La Lumière de l'Espoir - Acte 2 - Partie 4

71 4 0
                                    

Lorsqu'il arriva dans le couloir menant à son cabinet, les deux soldats se retournèrent vers lui en dégainant leurs épées.

- Vilnia ! Didos ! S'il vous plait ! dit Alys avec humeur.

Les deux gardes s'agenouillèrent alors devant elle. Alys soupira :

- N'en faites pas trop, Mesdames, je vous en prie...

Beckett poursuivit sa marche, et fit entrer la princesse dans son cabinet.

Alys s'installa avec sa grâce habituelle, dans le fauteuil situé au le fond de la pièce. Même si le poids des années avait donné de l'âge à ses traits, elle n'avait rien perdu de cette vivacité électrique qui l'habitait. Lorsqu'elle ôta son manteau, Beckett remarqua que son pendentif tenait toujours en place, brillant de la même lumière que celle qu'il lui avait vue jadis.

- Décidément, le Capitaine Valor et ses troupes semblent particulièrement nerveuses, dit Beckett. Vous courez un si grand danger ?

Alys lui jeta un air surpris.

- Je pensais que tes apprentis te renseignaient un peu mieux sur la situation à Ulmia...

- Mes apprentis ? demanda Beckett, surpris. Comment savez-vous que mes apprentis viennent à Ulmia ?

- Et bien... Je les vois souvent passer, de ma fenêtre. Ils ne sont pas difficiles à repérer, avec leurs charrettes complètement archaïques et le bruit qu'ils font dans les rues. J'attends cela avec impatience, chaque matin, et ça me réchauffe le cœur de les voir.

Beckett sentit le rouge lui monter aux joues. Cela ne lui était pas arrivé depuis des années. Il est des choses qui ne changent pas. Une pensée lui vint alors. Et si elle avait reçu ses lettres et les avait lues... Et si, seulement...

- Avez-vous reçu les lettres que je vous ai envoyées ? lui demanda-t-il précipitamment.

- Quelles lettres ? demanda Alys.

Beckett sentit toute la tension qu'il ressentait en lui depuis son arrivée, se changer aussitôt en une bile amère. Quelles lettres ? En trente ans de correspondance, elle n'avait reçu aucun courrier de lui.

Un silence pesant envahit les lieux.

- Quoi qu'il en soit, reprit Alys, Valor a des raisons d'être sur ses gardes. Avec ses antécédents, il court de très gros risques si jamais il venait à m'arriver quelque chose.

Beckett la regarda silencieusement d'un air interrogatif. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle voulait dire.

- Oh... J'oublie souvent à quel point l'atelier est loin d'Ulmia, dit Alys. Et bien... Le duc Valor était impliqué dans un complot contre la Famille Royale, il y a de cela quelques années. Nous avons dû l'envoyer dans le monde-prison de Kannler, au milieu du brouillard. Le capitaine Valor était le seul membre de sa famille, et il l'a donc l'accompagné sur la planète, où il serait emprisonné dans des conditions déplorables.

Elle regarda droit devant elle, semblant se rappeler d'anciens souvenirs.

- Il ne m'était pas tolérable de laisser cet enfant partir pour une mort certaine. Aussi ai-je décidé d'en faire officiellement mon pupille. Et puis, (elle soupira profondément) j'espérais naïvement que cette adoption montrerait ma mansuétude. Il a donc grandi au milieu des honneurs de la Famille Royale, et fut très vite assigné à mon service personnel. Le Capitaine Valor est un homme extrêmement courageux, sans qui je ne serais plus sur terre aujourd'hui.

Beckett ressentit en cet instant autant de gratitude que de jalousie envers le Capitaine. Il s'imagina l'espace d'un instant ce qu'auraient pu être ses dernières années, si lui aussi, avait été le pupille de la princesse. Il eut un affreux pincement au cœur.

Les Chroniques de l'Intermonde I : La Lumière de l'EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant