.
J'aurai voulu fuire. Mais avec ma chaise roulante ...
Ce n'était pas gagné.
Alors je suis retournée dans le salon et j'ai fixé les escaliers qui menaient à ma chambre. Ils semblaient interminables. Je me suis assise sur la première marche et je suis montée.

À la force de mes deux bras.

BrouillardWhere stories live. Discover now