La Lumière de l'Espoir - Acte 1 - Partie 3

101 12 3
                                    


Beckett avait été très attentif pendant toute la conversation. Il avait bien compris, qu'Alys était une femme tout à fait extraordinaire, en comparaison de toutes les personnes qu'il avait rencontrées jusqu'à présent.

C'est pourquoi, il prétexta avoir besoin de dormir pour se préparer à la journée du lendemain. Comme il avait beaucoup travaillé toute la journée, Maître Rinpo lui donna cette autorisation sans broncher.

Il était dévoré par la curiosité. Il fallait qu'il en sache plus sur la princesse. Un peu par défi, il poussa la porte du cabinet de Maître Rinpo, qui s'ouvrit sans effort. Dans sa précipitation, le vieux maître avait oublié de refermer à clef son cabinet.

Beckett décida de tenter sa chance. Le cœur battant, il s'aventura dans le bric à brac du maître forgeron, jusqu'à une petite armoire où celui-ci conservait des vieux vêtements. Il s'installa au milieu de la poussière et referma les portes sur lui.

Il n'eut pas à attendre trop longtemps, car moins d'une dizaine de minutes plus tard, il entendit le pas boiteux de Maître Rinpo, accompagné du pas plus léger de la princesse dans le couloir.

Il vit, à travers le trou de la serrure, le vieux maître s'installer pesamment dans un fauteuil, tandis qu'Alys restait debout. Loin des regards des enfants, elle avait le front plissé et semblait extraordinairement adulte pour une jeune femme de seulement vingt et un an.

Ce fut Maître Rinpo qui engagea la conversation :

- Alors, Dame Alys, pouvez-vous maintenant me dire ce qui se passe pour que vous soyez si pressée de me voir choisir mon héritier ?

- Mon vieil ami, les nouvelles ne sont guère reluisantes. Nous avons découvert avec effroi, qu'une société secrète avait établi son quartier général en ville. Ils se font appeler les Conjurés. D'après nos sources, ceux-ci se baseraient sur d'antiques légendes, d'après lesquelles notre monde ne serait que le rêve d'un être divin. Il existerait ainsi, autant de mondes que de rêves.

Maître Rinpo lui adressa un regard entendu.

- Ils croient donc en l'existence de l'Intermonde ? Mais n'est-ce pas une philosophie réservée à la famille royale et à une poignée d'initiés

Alys hocha la tête.

- C'est bien cela le problème, Maître Rinpo. Tous les ouvrages sur l'Intermonde sont normalement consignés à la Bibliothèque Royale. Seul un nombre limité de personnes peut les consulter. Cela signifie donc...

- Qu'il y a un traître parmi nous au service des Immortels. Qui sont les partisans connus de ce mouvement ?

Alys soupira.

- Des membres de l'aristocratie. Nous avons arrêté le Comte Valor, alors qu'il tentait de dérober la pierre d'onirisme centrale d'Ulmia. Imaginez un peu la catastrophe s'il avait réussi, la ville toute entière aurait été privée d'énergie en plein cœur de l'hiver !

- J'imagine que cela a ravivé les débats au Sénat sur la place des pierres d'onirisme dans la vie d'U-Topos... Et sur la vôtre, ajouta Maître Rinpo.

- Vous voyez juste, mon vieil ami. Les forces de sécurité ont fait état de nombreux placards appelant à mon emprisonnement, au motif que comme mes prédécesseurs, l'éclosion de mes pouvoirs représenterait un danger pour notre monde. Nul doute que la Conjuration est derrière tout cela. Ils connaissent certainement la vraie nature des pierres d'onirisme, là où certains n'y voient qu'une puissante source d'énergie. Mon père n'en dort plus, le pauvre, lui qui est si âgé et si dévoué !

Elle s'interrompit quelques secondes, avant de poursuivre.

- Mais, il y a encore un espoir. Comme vous le savez, la Famille Royale a également un ensemble de traditions orales sur l'Intermonde, que nous sommes les seuls à détenir.

Les Chroniques de l'Intermonde I : La Lumière de l'EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant