Les étoiles brilleront pour nous

"Fallen"

Je tombe, tombe et la chute paraît sans fin. Le vent s'acharne sur moi, me pousse en tous sens. Je suis baloté dans l'immensité du ciel. Au dessus de moi, plus rien, en dessous de moi, l'inconnu. Une force s'acharne sur mon corps, me tire sur les ailes, me fait mal. Le vent est trop fort, la vitesse trop grande, la douleur augmente de manière exponentielle, bientôt il ne reste plus qu'elle . De tout ce qui m'arrive c'est la seule chose dont j'ai la certitude. Je ne comprends rien à ce  qui m'arrive, ni pourquoi cela m'arrive. Par quel miracle ce fait-il que je me retrouve dans cette situation? Il ne doit d'ailleurs pas s'agir d'un miracle vu la gravité de cet événement. La Chute n'est réservé qu'à ceux d'entre nous qui ont commis la faute impardonnable et pourtant en sondant mes souvenirs je ne peux me rappeler si c'est mon cas. Je ne me souviens de rien et c'est très effrayant, je suis perdu, je ne sais pas où je suis ou ce qui m'arrive et la douleur est toujours aussi insupportable. Je me concentre dessus, essaye de la faire disparaitre, d'habitude ça marche, c'est comme ça que ça fonctionne, je fais taire mes sens et mes perceptions par un simple effort de volonté et pourtant aujourd'hui cet effort me semble impossible, un objectif qui ne peut être atteint, pour mon corps au bord de l'épuisement. Je ferme les yeux, préférant me soustraire au joug qui m'accable  et  qui me torture les membres. Je sombre peu à peu, me libérant de la conscience je me libère aussi de la douleur, un instant de répit avant l'impact.

Lorsque je me réveille enfin je suis sur une grande plage, sous le clair soleil du matin, il faisait nuit noire pendant ma Chute, une nuit sans lune, la douleur avait du me garder inconscient pendant longtemps. Pour l'instant la température est agréable,  juste avant que le soleil n'irradie ce bout de plage avec l'ardeur qui lui est propre dans l'après-midi. Ne comprenant pas très bien où je suis,  je me met a marcher au hasard le long du rivage à la limite entre la mer et le sable. Je marche un moment, peut être cinq minutes, ou peut être deux heures, je n'ai plus la notion du temps. Soudain  quelques chose  change sensiblement. J'ai la forte impression qu'on me tire vers l'arrière, qu'on me hèle, qu'on m'appelle, quand bien même je n'ai pas de nom mais sur le coup je sais que c'est moi que l'on cherche. Quelque chose de puissant m'oblige à faire marche arrière parce que je dois savoir, je dois connaitre. Je me retourne brusquement cherchant la source de ces appels incessants et presque lancinants. Je cherche quelqu'un, quelqu'un que je semble reconnaitre tout au fond de moi. C'est là que je la vois. On dirait une nymphe sorti des eaux. Grande, mince, athlétique dans un tout petit maillot deux pièces soulignant intelligemment les courbes de son corps. Son visage fin aux pommettes hautes est encadrés d'une longue chevelure brun clair qui doit sans nulle doute être blonde quand elle n'est pas mouillée.  Je suis subjuguée par tant de vénusté. Mais ce qui m'interpelle le plus se sont ses yeux, deux trop grands yeux bleus foncés comme une nuit sans étoiles -un bleu profond comme un puits sans fond, un bleu intense et mystérieux. Je l'admire toujours, finalement incapable de faire plus, alors que les appels sont toujours là, tambourinant dans mon crâne. Elle me voit aussi, bizarre normalement personne ne peut voir les anges. Je prends soudainement peur quand elle se met à courir dans ma direction et je lutte de toute mes forces pour la repousser et le dissuader de poursuivre son chemin. Elle ne doit pas me voir de plus près, je ne dois pas révéler mon existence sans motif valable et je n'en ai pas, aucun. Je continue de repousser cette force qui semble la pousser vers moi. Cela m'arrache le coeur car moi aussi je voudrais courir à sa rencontre. Ma tentative pour la repousser fonctionne, elle s'arrête perplexe puis fais demi tour quand quelqu'un la rejoint, elles se prennent la main et s'en vont au delà d'immenses rochers.

Contrairement à ce que j'aurais pensé je n'en suis pas soulagé. Je veux la connaître, apprendre qui elle est, en dépits de tous les dangers que cela pourrait représenter pour moi. Et pour elle. Car de tous les dangers, je suis le pire qu'elle puisse rencontrer. Je sais que c'est égoïste que de vouloir la connaitre mais peut-être que si je ne lui dis pas pour ma vraie nature, cela suffira pour la garder en vie, c'est un mensonge est je le sais mais je veux quand même tenté. Je suis prêt à tous pour elle maintenant. Cette attachement si soudain est une preuve qu'elle est spéciale, je viens à peine de la rencontrer et déjà elle m'obsède. Elle est d'autant plus spéciale qu'elle peut me voir.  Je veux absolument en découvrir plus a son propos et de ses yeux si envoûtant. Ses yeux  qui m'ont marqué à tout jamais.