Chapitre 37 • Chanson obsédante et Opportun

550 57 9
                                    

Toutes les révélations de ce livre m'avaient profondément choqué et je ne savais pas vraiment comment réagir. Je repérai alors le petit marque-pages glissé dans la couverture et le dépliais.

« -Sa peau est glacée

Il n'a pas de reflet

Son regard dangereux

Il n'est pas religieux

Ses yeux argentés

Son cœur s'est arrêté

Son teint livide

Il rôde toute la nuit

Il goûte à l'immortalité

En commettant des pêchés

Mais ne laissez pas vos enfants l'approcher

Il aura vite fait de les égorger.

Son ennemi juré

S'est une nuit changé

En une bête inhumaine

Velue, poilue obscène

Dans les bois les forêts

Et sous l'ombre des chênes

Ses longues dents acérées

Auront vite fait de vous démembrer

Ces deux implacables tueurs

Sont de redoutables prédateurs

Maudits par les célestes dieux

A tout jamais hideux

De par leurs actes immondes

Ou leur apparence sont

Voués pour l'éternité

A s'exécrer, se dépecer

Et s'entre-tuer. »

La chanson de mon souvenir, la chanson chantée par Simon avait donc une suite. Inconsciemment, je m'étais mise à fredonner l'air tout en imbibant mon esprit de ces paroles familières.

Je comprenais, les pièces du puzzle s'imbriquaient petit à petit. J'étais une vampire, j'avais des einförs qui m'étaient liés, j'avais perdu la mémoire en sauvant Peter, j'avais perdu mon grand amour, j'aidais Léo sur ses enquêtes, j'avais fait la guerre et vécu assez longtemps pour être une des vampires les plus puissante de la région.

Bon à présent il ne fallait pas traîner,il fallait braver l'interdit et résoudre une fois pour toute ces meurtres qui m'obnubilaient. J'avais un pressentiment, comme si résoudre cette affaire allait m'aider à résoudre l'énigme restante de ma vie.

J'enfilais une tenue plus décente que ma chemise de nuit, à savoir un jean bleu clair et un t-shirt à bretelles noir, ainsi qu'une veste en cuir argentée. Je maquillais mes yeux et ma bouche avant de dompter ma tignasse.

Je dérobais ensuite dans un placard du salon les clefs d'une moto et montais dessus. Je me sentais coupable de partir sans prévenir qui que ce soit mais si je le disais à mes einförs, ils voudraient sans nul doute m'accompagner et adieu ma couverture.

Bizarrement je savais comment conduire une moto, peut-être que mes vieux réflexes d'avant ma perte de mémoire étaient restés. Je n'y pensais pas plus pour me concentrer sur la route et arriver en un morceau au bar. Quel meilleur terrain de recherche que le « Crocsquand » ?

Après quelques secondes d'indécisions je rentrai tout en essayant au maximum, en le souhaitant très fort, de cacher mon odeur de vampire. Je commandais une bière au comptoir, je ne comptais pas boire trop d'alcool ou de sang pour rester lucide et ne pas me faire démasquer.

Je m'asseyais dans un coin et sirotais ma bouteille tout en observant minutieusement. Après une heure de recherches infructueuses, une bande de loups et bruyants entra dans le bar, ils m'énervaient alors je commençaient à râler dans ma barbe avant de me figer quand je reconnus deux d'entre eux.

Les deux louves au cerveau de moule de la dernière fois. J'affinais mon ouïe pour distinguer correctement leur conversation. Les deux pouffes se tenaient aux bras d'un loup musclé à l'aura dominatrice.

''-Freddy steuplait, t'avais dis ce soir !'' dit l'une de sa voix criarde. Elle prenait un ton bougon et je n'étais pas sûre de quoi elle parlait. Le Freddy en question lui répondit aussitôt d'un tonde reproche puis badin.

''-Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça, peu importe je te l'ai promis alors oui mais plus tard...''

Un autre loup à la mine sombre entra et les regards de la bande, comprenant les deux coquillages, leur rocher et trois autres loups, se tournèrent vers lui. Freddy prit la parole: ''-Et voilà la solution à notre problème les filles, Jerry content de te voir frangin !''

Jerry comme le Jerry Leroy qui traîne au Crocsquand et dont la petite amie est morte démembrée. Il avait un regard nerveux et zieutait de façon compulsive les clients du bar. ''-Je suis pressé Fred, alors magnes toi !

-Du calme mon ami on a tout notre temps, tiens tire une chaise et détends-toi.''

Cet ordre était sans appel et Jerry s'exécuta lentement.

''-Tu as ce que je t'ai commandé frangin ?, demanda Fred à voix basse.

-Oui.

-Bien.

-Je sors du bar et tu me rejoins dans la ruelle d'en face dans dix minutes.

-Ok. Mais dépêche toi, je le sens pas ce soir...

-Pourquoi ?

-Je nous sens observé...''

Tout en disant cela il balada ses yeux sur tout le monde autour de lui, son regard ne passa que furtivement sur moi, alors que je faisais semblant d'être intéressée par ma boisson. Quelqu'un vint s'asseoir en face de moi.        

Je remontais mon regard vers l'opportun mais mon activité cérébrale se stoppa pendant une micro-seconde. Ses cheveux blonds lui retombaient sur les yeux, des yeux bleus exquis, et son visage me rappelait vaguement quelqu'un.

Simon, il ressemblait à Simon, mais par certaines différences comme son nez plus allongé, son visage plus anguleux ou encore son grain de beauté sous l'œil droit, me confirmèrent que ce n'était pas lui.

''-Bonsoir, dit-il.

-Bonsoir...'' répondis-je avec hésitation.

J'étais troublée par lui et oubliais complètement Jerry et Freddy.

''-Je me demandais si tout allait bien ?

-Mmm oui, pourquoi ?

-Et bien c'est plutôt rare de voir une belle jeune fille comme vous seule ici.

-Vraiment ? J'attends seulement un ami...

-Depuis une heure ?

-...

-Cela fait un moment que je vous observe et je n'ai osé venir que maintenant.

-Oui, il est souvent en retard.

-Si c'est un homme quittez-le, on ne fait pas attendre une femme comme vous.

-C'est très flatteur de votre part, mais il faut que j'y aille, il ne viendra pas de toute façon.

-Attendez, ne partez pas, je ne voulez pas vous faire peur. Laissez moi vous offrir un verre pour vous remonter le moral et vous montrer un homme à votre hauteur. »

Et bien pour le manque de confiance en soit on repassera, je secouais la tête face à ce condescendant dragueur et me levais pour sortir. De toute manière il fallait que j'aille espionner Jerry et cet homme m'avais déjà fait perdre assez de temps comme cela.

Amnésie vampiriqueWhere stories live. Discover now